XV de France : Fin de carrière internationale pour Jefferson Poirot
A 27 ans, le pilier de Bordeaux-Bègles Jefferson Poirot a confirmé la fin de sa carrière internationale dans un entretien accordé au quotidien L'Equipe.
Après la frustration, Jefferson Poirot a décidé de jeter l’éponge. Alors que, à la fin du mois de mai dans un entretien accordé à Midi Olympique, le pilier international français a confié que l’élimination du XV de France en quarts de finale de la dernière Coupe du Monde lui avait laissé un goût d’inachevé, les mois de réflexion et un dernier Tournoi des 6 Nations ont permis au joueur de Bordeaux-Bègles de prendre une décision forte. A seulement 27 ans, Jefferson Poirot a décidé de tourner le dos à la sélection et l’a annoncé dans un entretien accordé jeudi dernier au quotidien L’Equipe, qui l’a publié ce dimanche. « Ma décision d'arrêter l'équipe de France n'est pas un coup de tête. Elle a mûri depuis la fin de la Coupe du Monde. Le Mondial au Japon a été un moment magistral dans ma vie. Le mot est fort, mais il caractérise parfaitement ce que j'ai vécu, a confié le joueur aux 36 sélections sous le maillot bleu. Ça a été immense. Immense sportivement, immense humainement, immense émotionnellement. Quand la compétition s'est terminée, quelques minutes après le coup de sifflet final, j'ai ressenti un vide. »
Voir cette publication sur Instagram C'est l’heure pour moi de vous faire part de la décision difficile, que j’ai prise il y a quelques mois. Celle de prendre du recul vis à vis de ce graal qu’est l’Équipe de France, cette équipe merveilleuse qui fait tant rêver, qui est si dure à atteindre mais qui est, aussi, parfois éprouvante. Comme pour beaucoup de joueurs ayant eu la chance de la côtoyer, elle m’a constamment remplie de joie. Après 5 saisons à m’y investir, à participer à cette course contre la montre, j’ai décidé de prendre du recul, pour me consacrer pleinement à d’autres objectifs personnels. Cette décision me permettra de ne plus avoir la sensation d’être, à 50%, sur tous les fronts, et de me recentrer sur un objectif à 100%. L’objectif qui m’obsède de plus en plus de gagner des titres en club, de passer un cap dans ma carrière de joueur, et d’être un Papa à temps complet. Ceux qui ne me connaissent pas seront surpris, peut-être déçus, ceux qui me connaissent pourront comprendre. Mes proches me soutiennent, et cette décision a été murement réfléchie, en aucun cas elle n’est un coup de tête : c’est pour moi la bonne décision. L'homme debout, le père de famille, c’est celui qui prend les bonnes décisions, au bon moment, pour être le plus grand possible. Je souhaite remercier entraineurs, joueurs, bénévoles, dirigeants que j’ai eus l’honneur de croiser ces 5 dernières années en bleu, remercier l’ensemble des acteurs français de la coupe du monde 2019. Point culminant de ma carrière internationale, elle restera à vie gravée en moi. Je souhaite bonne chance à l’Équipe de France pour la suite, je suis persuadé que cette équipe a un avenir radieux. Cette génération exceptionnelle, les moyens mis en place par la fédération et l’encadrement sportif, c’est « la génération France 2023 » ! Je lui souhaite d’être la première Championne du Monde. Le rugby français le mérite, et je suis content d’avoir pu participer, humblement, à toutes les étapes qui lui permettront d’atteindre, je l’espère, ce magnifique objectif. Désormais cantonné au statut de supporter du XV de France, je vous aime ! 💙⚪❤ A bientôt. Jeff Poirot Une publication partagée par Jefferson Poirot (@jeff_poirot) le 7 Juin 2020 à 7 :16 PDT
Poirot : « Je n’avais plus la même motivation »
Vice-capitaine du XV de France sous Jacques Brunel, Jefferson Poirot a été un élément moteur du groupe France durant la préparation et la compétition. S’il confirme avoir songé à faire comme Guilhem Guirado ou Sébastien Vahaamahina et à mettre un terme à sa carrière internationale dès l’élimination face au pays de Galles, le Girondin a préféré prendre un peu plus de temps de réflexion. « Les quatre années que je venais de vivre ont été très éprouvantes, j'avais fait de nombreux sacrifices et j'avais comme l'impression que j'aurais du mal à me projeter sur les quatre années suivantes, ajoute Jefferson Poirot. Je sentais que je n'avais plus la même motivation. Tout de suite, je pense à mettre fin à ma carrière internationale. » Cette réflexion longue de plusieurs mois et un Tournoi des 6 Nations durant lequel il a perdu sa place de titulaire au bénéfice de Cyril Baille ont achevé de le convaincre que le moment était venu. « Au final, je sens que ma motivation n'est pas au maximum. Je me suis toujours promis de venir en équipe de France à 100 %, de ne pas mentir, assure Jefferson Poirot. Les Bleus, c'est le Graal. Je ne veux pas y aller juste pour prendre ma cape et ma prime. »
Poirot ne ferme pas totalement la porte
S’il assure que la Coupe du Monde 2023 en France qui se profile n’est pas entrée en ligne de compte, les choix de Fabien Galthié, dont celui de nommer Charles Ollivon au capitanat, ont pesé. « Je comptais sur ces responsabilités pour me remotiver. Je voulais me persuader que c'était possible, confie Jefferson Poirot. C'était sans doute une façade. Au moins, j'ai vécu ce Tournoi et je suis au clair envers moi-même. » La fin de sa carrière internationale signifie que le pilier international va pouvoir se consacrer intégralement à son club, Bordeaux-Bègles, et l’ambition est clairement au rendez-vous. « Je veux gagner un titre. Avant, c'était une envie, aujourd'hui, c'est devenu une obsession, tonne Jefferson Poirot. Et ça explique aussi pourquoi je veux me concentrer à 100 % sur mon club. » Leader du Top 14 avec l’UBB avant la fin abrupte de la saison, l’ancien pilier du XV de France devra poursuivre sur la lancée d’une saison intéressante avant, pourquoi pas, de revenir en Bleu. « Peut-être que ça va me manquer et peut-être que je reviendrai sur ma décision comme d'autres sportifs avant moi, ajoute l’ancien joueur de Brive. Mais aujourd'hui, je ne veux pas y aller pour de mauvaises raisons. » Une dernière phrase qui devrait être bien entendue du côté de Marcoussis par Fabien Galthié.