Bundesliga - Neven Subotic, bien plus qu'un footballeur
Il y a des histoires qui méritent d'être connues et font du bien, comme celle de Neven Subotic, à mille lieues de l'archétype du footballeur professionnel. Patrick Guillou se charge de la raconter
Neven Subotic n'est pas seulement l'ancienne gloire de Dortmund passée par Saint-Etienne, évoluant désormais à l'Union Berlin. « C'est avant tout un être humain extraordinaire », soutient Patrick Guillou, très attaché aux valeurs du défenseur serbe. Après avoir fui la Bosnie en guerre en 1994, Subotic est ensuite parti d'Allemagne vers les Etats-Unis, où il est resté de 1999 à 2006 et a même été sélectionné en équipes de jeunes. Trilingue, il est revenu à Mayence avec Jürgen Klopp, qui l'a embarqué avec lui à Dortmund. Bien évidemment, ce n'est pas ce qui en fait un homme à part - même si tout ça l'a transformé en « citoyen du monde », ce qui l'a notamment poussé à arrêter la sélection en 2013.
Notre consultant explique : « Il a vraiment pris conscience de son devoir d'exemplarité, de ce qu'il pouvait apporter à la société. Il a créé son association en 2012 à Dortmund, d'abord dans le local avec les orphelinats et les écoles. Et puis, quand il a vu les possibilités de la société allemande, il s'est dit qu'il pouvait apporter beaucoup plus ailleurs. Alors il s'est engagé en Ethiopie, par le biais d'une fondation caritative pour creuser des puits et donner accès à l'eau potable dans les contrées les plus lointaines. Il a fédéré certains autres joueurs. C'est aussi tout un projet éducatif, il sensibilise également les autochtones aux gestes simples concernant les vaccins, l'hygiène, la grossesse... Il le dit à chaque fois : quand il rentre chez lui, il se consacre uniquement à sa fondation. »
Tous les étés, Subotic se rend en Ethiopie pour constater les avancées de son projet. En 2017, il s'exprimait sur place : « Nous voulons tous un monde où la prochaine génération, celle de nos enfants, pourra vivre de façon utile et humaine. Quand j'ai réalisé le potentiel financier de mon travail, j'ai voulu l'exploiter convenablement. Je ne peux pas juste m'asseoir sur la plage l'été, regarder la mer en me disant que j'ai réussi ! Et c'est très important de venir voir les gens, afin de savoir que le projet est entre de bonnes mains. En Ethiopie, je suis aussi vu comme quelqu'un qui veut apprendre des choses, pas seulement comme un footballeur. »
Le défenseur, s'il a salué l'initiative Common Goal de Juan Mata de reverser 1% de son salaire pour développer le football dans le monde, aimerait que les joueurs s'intéressent ensuite pour savoir où va précisément l'argent. Il a également critiqué l'Allemagne au niveau écologique. Et sa démarche, là encore, ne se limite pas aux paroles, comme nous l'apprend à nouveau notre spécialiste de la Bundesliga (voir plus bas) : « A Berlin, comme il le faisait déjà à Dortmund, il va au match en transports en commun et se retrouve avec les supporters ! C'est tout un cheminement personnel, il a une attitude positive et les gens le laissent tranquille. » Subotic, pour son premier retour à Dortmund en février, a reçu un hommage incroyable de la part des fans du « Mur jaune ». C'était donc pour le football, mais pas que.