Didier Deschamps, qu'est ce qui a fait la différence: le talent individuel, la lucidité, la force de caractère ?

C'est un peu tout. Tout le monde a des matches difficiles. C'était une équipe de Croatie qui a de la qualité. On aurait dû logiquement, après ce qu'on a fait sur le début de match, mener plus largement au score. On a donné quelque munitions aussi par des erreurs en deuxième mi-temps, après ils ont poussé beaucoup plus. Il y a la force de caractère, le fait que les joueurs soient compétiteurs. Avec beaucoup de changements ce soir dans le onze de départ, j'ai peut-être ce luxe-là sans que pour autant le niveau collectif baisse. Je suis très fier de ce qu'ont réalisé les joueurs. Cette équipe croate a de la qualité, avec ce public derrière elle nous a poussés mais dans ce rapport de force, on a réussi à les battre. Il y a eu des moments où ils étaient mieux mais globalement on a bien maîtrisé. On a toujours cette efficacité, quand il faut se serrer les coudes et défendre, tout le monde s'y met.

Qu'est-ce que change la présence d'un public plus nombreux qu'habituellement ?

Quand je dois repositionner les joueurs ils ont du mal à m'entendre. Je préfère avoir une ambiance, même si ce n'est pas nos supporters. C'est ça le foot. Aujourd'hui on doit se contenter de ce qu'on a. Tant mieux pour les Croates. C'est le foot, on joue aussi dans des stades vides, même si ça remplacera jamais le public, qui donne de l'émotion.

Êtes-vous satisfait de l'animation offensive, trois jours après les difficultés face au Portugal ?

Elle a été plus fluide, plus intéressante, par rapport à ce que nous ont proposé les Croates. Il y avait beaucoup de mobilité, Anthony (Martial) et Kylian (Mbappé) ont utilisé la largeur du terrain, Antoine (Griezmann) a été mieux pour faire du liant et marquer son 33e but. Ils ont une liberté, ils ont beaucoup plus participé au jeu, ils ont été capables de faire des actions individuelles, des actions en déviation aussi. Cela a été meilleur que le dernier match, mais ce n'est pas que nous, le Portugal ne l'avait pas permis non plus (dimanche). Je peux vous assurer que le Portugal c'est très costaud, ils avaient mis ce qu'il fallait pour nous empêcher de jouer.

Vous avez modifié le milieu de terrain, avec Adrien Rabiot titulaire notamment. Pourquoi ces choix ?

Sans rentrer dans le détail, entre ce que je pensais faire avant l'entraînement d'hier et ce que j'ai du décider après, avec le ressenti des joueurs ou l'analyse des informations que j'avais, je ne voulais pas prendre de risque. Si les joueurs ont des petits soucis, je ne peux pas me le permettre. Adrien a confirmé tout ce qu'il fait de bien. Il a une aisance technique, l'abattage, un très très bon niveau. J'ai fait en sorte qu'il fasse pas deux fois 90 minutes en trois jours car il a aussi un marathon derrière avec la Ligue des Champions notamment. Certains arrivaient avec des déficits, qui ont fait un gros match. J'ai mis d'autres joueurs, c'est pour les voir. Ils ne renonceront pas au fait de rester compétitifs, mais ça passe par là et ce sera ça le mois prochain. Ca permet de concerner plus de joueurs. Globalement, ils ont tous eu plus ou moins de temps de jeu, il faut qu'ils en tirent profit à chaque fois.

L'entrée de Paul Pogba a fait du bien aux Bleus. Est-il indispensable ?

Il fait partie des leaders, il a cette capacité à pouvoir être décisif et être un élément moteur. Je ne l'ai pas fait débuter car c'était plus sage pour lui avec le déficit qu'il a eu. Il fait partie des cadres, avec la capacité de fédérer collectivement. La qualité de l'avant-dernière passe, cette capacité technique, c'est ce qui déclenche tout, sans rien enlever toutefois à la dernière passe (de Lucas Digne).