Walide Khyar : « Prouver à la Fédération que c’est sur moi qu’il faut miser »
Walide Khyar (24 ans) disputera ce week-end le Grand Slam de Paris-Bercy dans la catégorie des -60kg, avec l’espoir de briller afin de se rapprocher un peu plus d’une qualification pour les Jeux
Walide Khyar, comment allez-vous à quelques jours du Grand Slam de Paris-Bercy et comment avez-vous préparé ce rendez-vous ?
Ça va très bien. Je suis parti en stage en Italie et en Autriche. J’ai travaillé. Maintenant que je suis qualifiable pour les Jeux Olympiques, que je suis dans les points, j’ai plus de temps pour m’entraîner. J’ai toujours cette pression, elle est toujours là, mais c’est une bonne pression. Pour le moment, l’objectif c’est Paris, Paris, Paris ! C’est le plus beau tournoi du monde, on a tous envie de briller à Paris. Ça fait trois ans que je n’ai pas fait ce tournoi en plus.
Vous êtes plus serein maintenant que vous êtes qualifiable pour les JO ?
Je ne suis pas totalement serein, car on est plusieurs dans la catégorie (Walide Khyar est 22eme du classement et Luka Mkheidze 23eme, ndlr), mais j’ai confiance. Aujourd’hui, maintenant que je suis qualifiable, l’objectif c’est d’être dans les huit premiers pour être tête de série aux Jeux Olympiques. Dans un premier temps, je veux prouver à la Fédération et au staff national que c’est sur moi qu’il faut miser et pas un autre, et ensuite être dans les huit. Il n’y a pas de secret, près de 80% des podiums, que ce soit chez les garçons ou les filles, ce sont des judokas qui sont dans les huit. Je ne dis pas que ce sont des tirages plus faciles, car même si on n’est pas dans les huit, on est forts, et j’espère que j’en suis l’exemple. Mais c’est plus intéressant d’être dans les huit, on saute un tour, on peut éviter certaines personnes avant les quarts de finale.
La concurrence est-elle seine avec Luka Mkheidze, qui sera à Bercy également ?
Oui, c’est très sain, c’est super. Ça reste un sport et il ne faut pas oublier les valeurs de ce sport. C’est quelqu’un de très gentil, de respectueux, et je pense que moi aussi. On s’entend très bien mais la concurrence est là, et on ne va pas se faire de cadeaux, c’est sûr.
Khyar : « On a envie d’être la personne sélectionnée, celle qui va au bout des choses "
Le judo est un sport cruel, avec seulement un qualifié pour les JO par catégorie…
C’est vrai, mais il y a sept catégories de poids et c’est ce qui fait la beauté de ce sport. Il y a énormément de tournois, de combattants, mais au final il y a très peu de personnes aux Jeux Olympiques. C’est ce qui motive. On a envie d’être cette personne-là, la personne sélectionnée, celle qui va au bout des choses. C’est ça qui est bon dans ce sport. Il y aussi une compétition par équipes, et je n’y participe pas, car il n’y a que trois catégories chez les garçons et trois chez les filles. C’est frustrant même si je commence à m’y habituer un peu. Peut-être que ça changera plus tard… En plus, en toute objectivité, la catégorie des 60kg est une belle catégorie, il y a du beau judo, ça va dans tous les tous les sens, c’est dommage qu’elle ne soit pas dans la compétition par équipes.
Comment avez-vous vécu les derniers Mondiaux de Tokyo, où vous avez été éliminé en huitièmes de finale ?
Je prends le Japonais trois fois champion du monde en huitièmes (Naohisa Takato, ndlr). Le combat s’est passé comme il s’est passé, c’est dommage. Ça aurait pu se passer autrement, ça aurait pu être une très belle journée pour moi…
Mais cela s’est mieux passé à Abu Dhabi fin octobre lors de votre dernière compétition, avec une deuxième place. De quoi vous donner confiance pour 2020 !
Oui, j’ai battu les médaillés d’argent et de bronze des JO de Rio (le Kazakh Smetov et l’Ouzbek Urozboev, ndlr). Ça donne confiance pour la suite car c’est un très gros tournoi. Après, en toute modestie, je suis quelqu’un qui a confiance en lui. C’est vrai que ça rajoute plus de confiance, ça fait plaisir. Mais ça reste un tournoi et j’essaie de garder la tête sur les épaules, j’espère les battre en championnats, c’est ça le plus important.
Khyar : « A Rio, j’avais envie de gagner, mais là c’est 100 fois plus »
Avec le recul, quel souvenir gardez-vous des JO de Rio, où vous avez été éliminé au deuxième tour alors que vous étiez champion d’Europe en titre ?
Sur le coup, énormément de frustration, car je perds à la dernière seconde alors que je menais le combat. Mais c’est une expérience incroyable. J’ai déjà vécu les Jeux et aujourd’hui j’ai envie de les gagner. A Rio aussi j’avais envie de gagner, mais là c’est 100 fois plus. Je suis plus mature, j’ai pris énormément d’expérience, j’ai beaucoup appris de mes erreurs, de mes défaites.
Comment situez-vous votre niveau aujourd’hui par rapport à 2016 ?
Je suis plus mature. Je suis plus intelligent sur les combats. Il y a toujours cette prise de risques, parce que c’est moi, c’est Walide, il y a toujours cette pris de risques. Cette folie est toujours là, mais je la canalise et je l’utilise au bon moment.
Votre blessure aux adducteurs n’est plus qu’un mauvais souvenir ?
Ça va mieux. C’est vrai que je l’ai traînée pendant presque deux ans. Ça m’a fait perdre énormément de temps, mais cette blessure aussi m’a beaucoup appris, à écouter mon corps, à m’écouter moi-même, à réfléchir plus intelligemment.