XV de France : Les explications du nouvel entraîneur Fabien Galthié
Après avoir annoncé sa première liste de 42 joueurs pour le Tournoi des 6 Nations 2020, Fabien Galthié est revenu en longueur sur ses choix, sa méthode et ses ambitions pour le XV de France.
L’ère Fabien Galthié est bel et bien lancée. Le nouvel entraîneur du XV de France, accompagné par le manager des Bleus Raphaël Ibañez, a présenté ce mercredi à Marcoussis sa liste de 42 joueurs pour le Tournoi des 6 Nations 2020. Un groupe largement remanié avec pas moins de 19 joueurs n’ayant jamais porté le maillot frappé du coq jusqu’à maintenant. Si tous, mis à part Bernard Le Roux, n’ont pas encore 30 ans, l’idée d’un rajeunissement complet a été écartée par le nouveau patron des Bleus. « On n'a pas fait du jeunisme... On s'est concentré sur les forces en présence, sans faire un focus sur l'Angleterre. Il nous semble que nos choix sont le plus équilibré possible, a déclaré Fabien Galthié en conférence de presse, qui avoue sans problème que son groupe peut manquer d’expérience au niveau international. La moyenne d'âge est de 24 ans, On ne dépasse pas en moyenne les dix sélections par poste. On se rend compte qu'on n’est pas très élevé, mais c'est aussi l'évolution de ce groupe et de cette équipe de France. C'est une équipe jeune et inexpérimentée. » Mais si ce qui apparaît comme une nouvelle génération prend la main au sein du XV de France, Fabien Galthié l’assure, la porte n’est pas fermée pour les « anciens ». « Personne ne s'est éliminé... Il y a des joueurs qui ont annoncé leur arrêt de carrière. Personne ne nous a dit qu'il ne souhaitait pas venir, assure l’entraîneur des Bleus. Il y a eu des discussions très ouvertes que vous avez observées. Les joueurs étaient libres de faire les retours qui nous ont beaucoup apporté pour mettre en place notre cadre. Les plus expérimentés qui sont encore à notre disposition, on les a appelés et ils comprennent notre sélection. »
Galthié : « Il n'y a pas d'âge éliminatoire »
Pour enfoncer le clou, Fabien Galthié s’est appuyé sur un exemple concret pour expliquer sa manière de penser, tout en surfant avec malice sur l’actualité. « Il n'y a pas d'âge pivot. On a eu Maxime Médard ce matin au téléphone et on a choisi trois autres arrières. On a choisi des joueurs plus jeunes, mais il n'a pas été non-sélectionné à cause de son âge, assure le successeur de Jacques Brunel. C'est un ensemble de critères. Vous savez, au niveau international, après 30 ans, ce n'est pas simple. Il n'y a pas d'âge éliminatoire. » Pour composer ce groupe de 42 joueurs, qui sera sur le pont dès le 19 ou le 20 janvier prochain pour préparer le 6 Nations, le nouveau staff tricolore n’a pas hésité à échanger avec les joueurs et les entraîneurs, son apparition remarquée du côté de Brive récemment en a été la preuve. « Notre sélection est le fruit de notre travail depuis deux mois. On a rencontré tous les joueurs, on ne s'est pas limité, assure Fabien Galthié. On ne s'est rien interdit à travers les échanges avec des entraîneurs aussi. » Mais, si l’objectif à court terme reste le Tournoi, l’entraîneur tricolore n’oublie pas l’échéance majeure de son mandat, à l’automne 2023. « On a une vision à court terme avec le Tournoi et la tournée en Argentine cet été, puis sans oublier 2023 avec la Coupe du Monde. Il a fallu trouver un équilibre, ajoute Fabien Galthié. On a fait bouger toutes les semaines cette liste de 42 joueurs. Ce matin, elle a été finalisée et assez facile à trouver. »
Galthié : « Redevenir une grande équipe du rugby mondial »
Mais outre le choix des 42 joueurs, l’autre décision d’importance prise par le staff tricolore est la nomination d’un nouveau capitaine, tout du moins intérimaire pour la durée du Tournoi, pour prendre la suite de Guilhem Guirado. Si Jefferson Poirot, vice-capitaine sous Jacques Brunel, était en lice, Fabien Galthié a privilégié le profil du troisième-ligne toulonnais Charles Ollivon. Un choix qui, à en croire le nouvel entraîneur du XV de France, coule presque de source. « Pendant deux mois on s'est intéressé aux différents leaders car on avait besoin d'avoir des hommes forts et convaincus de notre projet, explique l’ancien entraîneur de... Toulon. On l'a choisi pour son parcours, un joueur brillant de Bayonne, Toulon et de l'équipe de France, touché par des pépins physiques, on est tous passés par ces moments-là. Il a réussi, avec l'aide des médecins, à revenir très fort. Son retour au premier plan, notamment à la Coupe du monde où il était réserviste, puis ses titularisations, puis son statut de leader ... Tout ça a démontré qu'il avait le potentiel d'assumer cette charge. » Un leader qui sera présent au sein d’un groupe qui va découvrir une autre manière de travailler, avec la communication et l’absence de surprise au cœur de la méthode Galthié. « On ne veut pas que les joueurs apprennent leur sélection à la radio, par un site internet ou les agents. On veut qu'il se projette et anticipe les semaines à venir, assure l’ancien demi de mêlée international. On leur a fait parvenir un questionnaire avec cinq questions puissantes, pour qu'il pense déjà aux entraînements, aux plans de jeu, aux rendez-vous à venir. On veut qu'ils soient le moins surpris possibles. Pour leur dire que ce n'est pas une sélection qui tombe du ciel, qu'ils ont prouvé leur dimension pour être appelé. On veut leur donner envie de partager cette mission, à savoir redevenir une grande équipe du rugby mondial. On veut travailler sur la contagion positive. C'est notre tâche, c'est parfois négligé et c'est essentiel. » Une nouvelle méthode et un nouveau groupe qui devront faire rapidement leurs preuves, le premier test étant face aux vice-champions du monde, le 2 février prochain au Stade de France.