Saison 2019 : Les trophées de la rédaction
Découvrez le meilleur comme le pire de la saison 2019 de Formule 1 avec les Trophées de la rédaction, décernés à l'issue du Grand Prix d'Abu Dhabi, dernière manche du championnat.
La course de l’année : Un Grand Prix d’Allemagne incroyable
Comme très souvent en Formule 1, ajoutez de la pluie au scenario d’un Grand Prix et vous aurez droit à une course folle ! Si le Grand Prix du Brésil, avec son podium le plus jeune de l’histoire de la discipline, était un candidat tout aussi désigné pour ce Trophée, le Grand Prix d’Allemagne et son scénario abracadabrantesque a fait la différence. La pluie n’a cessé d’aller et venir sur la piste allemande, qui ne sera pas au calendrier de la saison 2020, imposant aux pilotes et écuries un véritable jeu d’équilibriste pour tirer le maximum des conditions de course. Un petit jeu auquel Charles Leclerc, Nico Hulkenberg, Lewis Hamilton ou encore Valtteri Bottas, qui ont tous deux manqué la célébration des 120 ans d’implication de Mercedes en sport automobile, se sont avérés les perdants contrairement à Max Verstappen. Le Néerlandais, malgré un tête-à-queue, s’est montré le plus fort devant un Sebastian Vettel revenu de nulle part. Parti dernier après avoir été dans l’incapacité de participer aux qualifications la veille, l’Allemand a profité de ce scénario absolument fou pour remonter jusqu’au deuxième rang devant... Daniil Kvyat, qui a alors offert à la Scuderia Toro Rosso le deuxième podium de son histoire mais pas le dernier de la saison. Le Russe a profité de l’occasion pour signer son deuxième podium en F1 après celui obtenu lors du Grand Prix de Chine 2016 quelques semaines avant sa rétrogradation chez Toro Rosso pour faire place à… Max Verstappen.
Le « Most Valuable Driver » de l’année : Lewis Hamilton au sommet de son art
Hamilton au presque-parfait en 2019 ! Sacré champion du monde à deux Grands Prix de la fin de la saison, le sixième titre du pilote britannique a très rapidement été une évidence. Face à une Scuderia Ferrari absente en début de saison et une écurie Red Bull Racing qui a mis du temps avant de prendre la mesure de sa monoplace et du moteur Honda, avec réussite, les Flèches d’Argent ont rapidement pris le large avec six victoires lors des huit premières courses pour le désormais sextuple champion du monde. Les erreurs venant du numéro 44 ont été trop rares tout au long de la saison (de la méforme habituelle de Mercedes en Autriche à l’accrochage avec Alexander Albon au Brésil, dont il a immédiatement pris la responsabilité avant d’être logiquement sanctionné par les commissaires de la FIA, en passant par une course à oublier en Allemagne) pour l’empêcher de s’imposer. Son seul véritable rival aura été son « lieutenant » Valtteri Bottas qui au su saisir les opportunités qui se sont présentées à lui pour exister mais de manière trop sporadique pour éviter ce qui est vite devenu inévitable. Au terme de cette saison, les chiffres parlent pour Lewis Hamilton. Le Britannique a, en effet, été le seul pilote à avoir parcouru tous les tours possibles cette saison, il a remporté 11 des 21 Grands Prix et, en course, a toujours été bien placé avec seulement 24 boucles passées hors du Top 5 en piste cette saison. Une saison qu’il a terminée en donnant une implacable leçon à ses rivaux lors du Grand Prix d’Abu Dhabi.
La révélation de l’année : Lando Norris, élève studieux
C’est auréolé d’une deuxième place en Formule 2 lors de la saison 2018 derrière George Russell, titularisé chez Williams, que Lando Norris a débarqué en Formule 1 dans une écurie McLaren en plein renouveau. Si Carlos Sainz Jr a offert à l’écurie de Woking son moment de gloire avec son premier podium en cinq ans lors du Grand Prix du Brésil, c’est bien le rookie britannique qui a démontré tout le bien qu’on pouvait penser de lui à l’occasion de sa première saison dans la discipline-reine du sport automobile. Le natif de Bristol a, en effet, brillé par sa régularité avec onze arrivées dans les points en 21 Grands Prix et une sixième place à Bahreïn et en Autriche comme meilleur résultat. Des résultats qui lui ont permis de conclure cette saison 2019 à la onzième place du classement pilotes, à seulement trois longueurs de Sergio Pérez et cinq de Daniel Ricciardo. Devenu un personnage du paddock avec son franc-parler et sa joie de vivre débordante, Lando Norris a confirmé que sa place en F1 n’était en rien due au hasard, lui qui était couvé par McLaren depuis plusieurs années. Aidé par un châssis de l’écurie de Woking dont le niveau de performance n’a cessé de progresser au fil de la saison, faisant oublier une saison 2018 plus que difficile, le Britannique a donné des gages quant à l’avenir et, si McLaren négocie bien le virage de la réglementation 2021 et le retour du moteur Mercedes à la même échéance, il pourrait sans aucun doute viser plus haut.
