NFL : Une draft qui fera date
Du virtuel, des quarterbacks et des receveurs dans tous les coins, et même le chien de Bill Belichick... Marc-Angelo Soumah revient une dernière fois sur la draft 2020.
La draft de la semaine dernière a été la plus suivie de tous les temps, ce qui n’est finalement pas une surprise en ces temps de confinement. « Les premières, dans les années 40, c’était un peu comme ça, mais ça se faisait au téléphone », rappelle Marc-Angelo Soumah, qui estime que la NFL a réussi son pari du virtuel : « On a retrouvé les jalons, comme Roger Goodell qui se fait huer (sourire). » Et puis est apparu Bill Belichick, ou plutôt… son chien, lorsque c’était le tour des Patriots : « Le travail est si bien fait qu’il peut aller boire un verre ! Soit il est le seul à savoir que Jarrett Stidham sera le successeur de Tom Brady, soit il accumule les tours de draft pour récupérer son prochain quarterback sur dix ans, celui qui sera n°1 en 2021 : Trevor Lawrence, le joueur de Clemson. »
D’autres, à cause de ce format inhabituel, n’ont pu cacher leur stratégie hasardeuse. Comme Bill O’Brien, particulièrement nerveux à Houston en validant un pick à la dernière seconde : « Il est à la fois coach et manager général. La majorité des franchises ont plusieurs plans. Lui, s’il connaît un petit couac, c’est principalement dû au fait qu’il porte les deux casquettes… » Et qu’il ne peut ainsi se reposer sur personne d’autre. Pas certain, donc, que ce soit lui qui ait le mieux maîtrisé les trois aspects déterminants d’une draft, que nous rappelle notre consultant : « Le recrutement des agents libres, celui des joueurs non draftés, et bien sûr la draft en elle-même. »
Miami a pris un risque avec Tagovailoa Sur ce dernier point, Marc-Angelo Soumah rappelle l’exemple parfait des 20 dernières années : « Il faut accepter 40% de déchet minimum. Avec beaucoup de tours, on multiplie les chances. Mais c’est souvent lié au salaire. Souvent, le quarterback a un énorme contrat et bouffe la majorité du ‘salary cap’. Aux Patriots, Tom Brady a longtemps accepté de baisser son salaire, restant simplement dans le top 10, afin d’avoir plus de latitude pour recruter d’autres joueurs autour de lui. C’est extrêmement rare. » Dans l’immédiat, et encore loin de toutes ces certitudes, cinq franchises ont monopolisé les attentions lors de cette draft 2020 et sa formidable cuvée de quarterbacks.
D’abord Miami et Tua Tagovailoa : « C’était l’ancien pick n°1. Blessé la saison dernière, il est redescendu n°5, mais Miami prend quand même le risque. S’il est vraiment guéri, c’est une superbe opération. » Cincinnati, bien sûr, qui a assuré avec Joe Burrow en n°1 : « Il vient de l’Ohio, c’est le mariage parfait, comme LeBron James à Cleveland. Ils ont enfin compris qu’ils avaient une chance inespérée de récupérer un joueur aussi bon, il peut changer la destinée de la franchise. Et en plus, il vient de chez eux ! » Les Los Angeles Chargers devraient quant à eux donner plus de temps à Justin Herbert : « Son leadership et sa lecture restent à développer. » Ça, c’était pour les choix attendus. Mais il y a eu deux décisions étonnantes.
A commencer par Green Bay : « En récupérant Jordan Love, ils peuvent énerver Aaron Rodgers, qui a un gros contrat pour les deux ou trois années à venir. Mais les Packers ne peuvent pas être otages de leur quarterback, il faut préparer l’avenir. » Enfin, Philadelphie s’est à peu près comporté de la même façon : « Carson Wentz est titulaire et jeune, 27 ans, il vient de signer un gros contrat. Alors, pourquoi aller chercher Jalen Hurts au deuxième tour ? Parce que Wentz se blesse beaucoup. A part sa première saison, il n’a jamais fini. Il était remplaçant lors de leur victoire en 2017. Il faut donc un bon n°2, pas un joueur de 40 ans qui n’est pas du tout prêt à finir un match de playoffs, comme ça a été le cas l’an dernier. Ce choix a énormément de sens. »
Notre ancien joueur NFL s’est aussi régalé de la cuvée de receveurs, dont la multitude de styles a étalé selon lui les choix prometteurs jusqu’au troisième tour : « Des super rapides, des puissants, des vifs qui évitent plus de défenseurs, en étant plus scientifiques sur leurs courses… Tout le monde s’est fait plaisir. Avec aussi une belle salve de tackles pour bloquer, cette draft confirme que la NFL est de plus en plus tournée vers la passe. » Désormais, y’a plus qu’à.