Revanche nécessaire et défaite interdite pour le XV de France contre les Fidji
Après son revers contre l'Afrique du Sud samedi dernier, le XV de France doit se reprendre contre les Fidji, un adversaire coriace mais à la portée des hommes de Fabien Galthié.
Les Bleus voulaient chasser le souvenir de 2023, presque exorciser leurs démons. Samedi dernier, à peine plus de deux ans plus tard et dans la même enceinte du Stade de France, l'équipe de France a retrouvé l'Afrique du Sud, son bourreau en quarts de finale de la dernière Coupe du monde dans l'Hexagone. Mais les Tricolores ne sont pas parvenus à faire oublier ce crève-cœur d'un petit point. Pire, ils ont encaissé un revers à la fois sévère par son ampleur (17-32) mais logique par sa physionomie. L'échec face aux Springboks pour cette entame de Nations Series doit absolument être suivie d'un électrochoc, dès ce samedi contre les Fidji.
D'ordinaire si clémente avec le XV de France ces dernières années, la tournée d'automne a ressemblé à un vrai coup de froid le week-end dernier. S'incliner contre les champions du monde en titre n'a rien d'une infamie. Mais la domination sud-africaine sur la majorité de la rencontre a laissé un sentiment de régression - déjà latent depuis deux ans - de ces Bleus vis à vis de l'élite du rugby mondial. "On prend 30 points, ça veut dire qu'on n'est clairement pas au même niveau qu'eux" a asséné le deuxième-ligne Thibaud Flament après la rencontre.
La France a pourtant paradoxalement mené pendant une heure, de la quatrième minute à la 65e. Mais les Bleus ont manqué leur fin de match, encaissant un 19-0 dans le dernier quart d'heure. De quoi laisser un arrière-goût final amer à une recette jusque-là crédible à défaut d'être pétillante. "J'ai l'impression que c'était un naufrage quand j'ai lu la presse, que c'était vraiment catastrophique" a déploré Anthony Jelonch. "On aurait dit qu'on avait pris 50 points. Bien sûr, les dix dernières minutes, ils ont vraiment eu une emprise sur nous. On ne voyait plus qu'une équipe sur le terrain. Mais pendant les 70 premières minutes, je n'ai pas eu l'impression de ça."
Peu de marge d'erreur
En sombrant si brutalement, le XV de France a étalé en grand ses limites. Son banc, habituellement une de ses forces, était trop dépeuplé par les blessures pour faire le poids face à la densité des Boks. C'est d'autant plus vrai devant, où la première ligne inexpérimentée autour des piliers Baptiste Erdocio et de Régis Montagne (deux sélections chacun) a souffert. Et si les Tricolores ont longtemps tenu au score, grâce notamment à deux essais de Damian Penaud en première période, cette avance n'a tenu qu'à un fil alors que les Sud-Africains ont laissé filer huit points au pied, quand Thomas Ramos avait lui le poteau favorable sur une transformation. Sans marge d'erreur, ce fil s'est étiolé jusqu'à rompre sèchement. "Ce match nous échappe avant la 60e minute, quand on se crée trois temps forts où on doit marquer pour continuer à mener" a regretté le sélectionneur Fabien Galthié. "On n'a pas été assez tueurs", a pour sa part soupiré Flament. "Et on l'a payé cash."
Retrouver cette efficacité, ce sera une des clés samedi contre les Fidji. La sélection insulaire, neuvième au ranking de World Rugby, a des airs d'adversaire idéal pour redresser la tête. La baisser, "ce serait inacceptable", a d'ores et déjà prévenu le vétéran Gaël Fickou. Les Fidjiens n'ont rien perdu de leur ADN joueur, fantasque même offensivement. Ils y ont ajouté au fil des années et de leur progression ajouté une vraie solidité, à même de faire tomber l'Australie lors de la dernière Coupe du monde, et de faire douter jusqu'au bout l'Angleterre en quart de finale (perdu 30-24). "Vous les avez en club (en France, où évoluent six titulaires fidjiens samedi, ndlr), vous savez très bien quel est le niveau individuel de ces joueurs, à ne pas sous-estimer" a averti Fabien Galthié face à la presse jeudi.
Les Bleus en savent quelque chose, vainqueur 34-17 en préparation de ces mêmes Fidjiens avant le Mondial en 2023, mais battus lors de leur dernière réception des joueurs du Pacifique sur le sol français. En 2018, dans une période noire du XV de France, les Fidji s'étaient imposés14-21 au terme d'une prestation tricolore indigente.
Les Fidji eux aussi battus en fin de match samedi dernier
Régulièrement poussés à la faute il y a une semaine par la puissance sud-africaine, les coéquipiers de Romain Ntamack doivent retenir la leçon. "On a pour optique d'accélérer le jeu, de garder le ballon, ne pas le leur laisser, parce qu'on sait qu'une fois qu'ils ont le ballon, ils ont plein de facteurs X ", a estimé le centre de l'UBB Nicolas Depoortere, intégré dans le quinze titulaire par Fabien Galthié. "Cela peut être dangereux pour nous de défendre dans la détresse face à eux."
Le danger est d'autant plus concret que les Fidji devraient aborder la rencontre le mors aux dents. Comme les Bleus contre l'Afrique du Sud, ils ont longtemps tenu tête à l'Angleterre samedi dernier, avant d'exploser (38-18, mais 21-18 à la 60e minute). "Ce sera un grand rendez-vous, étant donné la prestation qu'ils ont réalisé ce week-end face aux Anglais" annonce d'emblée Anthony Jelonch. Le sélectionneur Mike Byrne a d'ailleurs reconduit les quinze mêmes titulaires, signe de sa confiance en ses hommes "très déçus et frustrés du résultat" contre le XV de la Rose.
Fabien Galthié a, lui, joué l'alternance, avec sept changements dans sa composition, en particulier le retour de Grégory Aldritt, passé de suppléant en tribunes contre les Boks à capitaine titulaire. Le Rochelais et ses coéquipiers se doivent de mettre fin à leur série de quatre défaites consécutives. Et d'éviter de laisser l'histoire se reproduire avec un deuxième revers dans l'Hexagone contre les Fidji après la revanche ratée contre les Sud-Africains. En plein milieu de l'entre-deux Coupes du monde, une tournée d'automne ratée laisserait entrevoir un net recul et ferait naître de légitimes inquiétudes.










