Natation / Fantine Lesaffre : "Une idée de tatouage par semaine !"
Non, il n'y a pas que la natation dans la vie de Fantine Lesaffre. La championne d'Europe du 400m 4 nages évoque avec passion pour beinsports.com son deuxième amour : les tatouages.
Fantine Lesaffre, combien de tatouages avez-vous ?
J’ai le bras complet. J’ai une grosse pièce sur la cuisse, une autre sur les côtes et j’en ai un sur le pied. Et là, en juin, j’ai bientôt rendez-vous pour commencer mon deuxième bras.
Comment cette passion est-elle venue ?
Cela vient de ma mère qui est tatouée et percée de la tête aux pieds. Elle a beaucoup de tatouages colorés. Pendant toute mon enfance, j’étais avec elle dans les shops de tatouage. J’ai baigné dans cet univers, notamment dans les bouquins pour me tenir au courant de ce que les tatoueurs proposaient. Lorsque ma mère se faisait tatouer, je restais dans la salle d’attente et je regardais avec passion les photos. J’ai toujours été très impressionnée et j’ai voulu mon premier tatouage à l’âge de 10 ans. Bien sûr je ne pouvais pas (sourire). Cette envie de me faire tatouer, je l’ai depuis toujours ou presque. Tout le monde dit que lorsque l’on fait son premier tatouage, cela devient une addiction et on n’arrive plus à s’arrêter : c’est exactement ce qu’il s’est passé. J’ai des idées pour tout le corps et je ne sais pas quand je vais m’arrêter !
Quand avez-vous pu faire votre premier tatouage ?
Je l’ai eu quand j’avais 16 ans. C’est un lézard que j’ai sur le pied. Mes parents ont accepté que je le fasse parce que c’était une idée que j’avais en commun avec mes sœurs. On l’a fait en même temps et on a toutes un petit lézard sur le pied, cela représente ce qu’il nous lie.
View this post on Instagram A post shared by Lesaffre Fantine (@fantinelesaffre) on Jan 5, 2020 at 11:49am PST
Avez-vous déjà reçu quelques critiques par rapport à l’exposition de vos tatouages ?
Ah ça, j’en entends tous les jours. Déjà mon papa était un peu réticent pour mon premier tatouage mais il a accepté car j’étais avec mes sœurs. Ça n’était pas sur un coup de tête donc il s’est dit qu’on n’allait pas le regretter. Après, j’ai enchaîné sur tout le reste. Mais oui, tous les jours, j’entends des « Mais tu n’as pas peur de paraître trop dure ? Quand tu arriveras au travail plus tard, qu’est-ce que les gens vont penser ? » On a toujours les mêmes préjugés qui reviennent encore et encore. Ce que je fais, je le fais pour moi. Je ne suis pas vraiment là pour plaire aux autres. Je sais très bien que je ne travaillerai pas dans un bureau plus tard. En plus, je peux les cacher ! Je n’en ai pas au cou ou au visage, j’ai quand même certaines limites (rires). Il n’y a rien de trash ou qui pourrait choquer. On arrive quand même à m’accepter (sourire).
Pouvez-vous nous détailler vos tatouages ?
Mon premier, c’était le lézard. Après, j’ai enchaîné avec un gros Phénix que j’ai sur les côtes. Il représente mon enfance et ma mère biologique. J’ai ensuite fait mon bras en trois fois car c’était un peu long. Ce sont des dessins qui m’ont plu, très féminins, très épurés. Dedans, j’ai rajouté les anneaux des Jeux Olympiques. Cet été, je me suis fait la grosse pièce que j’ai sur la cuisse. C’est une tête de Valkyrie, une guerrière viking. Ça représente la féminité et le pouvoir de la femme. Ça me tenait à cœur car je suis féministe à mon petit niveau. J’essaie de montrer que la femme est égale à l’homme à ma façon. Le dessin vient d’un tatoueur dont je suis fan, Trudy Muller et on l’a retouché avec mon tatoueur. Et mes derniers tatouages, une petite rose sur la main, un petit éclair sur le poignet droit et un petit « Girl Power » sur le poignet gauche. Je les ai faits à Las Vegas en décembre dernier lors de la finale de l’International Swimming League. On était dans le « mood » de la compétition et je me suis fait notamment l’éclair avec des amis de l’équipe Energy Standard. On était vraiment dans l’esprit Vegas, dans la fête, l’Amérique, tout ça… On voulait marquer le coup et garder des souvenirs de cette grosse compétition qui était inédite.
