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Patrick Guillou nous raconte... ses sketchs parodiques (et son entraînement en slip)
Toute la semaine, nos consultants beIN SPORTS football nous relatent une anecdote de leur carrière. Patrick Guillou se souvient notamment de ses talents d'acteur sur des cassettes de sketchs.
« A Rennes en 1993-94, puis à Saint-Etienne en 1998-99, j’ai fait deux films parodiques toute la saison sur des cassettes VHS, avec des caméras portatives. C’était avec Olivier Dall’Oglio à Rennes, puis avec Julien Sablé et Marc Zanotti à l’ASSE. On parodiait les coéquipiers, le coach, les dirigeants, on essayait de faire ressortir un gros trait ou une histoire du vestiaire, tout au long de l’année c’était notre fil rouge. Et à chaque journée de championnat, on ajoutait les buts et le score des matchs. On a toujours fait ça avec énormément de respect et d’humour, d’autodérision aussi. C’était du troisième ou quatrième degré. Chaque joueur avait sa copie.
C’était une façon de s’adresser au groupe, il y avait des joueurs préférentiels, on trouvait à chaque fois quelque chose. Pour Jean-Luc Vasseur, par exemple, on disait que c’était normal qu’il signe au PSG puisqu’il multipliait son salaire par quatre (sourire). Dès quelqu’un sortait un truc qui faisait mouche dans le vestiaire, il y avait l’effet boule de neige ! Ce sont des souvenirs forts de ces années de montée, car ça passe très vite. Dall’Oglio, qui avait déjà fait les Beaux-Arts, avait utilisé un poster des irréductibles Gaulois au village, comme chez Albert Uderzo, et il y avait les têtes des joueurs à la place d’Astérix et compagnie…
A Saint-Etienne, j’étais déjà plus dans l’écriture, plus rentre-dedans. Le coach Robert Nouzaret, un personnage fort qu’on appelait notre Lino Ventura, avait ce côté vraiment adjudant-chef qui tape du poing sur la table. Un matin, je suis allé dans son bureau et je lui ai dit qu’on n’allait pas s’entraîner, mais regarder le film. Je lui ai assuré que ça allait nous ressouder dans la cohésion de groupe. Ça a duré deux heures… Tous les potes s’en rappellent, ça fait des souvenirs à jamais. Il faut sentir comment le groupe réagit. A Saint-Etienne, on poussait toujours plus loin la provocation, désormais ce serait impensable avec les réseaux sociaux.
On n’était jamais dans la méchanceté ou pour se sentir supérieur, on était plusieurs petits groupes mais le samedi soir, on était tous ensemble, pour le match et pour faire la fête après. On avait un pacte invisible très fort. Il nous arrivait de perdre un match à Saint-Etienne et de prendre un train à 18h pour tous monter à Paris, d’abord pour manger dans un restaurant branché, puis pour finir en boîte de nuit jusqu’à six heures du matin et rentrer avec le premier train. On demandait au coach de décaler l’entraînement, on arrivait le mardi et ça se savait. Car à l’aller, on privatisait un wagon et on se rentrait dedans pour se dire les vérités. Notre but commun, c’était la montée. Personne n’était susceptible, c’était pour le bien de l’équipe.
J’étais très chasse et pêche, très nature. J’allais aux champignons avec Yann Synaeghel, le fils de Christian. Au bout d’un kilomètre dans le bois, on tombe sur des cartons abandonnés de cassettes de films X, Brigitte Lahaie etc. On a ramené ça aux jeunes du centre de formation, on s’est dit qu’ils allaient être contents. Et puis, ça a fait partie d’une de nos parodies par rapport à un de nos coéquipiers, qui était accro pendant les mises au vert. Bon, ça a jeté un peu d’huile sur le feu dans son couple (sourire). On avait parodié aussi le président délégué Gérard Soler, en mode 'La vérité si je mens', et le président Alain Bompard n’avait pas compris pourquoi on le dépeignait comme ça. Il ne l’imaginait pas ainsi ! C’est juste que Gérard Soler défendait toujours les intérêts du club (sourire).
A Sochaux, il n’y a pas eu de VHS, mais Mickaël Isabey écrivait toutes mes conneries sur un calepin. C’est vrai, je me suis entraîné un jour en slip. J’étais le maître du tacle glissé, j’y allais à l’allemande, je mettais des brins comme en match ! Mais l’été, je n’avais plus de peau sur la cuisse. Donc je m’entraînais en bermuda et pas en short. Sauf qu’un jour, l’intendant me dit que mon bermuda n’est pas sec, on s’embrouille. Donc je vais m’entraîner en slip, je fais les 800 mètres dans Sochaux en slip, sur la rue qui sépare Bonal des terrains d’entraînement – où on passe devant Peugeot, notamment. Jean Fernandez s’est énervé, j’ai expliqué… Quinze minutes après, l’intendant m’a ramené mon bermuda. »