Chong, barré au Werder comme à MU ?
Tahith Chong retrouvera-t-il du temps de jeu avec le Werder, dimanche face à Hoffenheim (cinquième journée de Bundesliga) ? Patrick Guillou analyse sa situation.
Il faut bien l'admettre, Tahith Chong n'a pas eu de veine. Le jeune milieu excentré néerlandais (20 ans), prêté par Manchester United, a démarré son premier match au Werder en tant que titulaire. Mais le club de Brême s'est incliné 4-1 face au Hertha Berlin, avant d'enchaîner deux victoires et un nul sans lui (ou des poignées de minutes)... "En Bundesliga, on l'annonce comme un successeur d'Arjen Robben, on dit que c'est le Robben de Curaçao, prévient Patrick Guillou. Il a une belle histoire, il vient des Caraïbes..." Le Werder a dû batailler pour obtenir Chong, au salaire déjà plus que confortable puisqu'il touche trois millions d'euros par an. "Il est très modeste et très humble, poursuit notre consultant. Il ne met pas en avant son appartenance à MU, il est aussi conscient de ses lacunes et de ses leviers de progression."
Et notre spécialiste de Bundesliga a pu les identifier, autant de ce qu'il a pu emmagasiner comme informations que sur les premiers matchs du joueur avec le Werder, notamment un doublé en Coupe contre Sankt Pauli (4-1) : "Il est très beau techniquement et dans le dribble en duel, il peut rentrer pied gauche et enrouler, d'où la comparaison avec Robben... Il a du volume de jeu, de la vitesse en multipliant les sprints à très haute intensité. Il a aussi une conduite de balle, il élimine et sait finir. Mais il a un problème de choix dans les zones de vérité, il perd trop facilement le ballon sur certaines passes. Et comme il est attiré vers l'avant, il oublie le replacement ainsi que la lecture du jeu à l'opposé. Il vient également pour progresser dans ces domaines."
Patrick Guillou, pour rester dans le thème Robben, se souvient de cette phrase de Jürgen Klopp qui l'a beaucoup marqué à son époque Dortmund : "Le Bayern est devenu injouable quand Robben et Franck Ribéry se sont mis à bien défendre. Pour Tahith Chong, c'est pareil, il doit compléter sa palette tactique et comprendre aussi qu'il faut bosser défensivement, sans rechigner. Tout ça se travaille avec l'expérience et l'implication. Ce n'est pas le même football, il attend que sa famille puisse venir... Il faut lui accorder plus de temps, alors que le Werder était dans une urgence de résultats."
Paradoxalement, cette situation positive pourrait aussi, si elle perdure, permettre enfin à Tahith Chong de se montrer : "Si ça se passe bien, à une demi-heure de la fin, on peut faire tourner avec les cinq changements. C'est là qu'il devra être performant. Avec ses qualités naturelles, il peut décanter quelque chose, donc on peut aussi le lancer dans le grand bain sur une fin de match plus serrée... C'est là qu'il devra se montrer, ne pas jouer sur la pointe des pieds." Histoire de rappeler à tout le monde, à commencer par lui-même, qu'il est avant tout un Red Devil, lui qui était entré en jeu lors de la fameuse qualification à Paris en Ligue des Champions (en mars 2019).