Les inséparables frères Eggestein
Patrick Guillou nous parle de Maximilian et Johannes Eggestein. Atypiques, loin du football business, les frangins poursuivent leur histoire familiale au Werder.
Eden et Thorgan Hazard, Yaya et Kolo Touré, André et Jordan Ayew, Frank et Ronald de Boer, Hervé et Patrick Revelli… On souhaite aux frères Eggestein de développer tous les deux une carrière aussi réussie que tous ces glorieux aînés. Pour le moment, Maximilian et Johannes se contentent, et c’est déjà pas mal, d’écrire un beau début d’histoire commune au Werder. « Ils ont toujours été ensemble, formés à Havelse dans le nord de l’Allemagne, explique Patrick Guillou. Ils font quasiment l’unanimité partout, toutes les interviews et commentaires sont dithyrambiques à leur égard. Leur père lui-même a fait toute sa carrière là-bas, il leur a inculqué les valeurs humaines de ce club. Il a toujours mis en avant le fait de finir une partie de la scolarité. Et au Werder, ils ne sont pas partis trop loin… »
Notre consultant parle de « caractères typiques du nord de l’Allemagne, plutôt réservés, calmes, réfléchis et rassurants ». Sportivement, c’est « Maxi », n°10 et âgé de 23 ans, qui est logiquement en avance sur son frère « Jojo », attaquant de 21 ans. « Mais pour la première fois, ils connaissent une stagnation avec cette saison très difficile pour le Werder. Maximilian a été titulaire 22 fois pour zéro but et seulement deux passes décisives, il en est à plus de trente matchs sans but… Cette saison lui rendra service pour gérer le stress, ça le fera encore plus réfléchir. Johannes, lui, a mis un but en treize matchs et n’a été titulaire que quatre fois. » Maximilian a joué quatre fois plus, 1 956 minutes contre 469 pour son frère. « Et ça fait trois ou quatre ans qu’il est là, il en est déjà à 113 matchs. »
Johannes est parfois retourné à l’entraînement dans son ancien club de Havelse, preuve d’une éducation effectivement atypique : « Le Werder sait aussi qu’ils ont besoin de se retrouver entre potes, ils n’ont jamais coupé le lien. Ils ne se mettent pas sur un piédestal. » Couper le lien, c’est pourtant précisément la prochaine étape de l’évolution des deux frères, révélés à l’Euro Espoirs l’année dernière (l’Allemagne a échoué en finale face à l’Espagne) – même si, là aussi, c’est Maximilian qui avait brillé.
En attendant une éventuelle reprise de la Bundesliga, notre spécialiste du football allemand approuve : « Pour le moment, ‘Max’ ne peut pas prétendre à la Mannschaft. Il faut qu’il explose dans un autre club. Ils font souvent les interviews à deux, c’est déjà acté que le lien familial sera rompu dans un futur proche… Comme il le dit lui-même, il ne peut pas réaliser ses objectifs s’il cherche toujours à jouer avec son frère. » Ce qui pourrait également rendre service à Johannes. A lui de ne pas tomber du côté des frères oubliés, malheureusement encore plus nombreux que les exemples de fratries dorées.