Charlotte Bonnet fait doublement l’actualité. La nageuse de 28 ans, après avoir quitté son entraîneur de longue date Fabrice Pellerin à Nice pour rejoindre Philippe Lucas à Martigues en 2021, tente de se réinventer. Fini le crawl, place à la brasse pour la championne d’Europe 2018 du 200m nage libre. Avec une certaine réussite puisqu'elle s’est illustrée le week-end dernier en battant un record vieux de douze ans. Une réussite conjuguée à un engagement écologique puisqu’en partenariat avec la MAIF, elle a participé avec son club, à l’occasion de Journée de l’Eau le 22 mars, à une action de sensibilisation à la préservation de l’eau.
Vous avez participé à une après-midi de dépollution mercredi sur une plage de Martigues, près de votre lieu d’entraînement. C’est la première fois que vous participiez à un tel évènement ? Qu’est-ce que cela vous a inspiré ?
J’avais déjà participé à une action de ramassage de déchets mais c’est la première fois qu’un club de natation s’associe, avec la MAIF, à une telle démarche. La journée était divisée en deux parties, avec le matin un échange pour être sensibilisé sur le réchauffement climatique et la transition écologique. Et l’après-midi, nous avons, le long de l’Etang de Berre, ramasser des déchets. Le constat est un peu inquiétant : énormément de pollution, des bouteilles en plastique et en verre, vraiment de tout.
Ce week-end, lors du Giant Open à Saint-Germain-en-Laye, vous avez créé une petite sensation en battant le record de France du 100 m brasse (1’7’76) qui datait de 2011, alors que vous n’êtes pas familière de cette nage. Vous vous attendiez à réaliser une telle performance ?
J’avais ce chrono en tête. Je m’entraîne pour ça mais je ne m’attendais pas à le décrocher pendant cette période de l’année. Les résultats ont été satisfaisants mais je ne m’étais pas préparée à faire un record de France ici donc je suis très contente.
Avoir stoppé le crawl, c’est une idée qui est venue de vous ou s’agit-il d’une concertation globale avec votre entraîneur Philipe Lucas ?
C’est venu avec Philippe parce que je pensais être arrivée au bout de quelque chose, surtout mentalement. Je ressentais un état de saturation. J’ai eu l’opportunité de m’exprimer en brasse pendant un relai lors des Championnats d’Europe l’été dernier. Cela m’a donné des idées et j’ai la chance de pouvoir être assez polyvalente.
Techniquement, la brasse est une nage très difficile à maîtriser, encore plus quand on n’est pas une spécialiste. A l’entraînement, qu’est-ce que ça change ?
Je ne m’entraîne pas uniquement en brasse, mes séries ne sont pas axées sur cela mais j’en fais deux-trois fois dans la semaine. J’ai une nage assez atypique et physiquement, j’aurais des douleurs aux genoux et aux adducteurs si je forçais trop. Désormais, j’axe mon entraînement sur le 4 nages et cela me fait du bien.
Après votre record, dans une interview pour L’Equipe, vous disiez avoir sur cette nage « beaucoup de retard » par rapports aux autres filles. Votre chrono est loin des meilleurs temps mondiaux mais concrètement, où se situe ce retard et comment le combler ?
Il y a encore quelques mois, je n’avais jamais travaillé cette nage donc le retard, il est naturel surtout face aux autres qui sont de vraies spécialistes depuis plusieurs années. Je ne pars pas de zéro mais pas loin ! Donc il y a du travail pour les rattraper. L’objectif, c’est de grappiller des centièmes, des dixièmes voire des secondes et de se rapprocher au maximum des meilleures.
L’objectif, c’est de nager uniquement sur brasse aux Jeux Olympiques de 2024 à Paris ? Ou simplement d’être un atout sur le relai 4 nages et d’envisager aussi de concourir sur 100 m ou 200 m nage libre ?
Je n’ai pas la réponse à cette question aujourd’hui. Je travaille sur le 4 nages et la brasse et on verra où cela me mène. Je ne veux me fermer aucune porte. Je me laisse porter et j’ai envie de fonctionner au plaisir. Je ne veux surtout pas me forcer ou même exiger quelque chose en particulier. C’est un sport assez difficile comme ça, j’ai fait beaucoup de sacrifices ces dernières années donc maintenant, je souhaite que la notion de plaisir reprenne le dessus. A 28 ans, c’est important. Si les résultats sont bons, tant mieux, si ce n’est pas le cas, j’aurai au moins la satisfaction de prendre du plaisir dans l’eau.