Jimmy Briand a encore un rôle à jouer avec Bordeaux
Plus vraiment dans les plans des Girondins de Bordeaux, le vétéran Jimmy Briand, 36 ans, a joué les jokers de luxe inattendus lors du succès renversant face à Reims (3-2) avec un doublé salvateur.
Depuis un an, il était bloqué à 100 buts tout pile en L1, un plafond qui classe un attaquant - seuls Kylian Mbappé (112) et Wissam Ben Yedder (107) le devancent parmi les joueurs de L1 en activité - seuil qu'il avait mis huit mois, période de pandémie du printemps 2020 incluse, à atteindre. Un joli cadeau de fin de carrière, a-t-on pensé sur le moment. D'autant que derrière, l'entraîneur d'alors Jean-Louis Gasset ne lui a plus laissé que des miettes alors que son club, rejoint en 2018, s'engluait dans la crise.
L'arrivée à la tête des Girondins du nouveau patron Gerard Lopez cet été n'a pas changé l'horizon de Briand. S'il a bien été titulaire lors de la journée inaugurale face à Clermont (0-2), c'est parce que le nouvel entraîneur Vladimir Petkovic ne pouvait pas faire autrement: aucune recrue offensive ne s'était alors engagée et le Sud-Coréen Hwang Ui-Jo vivait son rêve olympique à Tokyo. Professionnel consciencieux aux conseils précieux, bosseur acharné ne revendiquant rien, l'ancien Rennais était depuis sorti du banc trois fois - 30 petites minutes cumulées de jeu - avec pour objectif d'apporter son sens du but, bien connu à Rennes (33 buts), Lyon (22 buts) ou Guingamp (30 buts).
Le scénario s'est donc répété face à Reims qui menait au score (0-2) lorsque Petkovic a misé sur lui plutôt que sur la dernière recrue Mbaye Niang, pas encore prêt pour redevenir footballeur. "Jimmy a mérité d'avoir cette opportunité de jouer. Je regarde les entraînements et tout le monde peut avoir sa chance", a rappelé après coup l'ex-sélectionneur suisse.
Moins rapide, toujours aussi juste
Ce choix est intervenu après la prise de parole de Briand dans le vestiaire à la mi-temps où, impliqué, "il nous a dit qu'on ne devait pas lâcher", a expliqué le milieu Yacine Adli. Il a surtout coïncidé avec le début de la rébellion girondine matérialisée par la réduction du score d'Adli à la suite d'un centre dévié de... Briand. Avec les années, l'international (5 sélections) de 36 ans a certes perdu en vitesse et vivacité, mais pas sa vision et sa justesse technique. La preuve, sur ce coup franc excentré de Samuel Kalu, il a su se démarquer et ajuster une reprise du plat du pied placée hors de portée du gardien champenois Predrag Rajkovic (2-2), devenant ainsi le premier joueur de L1 à inscrire au moins un but lors de 17 saisons différentes au XXIe siècle.
Et que dire de l'action finale ! Certes, il n'est pas impliqué initialement sur la frappe de Kalu dans la surface déviée de la main par Wout Faes, mais sur la sentence, il a su se montrer présent. Âme de cette équipe en reconstruction, Adli (21 ans) lui a alors confié le ballon de la gagne, l'a enlacé et embrassé son crâne à l'instar de Laurent Blanc avec Fabien Barthez. Briand, lui, n'a pas tremblé sur le penalty, répondant à l'appel "comme un homme, un grand (...), a souri Adli. Que dire d'autre à part bravo Jimmy !"
En attendant le retour de Hwang (déchirure d'un ischio) prévue après la trêve internationale qui le reléguera surement dans la hiérarchie des attaquants bordelais, Briand a encore une ou deux cartouches à tirer. Et pourquoi pas face à Paris, une de ses victimes historiques préférées (6 buts inscrits en L1) ?