NBA - Toronto Raptors : Pascal Siakam, au nom du père et du MIP
Auteur de 44 points mercredi avec Toronto, Pascal Siakam est en course pour le titre de MIP. Le rêve éveillé se poursuit pour le Camerounais, qui garde toujours son père dans ses pensées.
#Jelefaispourtoi (#doingitforyou). C’est avec ce hashtag que Pascal Siakam conclut la majeure partie de ses tweets. Le « toi » en question n’est autre que son père, Tchamo Siakam, décédé en 2014 dans un accident de voiture alors qu’il n’était encore qu’à l’université. Depuis cette tragédie, toutes les prouesses qu’il réalise, les étapes qu’il franchit, les points qu’il inscrit, le Camerounais les dédie à son père. Son énorme performance de mercredi soir face aux Wizards, 44 points (à 15/25 au tir) et 10 rebonds en 33 minutes, n’a pas dérogé à la coutume. « J’aurais juste aimé que mon père soit là pour voir ça. J’imagine qu’il aurait été fier de moi. » Après une pointe à 20 unités l’an dernier, l’ailier de 24 ans vient de battre pour la 7ème fois son record de points en carrière, en explosant sa dernière marque (33).
Les Wizards balayés par l'ouragan Siakam :
Considéré par bon nombre d’observateurs comme le Raptor le plus régulier depuis le début de la saison, Siakam est devenu la 3ème arme offensive de Toronto derrière Kawhi Leonard et Kyle Lowry. A chaque fois ou presque que Kawhi, gêné par un genou mercredi, était absent, « Spicy P » a pris le relais au niveau scoring. La franchise du Grand Nord a ainsi remporté 13 des 16 matchs disputés sans l’ancien Spur. Preuve de l’importance prise par le natif de Douala, dont l’évolution est vertigineuse. Elevé dans la capitale du Cameroun et scolarisé dans une école catholique de 11 à 18 ans, il n’a débuté - timidement - le basket qu’à 15 ans. Une trajectoire à la Joel Embiid qui l’a vu rejoindre les Etats-Unis sur le tard, lui qui pensait dans un premier temps à des études de commerce.
Trois saisons, trois ambiances
Alors que son grand-frère, Boris, lui avait emboîté le pas mais n’avait pas « passé le cut » de l’université, Pascal Siakam a impressionné en NCAA du côté de New Mexico State. Avant d’être drafté en 27ème position lors de la Draft 2016 par des Raptors qui n’ont cessé de le surveiller durant son cursus universitaire. Après une saison rookie plutôt discrète malgré 38 titularisations (4,2pts en 15,6min en moyenne), il est petit à petit devenu la principale arme du banc canadien l’an passé (7,3pts en 20,7min) avec l’un de ses mentors pour l’épauler, Serge Ibaka. Avant donc de devenir un membre incontesté du cinq majeur de Nick Nurse (57 titularisations en 58 matchs pour 16,1pt et 7rbds), un coach heureux de pouvoir posséder un joueur avec une telle énergie.
Capable de défendre aussi bien sur des ailiers forts que sur des meneurs, Siakam, qui allie physique, vitesse et mental d’acier, est considéré comme l’un des meilleurs défenseurs au périmètre avec Paul George. Si ses contre-attaques ont déjà ébloui les Top 10 avec des dunks aériens (Victor Oladipo peut regretter d’ailleurs d’avoir tenté d’en arrêter une…), le n°43 a également progressé au niveau de son shoot (55,1% cette saison), notamment à longue distance (14,3% en 2016-17, 22% en 17-18 et 34,1% cette saison), même s’il n’est pas encore une énorme menace de loin. Et si Toronto a le deuxième meilleur bilan de la Ligue (43 victoires comme Milwaukee) devant notamment Golden State (41 succès), il le doit en partie à l’émergence de son Camerounais, qui était dans la discussion pour participer au All-Star Game.
Mais pas de week-end à Charlotte pour lui et une pointe de déception. « Prenez-le comme vous le voulez mais j’aurais bien aimé aller à Charlotte », n’a-t-il pas caché après le succès face aux Wizards. « S’il continue à jouer comme ça, il sera All-Star en 2020 », a assuré Scott Brooks, le coach de Washington. Pas de Match des Etoiles mais peut-être une très belle récompense à la fin de la saison : le titre de joueur ayant le plus progressé (MIP). Le voilà désormais favori pour succéder à Oladipo et devenir le premier joueur africain à l’obtenir. Buddy Hield, Nikola Vucevic, D’Angelo Russell ou encore Clint Capela vont avoir du mal à faire face à l’ouragan Siakam. Une bénédiction pour Toronto qui possède un argument de poids en plus pour convaincre Kawhi Leonard de rester après l’été…