Le Français de l’année : Pierre Gasly, le miraculé
Si on devait s’arrêter sur la première moitié de la saison, Pierre Gasly n’aurait pas pu ambitionner d’être le Français de l’année, il n’y aurait d'ailleurs sans doute pas eu de Trophée à remettre dans cette catégorie. Quand Romain Grosjean a été plombé par une Haas qui n’a jamais évolué dans le bon sens, le pilote Red Bull Racing a flanché face au poids d’une promotion arrivée à la hâte à la suite du départ surprise de Daniel Ricciardo vers Renault. En permanence tancé par Christian Horner et l’intransigeant Helmut Marko lors d’un début de saison gâché par des accidents lors des essais de pré-saison, le Rouennais a craqué sous la pression et n’a jamais pu donner sa pleine mesure. Dans l’ombre d’un Max Verstappen autour de qui tout tourne, le Français a été écarté après douze courses pour céder la place à Alexander Albon, pas forcément plus convaincant avec la Toro Rosso lors du début de saison mais qui a pour lui d’être Thaïlandais, ce qui résonne toujours bien dans le groupe Red Bull. Mais plutôt que de se morfondre, Pierre Gasly a vu dans ce retour à Faenza une occasion de se refaire un moral et, opportuniste comme jamais lors du Grand Prix du Brésil, il est allé chercher au prix d’un duel épique face à Lewis Hamilton, déclassé par la suite, la deuxième place, son meilleur résultat en F1 et le premier podium tricolore depuis Romain Grosjean lors du Grand Prix de Belgique 2015. Confirmé chez Toro Rosso, qui s’appellera AlphaTauri en 2020, le Français aura l’occasion de montrer à ses dirigeants qu’il faudra toujours compter sur lui à l’avenir.
Le moment fort de l’année : Leclerc vainqueur à Spa en mémoire d’Anthoine Hubert
Si la Formule 1 a parfois connu le meilleur cette saison, avec des batailles épiques en piste, elle a surtout connu le pire à Spa-Francorchamps. Etoile montante du sport automobile français, champion de GP3 en 2018, Anthoine Hubert a été fauché en pleine ascension à la suite d’un terrible accident au sommet du Raidillon de l’Eau Rouge, percuté par l’infortuné pilote américain Juan Manuel Correa, qui se remet lentement des très graves blessures dont il a été victime dans le choc. Un drame qui a marqué le paddock de la F1 et notamment ses amis proches. C’est sans doute ce supplément d’âme qui a poussé Charles Leclerc le lendemain. Le Monégasque, parti de la pole position, a fait mieux que résister à la charge de Lewis Hamilton pour aller chercher sa première victoire en Formule 1, la première pour un natif de la Principauté. Une victoire qu’il a immédiatement dédiée à son ami au moment de saluer son équipe Ferrari par la radio. « Ma première victoire en F1. Celle-là est pour Anthoine, a déclaré à la radio Charles Leclerc après avoir passé la ligne d’arrivée. C’est bon mais, ouais, c’est difficile de la savourer dans un tel week-end. » Le temps de la célébration n’était pas venu à Spa-Francorchamps au vu de la tragédie mais, une semaine plus tard, la fête a été au rendez-vous à Monza, sur les terres de Ferrari pour la deuxième victoire du Monégasque.
La communication radio de l’année : Bottas vindicatif en Australie
« A qui de droit : Allez vous faire f... ! » C’est ainsi que Valtteri Bottas, au terme d’un Grand Prix d’Australie qu’il a copieusement dominé, a salué ses détracteurs. Celui qui, maladroitement, avait été présenté comme le « lieutenant » de Lewis Hamilton par Toto Wolff à l’issue du Grand Prix de Hongrie 2018, n’a pas trouvé meilleure formule pour envoyer un message à ceux qui n’ont cessé de le critiquer à l’issue de la saison passée, où il a dû se plier aux ordres de l’écurie Mercedes pour favoriser son leader. Des ordres auxquels il n’a cessé d’obtempérer dans une loyauté qui lui a permis de garder son baquet en 2019 mais également en 2020, poussant Esteban Ocon vers Renault après avoir passé une année sur le banc de touche, lui qui a été écarté chez Racing Point pour céder la place au fils du nouveau patron, Lance Stroll. Face à ces critiques, Valtteri Bottas a profité d’une course parfaite à Melbourne, au cours de laquelle il a pris le meilleur sur Lewis Hamilton dès le premier virage avant de s’enfuir pour s’imposer avec 21 secondes d’avance sur son coéquipier. Un début de saison en fanfare, dans tous les sens du terme, qui n’a pas été suivi d’effet. « Si je suis honnête, la liste est plutôt longue. Je suis convaincu que les personnes visées le savent, a déclaré Valtteri Bottas quand il est revenu sur cette saillie verbale. C’est venu comme ça, je voulais juste leur adresser mes meilleures salutations. » Un message qui a dû être bien reçu.
