Dopage : L'URSS a-t-elle couvert Ben Johnson ?
Dans son autobiographie à paraître le 30 juillet prochain, Grigory Rodchenkov y effectue de nouvelles révélations fracassantes concernant le dopage en URSS, puis en Russie. Outre l'explication con
De nouvelles révélations concernant le dopage à grande échelle au sein de l'Union soviétique, puis en Russie, vont bientôt sortir. En effet, le 30 juillet prochain, paraîtra l'autobiographie de Grigory Rodchenkov, ancien patron moscovite du laboratoire de l'Agence mondiale antidopage (AMA) à Moscou et réfugié du côté des Etats-Unis depuis 2015, où il reviendra notamment sur le boycott entrepris durant les Jeux Olympiques de 1984. Cette année-là, l'URSS aurait ainsi décidé de ne pas se rendre du côté de Los Angeles, par peur du scandale international résultant d'un dopage organisé et à l'impossibilité également de faire entrer un navire avec un laboratoire secret dans le port de la ville californienne.
Rodchenkov : « Quand Los Angeles n'a pas permis à notre navire d'entrer dans le port, ça a été la goutte d'eau »
Rodchenkov, déjà à l'origine des révélations du dopage d'État en Russie, notamment à l'occasion des Jeux Olympiques d'hiver de Sotchi en 2014, écrit ainsi notamment : « J'ai sciemment fraudé les autorités antidopage mondiales pendant plus de dix ans, à la fois pour la plus grande gloire des athlètes russes et aussi pour satisfaire les bureaucrates du sport déterminés à perpétuer le succès sportif de la Russie. Les Soviétiques avaient prévu de cacher un laboratoire de contrôle du dopage à bord d'un navire dans le port de Los Angeles pendant les Jeux Olympiques de 1984, après que Manfred Donike (ndlr : responsable antidopage du CIO) et Don Catlin du Laboratoire d'analyse olympique de l'UCLA avaient annoncé qu'ils seraient capables de détecter tous les produits - y compris le stanozolol et la testostérone - aux Jeux de Los Angeles. Tester les athlètes avant leur départ ne suffirait pas - les tsars du sport soviétique devaient avoir leur propre laboratoire sur place afin de s'assurer qu'aucun athlète soviétique sale ne se rendrait sur les lignes de départ. Quand Los Angeles n'a pas permis à notre navire d'entrer dans le port, ça a été la goutte d'eau. Le Politburo a tout débranché et boycotté entièrement les Jeux Olympiques. » En 1988, en revanche, ce fameux navire aurait bel et bien été présent en Corée du Sud.
Johnson couvert par l'URSS ?
Son bouquin effectue également une autre révélation fracassante, selon les meilleurs extraits publiés par l'hebdomadaire anglais The Mail on Sunday. En effet, le sprinteur canadien Ben Johnson aurait déjà été déclaré positif à un stéroïde interdit en 1986, à l'occasion des Goodwill Games de Moscou, avant de finir par être couvert par l'URSS. Un contrôle antidopage resté secret, deux ans avant d'être déchu de son titre olympique du 100m à Séoul. A l'époque patron du laboratoire de Moscou, Rodchenkov avait alors lui-même analysé les échantillons de l'événement. Pour celui de Johnson, il avait ainsi trouvé du stanozolol, le même stéroïde découvert dans l'urine du Canadien en 1988. A ce sujet, Rodchenkov écrit ainsi notamment : « L'analyse du contrôle du dopage aux Goodwill Games s'est avérée être une formalité. Notre laboratoire a découvert 14 résultats positifs, mais les apparatchiks de Goskomsport (ndlr : le ministère soviétique des Sports) ont choisi de ne pas les signaler. Ben Johnson a battu Carl Lewis, mais a ensuite été testé positif au stanozolol. J'ai fait son analyse. Le résultat n'a jamais été rapporté. »