Ligue 1 : au PSG, les "Titis" restent en couveuse
Contraint par son effectif pléthorique et la pression du résultat, le Paris SG laisse peu de temps de jeu aux joueurs issus de sa formation, une situation qui risque de se répéter à Saint-Etienne.
Cette affiche sera estampillée "Ligue des talents", l'ancien slogan du Championnat de France, mais les stars de demain "made in L1" porteront plutôt un maillot vert. Les prometteurs Etienne Green (21 ans), Zaydou Youssouf (22 ans), Saïdou Sow (19 ans), Lucas Gourna-Douath (18 ans), Aïmen Moueffek (20 ans) ou Adil Aouchiche (19 ans, un ancien du PSG) ont rafraîchi ces derniers mois la vénérable institution forézienne. Aujourd'hui, l'ASSE dispose du troisième effectif le plus jeune des cinq grands pays d'Europe (moyenne de 24,74 ans), derrière Monaco (24,31) et le Bayer Leverkusen (24,64), selon les données de l'observatoire du football CIES.
Tout l'inverse du PSG, qui figure sur le podium des équipes les plus âgées de Ligue 1 (27,61 ans), malgré Kylian Mbappé (22 ans), Gianluigi Donnarumma (22 ans) ou Nuno Mendes (19 ans). A l'exception d'Eric Junior Dina-Ebimbe (21 ans, 2 titularisations cette saison en L1), les opportunités sont rares pour la nouvelle génération de "Titis" du centre de formation, pour jouer aux côtés de Lionel Messi ou Neymar, en dépit de performances remarquées en Youth League, la Ligue des champions des moins de 19 ans.
Simons, promesse en salle d'attente
Dernier exemple en date : la victoire des jeunes pousses parisiennes sur le terrain de leurs homologues de Manchester City (3-1), mercredi. Mais, des cadres de cette formation entraînée par Zoumana Camara, aucun n'a joué en L1 cette saison, à commencer par Xavi Simons et Edouard Michut. Le premier, 18 ans, est arrivé en 2019 au PSG en provenance du FC Barcelone, auréolé de la réputation de futur superstar, alimentée par sa popularité sur les réseaux sociaux (3,7 millions d'abonnés sur Instagram). Il n'a joué qu'une poignée de minutes en Ligue 1 avec les professionnels, à Strasbourg (4-1) en avril 2021, en plus d'une douzaine en Coupe de France à Caen (L2, 1-0) deux mois plus tôt.
Michut, international U19 avec l'équipe de France, a connu une entrée en jeu, à Dijon (4-0) en L1 en février 2021. Sa seule apparition dans l'équipe A. "Il y a une explication : on a 33 joueurs professionels dans l'effectif", a expliqué l'entraîneur Mauricio Pochettino, début novembre en conférence de presse. "Le poste auquel Simons joue (milieu offensif, NDLR) est peut-être celui où il y a le plus de concurrence. Les jeunes joueurs ont besoin d'espace pour se montrer, et nous n'en avons pas à lui en donner pour le moment", a poursuivi l'Argentin.
"Frustration"
"Ce n'est pas de leur faute, mais plutôt un problème au niveau de notre structure et de la façon dont nous avons organisé l'équipe première. Nous pensons qu'il est parfois mieux pour eux de jouer avec leur équipe, pour ne pas vivre la frustration" de ne pas jouer avec les A, a détaillé le technicien. Plutôt être heureux avec les U19, que de cirer le banc avec les pros : la philosophie de "Poche" s'est pliée aux contraintes de son effectif XXL, et à un environnement sous pression qui lui interdit le moindre faux pas. La suppression de l'équipe réserve, en 2019, est une autre pierre dans le jardin des "Titis", puisque cela suppose des occasions en moins de jouer.
"Aujourd'hui, on a des joueurs comme Michut, Xavi Simons, El Chadaille (Bitshiabu), qui sont très proches de l'équipe professionnelle. Et ils vont avoir l'opportunité, c'est quelque chose de très important", déclarait en février le directeur sportif Leonardo à la radio France Bleu Paris. Dix mois plus tard, les intéressés attendent toujours leur tour. Et le souvenir de "Titis" qui ont quitté le club pour trouver du temps de jeu se fait de plus en plus vivace, comme l'ont fait Tanguy Kouassi (Bayern) ou Aouchiche, parti... à Saint-Etienne.