Le dépassement de l’année : Le coup de roue victorieux de Verstappen en Autriche
A la suite du décès de Charlie Whiting avant le Grand Prix d’Australie, la FIA a nommé Michael Masi directeur de course de la F1 en lieu et place de l’historique figure britannique. Et ce dernier a mis en pratique une philosophie bien différente de celle dictée par son prédécesseur depuis de nombreuses années, celle du « laissez-les faire la course ». Autrement dit, le moindre contact ne serait plus nécessairement sanctionné d’une pénalité, ce qui a vu le retour du drapeau noir et blanc, synonyme de « carton jaune » pour les pilotes. Ce changement a été plus ou moins bien compris par les pilotes et c’est Max Verstappen qui a été le premier à en tirer parti. Sur les terres de son employeur, au Red Bull Ring, le Néerlandais a su jouer des coudes face à un Charles Leclerc solide leader du Grand Prix d’Autriche mais en difficulté avec des pneus usés bien plus rapidement par sa Ferrari. A trois tours de l’arrivée et après une première tentative manquée au tour précédent, le pilote Red Bull Racing s’est glissé à l’intérieur du virage 3 pour forcer le passage au prix d’un coup de roues qui a poussé le Monégasque hors de la piste. Une manœuvre du Néerlandais qui a rappelé celle entre Nico Rosberg et Lewis Hamilton au même virage en 2016 et qui aurait pu être sanctionnée par les commissaires de la FIA. Mais, après des heures de palabres, il n’en a rien été, contraignant Charles Leclerc à attendre le Grand Prix de Belgique pour signer sa première victoire en F1.
La déception de l’année : Ferrari a trop souvent eu tout faux
Williams et son maigre point venu couronner une saison manquée, Haas et sa VF-19 bien née mais au développement manqué auraient pu prétendre à ce Trophée si peu convoité. Mais, quasiment du début à la fin de la saison 2019, Ferrari a été dans l’erreur et a déçu. En plus d’une monoplace trop souvent à la rue en course par manque d’efficacité aérodynamique et de maniabilité dans les portions sinueuses, les dirigeants de la Scuderia n’ont jamais réellement su canaliser la rivalité entre « l’ancien » Sebastian Vettel et le « jeune loup » Charles Leclerc. A cela se sont ajoutées bien trop d’erreurs à tous les niveaux pour espérer faire mieux que trois victoires. Débutée par une désillusion à Melbourne, cette saison 2019 aurait pu se terminer par une disqualification à Abu Dhabi en raison d’une erreur administrative. La rivalité entre les deux pilotes de l’écurie de Maranello a été toujours plus intense et son paroxysme a été ce Grand Prix du Brésil. Une course à oublier pour les fans de la Scuderia durant laquelle, pour la première fois dans son histoire, ils ont vu les deux pilotes de l’écurie s’accrocher pour ensuite abandonner. Jugé trop tendre, Mattia Binotto a manqué sa première saison comme patron de la Scuderia en décidant de ne pas décider entre ses deux pilotes pour désigner un numéro 1 et un numéro 2, ce que Ferrari a toujours fait pour être performante. Des leçons qui devront être tirées pour l’avenir, surtout si la rumeur d’une arrivée de Lewis Hamilton en 2021 prend du poids.
Le mauvais coup de l’année : Racing Point pas fair-play avec Renault
En Formule 1, il y a historiquement deux manières de régler les soucis liés à l’application ou à l’interprétation de la réglementation technique. Il y a la façon douce notamment utilisée par Red Bull Racing cette saison afin d’alerter la FIA face à ses doutes concernant moteur Ferrari qui pourrait être illégal. Et il y a la façon dure. C’est la voie que Racing Point, dans l’espoir fou de rattraper Renault au classement constructeurs, a suivie lors du Grand Prix du Japon. Alors que l’écurie française avait récolté neuf points, la formation rachetée l’an passé par un conglomérat dirigé par Lawrence Stroll n’a pas hésité à porter réclamation contre Renault mettant en avant l’utilisation d’un système permettant de régler automatiquement la répartition de freinage en fonction de la distance parcourue. Un tel système est utilisé par l’écurie d’Enstone depuis de nombreuses années, Romain Grosjean ne l’a pas caché à la suite de l’éclatement de l’affaire. Mais, grâce à des informations divulguées par un ancien employé de la formation française, ce n’est qu’à un moment où ça pouvait lui être favorable dans la lutte pour la cinquième place que la réclamation est venue. La FIA a finalement statué en faveur de Racing Point, arguant du fait que ce système est dans l’esprit du règlement technique mais viole le principe inscrit dans le règlement sportif qui interdit les aides au pilotage. Une dénonciation loin d’être fair-play qui a été finalement vaine car Renault a bien fini la saison cinquième quand Racing Point a pris la septième place du classement constructeurs.