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Champions Cup: le Stade Toulousain décimé, l'occasion rêvée pour l'UBB ?
La demi-finale de la Champions Cup 100 % française entre l'Union Bordeaux-Bègles et le Stade Toulousain dimanche (16h00) voit le tenant du titre toulousain être privé de nombreux joueurs majeurs.
Il y aura quoi qu'il arrive un représentant français en finale de la Champions Cup le 24 mai prochain à Cardiff. On serait presque tenté de penser spontanément à Toulouse, vainqueur de l'édition 2024, et qui n'a pas baissé de pied cette saison. Le Stade Toulousain est bien candidat à sa succession, mais il lui faudra tout d'abord réussir à s'imposer contre l'UBB, et en Gironde. Surtout, la formation d'Ugo Mola ne sera pas au complet, loin s'en faut. Pour Bordeaux-Bègles, l'opportunité d'aller chercher une première finale dans la compétition n'a jamais été aussi belle.
Entre les Toulousains, sextuples vainqueurs de la Coupe d'Europe, et des Girondins dans le dernier carré pour la deuxième fois, question vécu, c'est un grand écart. Dimanche, l'affiche aura pourtant des airs de déjà-vu. La seule demi-finale de Champions Cup de l'UBB, en 2021, avait offert la même opposition. Le Stade Toulousain s'était imposé 21-9 avant de triompher de La Rochelle en finale. Un autre temps alors que des quinze titulaires lors de la demi-finale il y a quatre ans, seuls six débuteront dimanche au Matmut-Atlantique (Buros, Moefana, Jalibert, Lucu. Petti, Lamothe).
En quatre ans, l'UBB a bien grandi
Depuis, Bordeaux-Bègles a changé d'envergure. De petit nouveau, pour lequel l'unique Ben Tameifuna avait déjà évolué à ce niveau, le club s'est cimenté une place parmi les clubs qui comptent dans l'Hexagone. L'effectif s'est densifié, et la richesse de talent s'est démultipliée. Le produit du club Louis Bielle-Biarrey est devenu une authentique star du rugby européen. Damian Penaud a rejoint les rangs en 2023 et marche sur l'eau cette saison avec ses douze essais en Champions Cup, six de plus que ses poursuivants (dont Bielle-Biarrey). D'autres joueurs comme Nicolas Depoortere, de retour d'une blessure à la cheville, ou Romain Buros ont gagné leurs galons d'internationaux tricolores.
Quoi de mieux pour confirmer ce potentiel sur la scène européenne que de couper la tête du tenant du titre ? La machine à scorer UBB, 40 points minimum à chaque sortie continentale cette saison, aborde ce rendez-vous "sans complexe" a estimé l'entraîneur Yannick Bru en conférence de presse mercredi. "On sait que c'est un grand défi pour nous" confirme Matthieu Jalibert, alors que Toulouse n'a jamais perdu le moindre match en phase finale de Coupe d'Europe contre un club français. "On a la chance que ça soit à Bordeaux mais on a conscience de ce qui nous attend dimanche. On va vendre chèrement notre peau, on ne se pose pas 10 000 questions."
L'hécatombe toulousaine
D'autant que les planètes pouvaient difficilement être mieux alignées. Et le sort plus cruel pour le Stade Toulousain. Déjà privé d'Antoine Dupont, gravement blessé au genou lors du Tournoi des 6 Nations avec l'équipe de France, le champion d'Europe sortant vient de vivre une hécatombe rare ces derniers jours. Blair Kinghorn (genou), Peato Mauvaka (genou) puis Thomas Ramos (mollet) ont tous dû déclarer forfait. Romain Ntamack sera, lui, bien titulaire à l'ouverture, mais il n'est pas à 100 %, gêné par son genou gauche, le même auquel il avait été gravement blessé mi-2023.
Même si le XV aligné au coup d'envoi aura fière allure, Ugo Mola a forcément dû bricoler face à cette mauvaise série. L'international italien Ange Capuozzo, meilleur marqueur d'essais toulousain dans la compétition (cinq réalisations, comme Emmanuel Meafou), revient tout juste de blessure. Juan Cruz Mallia va tenter de suppléer Ramos comme buteur et numéro 15. L'Argentin n'a joué qu'une seule fois pour le Stade Toulousain à ce poste d'arrière, qu'il connaît bien davantage avec les Pumas. Pour ce qui est d'être face aux poteaux, Mallia avait parfaitement fait l'affaire quand Ramos étant retenu par le XV de France durant le dernier Tournoi des 6 Nations, avec un pourcentage de réussite très similaire à celui de son coéquipier (84% pour le Sud-Américain, 83 % pour Ramos). Qu'en sera-t-il dans une rencontre à fort enjeu, là où l'international français a largement fait ses preuves ?
Oublier la dernière finale du Top 14, se rappeler les confrontations de cette saison
Affronter l'UBB sans pouvoir aligner un quinze-type, cela n'a rien de nouveau pour Toulouse. Mais ce n'est pas non plus un si bon présage avec deux défaites cette saison en Top 14 sur le rival girondin, dans un contexte similaire. Les Bordelo-Béglois avaient réussi à mettre fin à plus de deux ans d'invincibilité des champions de France dans leur antre d'Ernest-Wallon en début de saison, alors que l'équipe de Haute-Garonne avait dû faire sans Antoine Dupont ou Cyril Baille. Au retour, l'UBB l'avait emporté 32-24, quand son adversaire s'était passé de tous ses internationaux français laissés au repos (Ramos, Roumat, Meafou, Ntamack, Marchand, Baille, Aldegheri, Cros, Jelonch), blessés avec les Bleus (Dupont, Barassi), ou suspendu comme Peato Mauvaka, en plus des absences de Balri Kinghorn ou Ange Capuozzo.
Avec des Rouge-et-Noir à plein régime et au complet, les Girondins avaient complètement pris l'eau la saison dernière en finale du Top 14 (59-3). "On ne pense pas réellement à cette finale" clame Matthieu Jalibert. "On l'a dit depuis le début de saison, ce match nous a servi pour préparer cette saison-là. On y était arrivés avec beaucoup de fatigue, beaucoup de joueurs sur les rotules et on était tombés sur meilleurs que nous, ce soir-là. Là on se prépare en se disant qu'on a des qualités, si on est là, ce n'est pas par hasard. On a fini meilleure attaque de la compétition, on a une très bonne défense aussi."
Yannick Bru a beau clamer que Toulouse est "archi-favori", le doute semble cette fois permis. Et c'est déjà une petite victoire pour l'UBB.