Chaque nouveau tatouage est-il lié à une grosse victoire dans les bassins ?
Ça n’est pas lié à la victoire. Dès que j’ai du temps, je fonce directement me faire tatouer. C’est vrai que lorsque j’ai fait mon Phénix, c’est quand j’ai eu ma première qualif en équipe de France donc je me suis dit que j’allais me récompenser. Mais tout le reste, c’était plus réfléchi.
Le fait que le tatouage se démocratise de plus en plus vous fait-il plaisir ? Ou préfériez-vous appartenir à une sorte d’"élite"?
Que les gens s’y intéressent de plus en plus, oui ça me fait plaisir. Peut-être qu’on se sent un peu moins seuls. Voir des tatouages sur d’autres personnes, ça me fascine toujours donc je suis contente que ça se développe un peu. Je passe ma vie sur les comptes de tatoueurs. Mes potes en ont marre car toutes les semaines ou presque, je reviens avec une nouvelle idée. Là, je vais me faire tatouer en juin et j’ai déjà réfléchi au suivant : j’ai un ami qui veut devenir tatoueur et il m’a dessiné un petit truc à mon effigie. Cela représente une femme avec tous mes tatouages sur le bras. Je suis folle rien que d’y penser. C’est ce que ce j’aime le plus en dehors de la natation.
La France est-il un pays réputé dans le monde du tatouage ?
On a des bons tatoueurs. Celui qui m’a fait ma Valkyrie sur la cuisse est très connu, il a gagné plusieurs prix. Tous les autres tatoueurs que je suis viennent des Etats-Unis ou des Pays-Bas. Trudy Muller vient d’Espagne. Je pense qu’il y a meilleur que nous mais on ne se débrouille pas si mal quand même.
Voyez-vous votre corps comme une œuvre d’art en quelque sorte ?
Oui, c’est exactement ça. Ça permet d’exprimer ce que j’aime, ce que je ressens, ce que je suis. Quand les gens apprennent à me connaître, ils disent que mes tatouages me représentent vraiment. Les pièces que j’ai sur le bras n’ont pas une signification particulière mais le dessin en lui-même représente qui je suis. Et ils me rendent unique d’une certaine façon !
Quand vous avez un petit coup de mou, le fait de regarder vos tatouage vous permet-il de retrouver le moral ?
Le Phénix représente ce que j’ai pu vivre dans mon enfance donc quand je le vois, ça me montre tout le chemin parcouru jusque-là. Aujourd’hui, j’accepte tout ce qu’il m’est arrivé et j’en fais une force pour le futur. Cela permet de me remémorer beaucoup de souvenirs et de comprendre comment je suis arrivée à être nageuse de haut niveau et championne d’Europe. C’est grâce à mon passé que j’en suis là aujourd’hui et mes tatouages me le rappellent. C’est peut-être un peu cul-cul de dire ça comme ça. Les personnes qui sont tatouées des pieds à la tête ont forcément des tatouages qui représentent qu’ils sont et ça nous permet de nous rappeler qui on est et où on va.
Arrivez-vous à convaincre vos amis de vous suivre dans votre passion ?
Tout à fait, il y a une tatoueuse que je suis sur Antibes qui va me tatouer bientôt, je l’adore, et elle fait des sessions flash. Elle tatoue toute la journée de toutes petites pièces à un prix bas. Tout ce qu’elle gagne dans la journée, elle le donne à une association qui défend la cause animale. J’en ai parlé à mes amis et j’ai réussi à les convaincre de participer à la prochaine session. J’ai persuadé 6 potes ! On va chacun avoir une petite partie en commun pour nous lier tous ensemble. Juste avec mon sourire et mon enthousiasme, j’y suis arrivée !
Et si vous dessiniez un jour votre propre tatouage ?
Humm j’aimerais beaucoup le faire mais je suis vraiment catastrophique, je dessine comme les maternelles, c’est horrible ce que je fais, même les trucs les plus simples, c’est une catastrophe (rires). Par exemple, les bonhommes, je les fais encore en bâtons…