Agbegnenou : « Répéter pour être prête le jour J »
Clarisse Agbegnenou participe ce samedi au Grand Slam de Paris. La judokate, quadruple championne du Monde des -63kg, aura là l'occasion de se tester à quelques mois des Jeux olympiques de Tokyo. Av
Clarisse Agbegnenou, comment abordez-vous ce Paris Grand Slam ?
Je l'aborde bien, comme d'habitude. Ça fait beaucoup de fois que j'y participe, je ne vais pas dire que ça devient comme un championnat de France où on s'habitue et tout va bien, mais j'ai plutôt hâte d'y être parce que c'est une belle compétition et que l'ambiance sera belle.
Comment se construit une année olympique ?
Je pense que ça se fait par étapes. Ce tournoi de Paris, c'est le début d'année, je dois voir si je me prépare correctement, si tout se passe bien, si les sensations sont là et voir ce qui doit être travaillé. C'est l'occasion de se jauger et faire le point sur ce qui a été fait et ce qui est à faire.
Paris, c'est une répétition avant le grand jour ?
Exactement, c'est comme les danseuses qui font les répétitions pour être parfaites le jour J. Moi j'ai encore le droit à mes petites erreurs. Une répétition ça sert à tomber, à essayer, à peaufiner. Alors je compte sur ce tournoi pour peaufiner et être prête le jour J.
Quel sera le programme de votre saison ?
Je n'ai pas prévu énormément de compétitions pour le moment. J'ai prévu de participer à Paris et aux championnats d'Europe (en mai, ndlr)
C'est parce que vous n'avez pas besoin de vous confronter plus à l'adversité ?
Ce n'est pas une question de confrontations mais d'entraînements. J'ai envie de m'entraîner. Quand on sort en compétition, on s'entraîne un peu moins, on réduit les séances pour être en forme au tournoi. Je pense privilégier les entraînements où je peux essayer des choses et les faire pleinement. Après ça, on verra par étapes, je vais peut-être en faire plus, peut-être moins, c'est en fonction des sensations, il n'y a rien de définitif.
Agbegnenou : « Je ne suis pas surhumaine »
Vous restez sur une défaite en finale du Masters, comment avez-vous digéré ce petit rappel à l'ordre ?
Je ne dirais pas que c'est un rappel à l'ordre. Je savais à quoi m'en tenir, ce n'est pas facile de combattre dans la fatigue. Je ne suis pas une surhumaine. Aller en Chine, en fin d'année pour un Masters à 32 combattantes, c'est très dur. Je ne m'attendais pas à faire des miracles. J'étais contente de ma compétition, je suis allée au bout. Je n'attends pas la victoire à chaque fois, parfois c'est bien de juste voir si je peux encore progresser. Pour moi ce n'est pas un échec, j'ai pu voir jusqu'où je peux aller malgré la fatigue et les difficultés physiques.
Rester invaincue aurait pu vous mettre un surplus de pression, voyez-vous cette défaite comme un mal pour un bien ou vous reste-t-elle encore en travers de la gorge ?
Non, elle est digérée car rester invaincue n'est pas mon objectif prioritaire. Après, si c'était arrivé aux Jeux olympiques, ça n'aurait pas été pareil, je l'aurais vomi (rires). Là c'est différent, il faut accepter qu'à un moment donné, il y a eu une fille meilleure que soi sur un tournoi (la Japonaise Nami Nabekura, ndlr). Je ne sais même pas si elle va faire les Jeux alors ce n'est pas très grave. Et même si elle y participe, qu'elle prenne un peu de galon et on remettra les pendules à l'heure derrière. Franchement, ça fait du bien, je me sens bien. Ça fait toujours du bien de tomber pour repartir de l'avant. C'est dans ce contexte qu'on progresse.
Dans le staff, il se dit que vous devez être championne olympique. Comment le vivez-vous ?
Ce n'est pas de la pression, c'est une envie. Vu les médailles que j'ai, la seule qui me manque, c'est celle-là. Je ne veux pas être prétentieuse et dire que je dois l'avoir parce que je suis meilleure que les autres mais j'aurai plus envie que tout le monde de l'avoir. Je m'entraînerai à fond et je vais tout faire pour l'avoir et bien clôturer cette belle olympiade.
Etre porte-drapeau, c'est toujours votre volonté ?
Encore une fois, je ne veux pas avoir l'air d'être prétentieuse mais j'aimerais bien emmener la délégation française au plus haut et lui montrer la voie. Gagner pour la nation et emmener tous les autres athlètes vers la victoire et les plus belles médailles, ça serait vraiment beau. J'ai envie d'être un exemple.
N.K., à l'INSEP