Plus de temps à perdre pour Romane Dicko
Romane Dicko va participer au Grand Slam de Paris ce week-end. Championne d'Europe à 18 ans, la judokate revient dans la course olympique après deux graves blessures. Portrait d'une combattante qui
A seulement 20 ans, Romane Dicko commence presque une deuxième carrière. Après avoir été un exemple de précocité, la Française est engagée dans une course contre la montre. Championne d'Europe en 2018 à seulement 18 ans, elle avait fait les gros titres. Les comparaisons avec Teddy Riner, qui avait gagné son premier titre continental au même âge, fleurissaient. Sauf que la +78kg n'a pas eu le temps de faire fructifier les espoirs placés en elle. La faute à deux graves blessures. Une épaule d'abord. Puis un genou. Un véritable coup dur pour celle qui avait déjà fait sensation en remportant son premier titre national senior avant même d'avoir sa ceinture noire. « Je sortais d'un titre aux championnats d'Europe, j'avais déjà les Monde en tête mais là j'ai l'épaule qui craque, il n'y avait pas le choix, il fallait opérer. Quand je pensais être prête avec l'épaule, c'est le genou qui a pété. C'était reparti pour huit mois » analyse-t-elle à une semaine de participer au Grand Slam de Paris. Elle relativise désormais. « C'était peut-être un mal pour un bien. J'ai pu travailler différemment pendant ma blessure. J'ai fait un travail de renforcement que je n'avais pas pu forcément faire auparavant. J'ai pu combler certaines lacunes » explique celle qui s'amuse encore de son jeune âge au moment où elle a percé. La native de Clamart l'avoue, elle était peut-être allée trop vite. « Quand je gagne le titre européen, j'étais encore un bébé. Le corps n'était peut-être pas prêt et il a dit stop. »
Dicko : « Je vais me battre comme une folle pour être qualifiable »
Désormais, il est question « de relancer la machine. » Après un an et demi passé loin des tatamis, Romane Dicko est de retour. Elle a effectué sa rentrée à l'automne lors des championnats de France et du Grand Slam d'Osaka. Deux compétitions qui se sont terminées par deux contre-performances. Mais l'objectif était ailleurs. « Pour mes deux premières compétitions, je n'étais pas au top mais j'avais besoin de reprendre du rythme. La compétition ce n'est pas la même chose. Même si ce n'est que pour faire un seul tour, il faut se mettre dans l'ambiance de la compétition. Il y a un retard de deux ans à rattraper. » La combattante de 20 ans doit courir après le temps perdu pour espérer voir Tokyo. La phase de qualification aux Jeux olympiques a commencé le 1er juin 2018. Quelques jours après sa blessure. C'est donc sans le moindre point qu'elle a fait son retour sur les tapis fin 2019. Et celle qui brille dans la catégorie des lourdes par sa mobilité et son engagement est désormais sur la ligne de départ d'un véritable sprint. Pour participer aux JO, la sociétaire de Blanc-Mesnil doit intégrer le top 20 et prendre le meilleur sur ses deux rivales nationales : Julia Tolofua et Anne-Fatoumata M'Baïro. « Cette concurrence est belle. Je suis content de participer à cette course avec ces deux filles. Depuis un an et demi, elles font des podiums qui comptent. De mon côté, je vais devoir faire le maximum de compétitions car chaque combat gagné va apporter des points qui peuvent faire la différence. » Une mission difficile mais pas impossible. « Je crois en mon rêve olympique. Je vais me battre comme une folle pour être qualifiable et on fera les comptes à la fin mai » affirme-t-elle. Son combat est donc contre les meilleures judokates du Monde mais aussi contre le temps.
Une victoire en Israël pour bien commencer l'année
C'est parce qu'elle n'a pas de temps à perdre que Romane Dicko a avancé sa rentrée. Dès la mi-janvier, elle a combattu au Grand Prix de Tel-Aviv. Une compétition qu'elle a remportée. Les 400 points qui sont venus avec la médaille d'or lui ont permis de faire un bond au classement. Désormais dans le top 40 mondial, elle est de retour dans la course. Un cap qui fait du bien d'un point de vue comptable mais aussi dans la tête. « Ça fait du bien mentalement car j'entre enfin dans la course olympique. » Surtout, la numéro 3 française a pu voir où elle en est au niveau de ses temps de passage. Sur la route de son titre israélien, elle a notamment battu la Néerlandaise Tessie Savelkouls, la numéro 11 mondiale. « Elle venait de gagner le Masters, c'était une grosse cliente. Cette victoire me permet de me positionner par rapport à la concurrence. C'est très positif car ce genre de combats me donne des repères. » confirme la judokate. Un moyen de bien mieux gérer son retour. Et de s'offrir le premier titre de sa deuxième carrière.