Carnet noir : Raymond Poulidor s'en est allé
Raymond Poulidor est décédé ce mercredi à l'âge de 83 ans. « Poupou », hospitalisé depuis le 27 septembre à Saint-Léonard-de-Noblat, avait remporté notamment le Tour d'Espagne en 1964.
« Éternel second », mais malheureusement pas éternel. Le sport français a perdu l’un de ses monstres, ce mercredi à deux heures du matin, avec le décès de Raymond Poulidor. Hospitalisé depuis le 27 septembre à Saint-Léonard-de-Noblat, en Haute-Vienne en raison d’une grande fatigue, « Poupou » s’est éteint à l’âge de 83 ans dans cette même commune où il résidait. « Raymond est très fatigué depuis le dernier Tour de France », avait fait savoir le mois dernier son épouse Gisèle, peu optimiste. « Les nouvelles ne sont pas très bonnes. Les médecins nous ont dit qu’ils allaient faire des tests mais que nous devions nous préparer à ne pas recevoir de bonnes nouvelles. Cela fait quelques jours qu’il ne parle presque plus. Il répond juste par « oui » ou « non » quand on lui demande s’il a mangé ou dormi. Je suis évidemment très inquiète. » Une inquiétude d’autant plus grande que Raymond Poulidor avait subi deux ponctions au mois d’août en raison d’un œdème pulmonaire, les médecins découvrant alors que que son cœur était très usé. L’ancien champin et chouchou des Français était d’ailleurs apparu très diminué lors de l’une de ses dernières apparitions publiques, à l’occasion du Tour du Limousin, fin août. Lors du dernier Tour de France, le natif de Masbaraud-Mérignat, dans la Creuse, avait pourtant répondu présent tous les jours dans le Village, où il signait des autographes et prenait des photos avec ses nombreux fans avec plaisir, lui qui jouissait d’une popularité immense au bord des routes.
HUIT PODIUMS SUR LE TOUR DE FRANCE POUR POULIDOR
Il faut dire que Raymond Poulidor avait marqué toute une génération, grâce à ses bons résultats, mais aussi ses défaites, qui lui ont valu de devenir cette immense figure populaire, sans que sa popularité ne soit démentie au fil des années. Vainqueur de la Vuelta en 1964, champion de France en 1961, mais aussi vainqueur de onze étapes sur les Grands Tours entre 1962 et 1974, de Milan – San Remo 1961, de la Flèche Wallone 1963, mais aussi de Paris-Nice 1972 et 1973, celui que tout le monde surnommait très affectueusement « Poupou » était également connu pour avoir multiplié les deuxièmes places. Ainsi, il avait terminé trois fois deuxième du Tour de France (en 1964, 1965 et 1974, derrière respectivement Jacques Anquetil, son principal rival au début de sa carrière, Felice Gimondi et Eddy Merckx) et deuxième du Tour d’Espagne 1965, derrière Rolf Wolfshohl. Le grand-père de l’une des révélations de la saison 2019, le Néerlandais Mathieu van der Poel, était également le coureur ayant accumulé le plus de podiums du Tour de France (huit fois entre 1962 et 1976), mais sans avoir jamais porté le maillot jaune une seule fois. D’où cette étiquette d’ « éternel second » qui collera à tout jamais dans l’imaginaire populaire au dossard de Raymond Poulidor. La 12eme étape du prochain Tour de France (le 9 juillet entre Chauvigny et Sarran) traversera Saint-Léonard-de-Noblat, où est décédé « Poupou » mercredi. Plus longue étape de la Grande Boucle 2020, elle devait lui rendre hommage. L’hommage sera plus grand et fort encore.
Poulidor, l'éternel champion... des coeurs