- Accueil >
- Motorsports >
- Moto GP >
- Marc Marquez peut valider l'un des plus grands retours de l'histoire du sport
Marc Marquez peut valider l'un des plus grands retours de l'histoire du sport
A Motegi ce week-end, Marc Marquez (Ducati) peut être sacré champion du monde pour la neuvième fois de sa carrière, six saisons et une longue traversée du désert après son dernier sacre.
On le croyait un temps fini pour les sommets, voire pour la moto tout court. De chutes en opérations, Marc Marquez a traversé des années d'enfer après avoir écrasé le Championnat du monde. Près de 2 200 jours après son dernier titre en 2019, l'Espagnol peut revenir sur le trône de la MotoGP ce week-end lors du Grand Prix du Japon. La consécration au terme d'une saison écrasée comme à ses plus grandes heures. Celles que l'on a cru bonnes à ranger dans les livres d'histoire tant le pilote de Cervera revient de très, très loin.
Sur le circuit de Motegi, le pilote Ducati pourrait être sacré champion dimanche lors du Grand Prix, en fonction aussi des résultats de la veille en sprint. Marc Marquez a besoin d'inscrire trois points de plus que son frère Alex (Gresini) sur l'ensemble du week-end pour s'assurer de la couronne, avec encore cinq week-ends complets au calendrier. "C'est impossible de ne pas y penser" a-t-il admis jeudi en conférence de presse. Un scénario inouï après cinq saisons faites de coups du sort et de grosse inquiétude.
Quatre opérations, trois tentatives de retour et une multitude de frayeurs
Début de saison 2020, l'Espagnol est au sommet de son art, et entame l'année comme quadruple tenant du titre. Mais son Grand Prix national, le tout premier de la saison, vire à la catastrophe suite à une grosse chute. Humérus droit fracturé, Marc Marquez est opéré le 21 juillet et se fait implanter une plaque en titane pour stabiliser l'os. Plus qu'un coup d'arrêt, c'est le début d'une série noire.
Marquez tente un retour dès le week-end suivant, qu'il avorte à cause de la douleur. Puis il rechute début août, officiellement pour un accident domestique, en réalité pour avoir forcé à tout prix l'accélération de son rétablissement. Une deuxième opération. Un forfait pour le reste de la saison. Puis un troisième passage au bloc car son humérus ne s'est pas renforcé comme espéré. Marquez est même victime d'une infection lors de son passage à l'hôpital.
L'exercice 2021 est une éclaircie avec trois victoires prometteuses pour 2022. Mais une nouvelle chute, cette fois lors d'un entraînement en motocross, lui cause un traumatisme crânien et réveille un mal qui sommeillait depuis près de dix ans. Marquez souffre de diplopie, un phénomène de vue double qui aurait pu lui coûter sa carrière dès ses débuts. L'Espagnol a depuis façonné ses succès par son pilotage extrême, toujours à la limite des prises de risque. Plus aussi dominateur avec une Honda dépassée techniquement, l'Espagnol n'a cessé de sur-piloter au-delà du raisonnable. En Indonésie en 2022, une chute à 180 km/h lors du warm-up voit sa tête encaisser un choc de 25G, 25 fois le poids de son corps. La diplopie est trop handicapante, ses douleurs au bras trop violentes. Mi-2022, Marquez arrête les frais et annonce une intervention de la dernière chance sur son humérus, coupé et tourné de 30° pour ne plus lui faire souffrir le martyr.
"Clairement l'un des plus grands come-backs de l'histoire du sport"
Il n'est plus alors question de palmarès ou de gloire. Mais bien d'être encore en mesure d'utiliser son bras, puis de se tenir sur une moto et poursuivre sa carrière ou non. Sa saison 2023 est la pire de sa carrière (14e du championnat) avec une Honda très loin du compte, et des mésaventures à la pelle : main cassée lors de la première course de la saison au Portugal, trois chutes pour sa reprise en France, cinq sur son Sachsenring allemand fétiche pour cinq forfaits au total dans l'année… Marc Marquez est au bout du rouleau et choisit pour ultime tentative de rebond de quitter Honda après onze années de collaboration.
Son transfert pour ce que certains craignaient être une voie de garage chez une des écuries-satellite de Ducati, Gresini, est une bouée de sauvetage inespéré. L'un des plus grands pilotes de tous les temps au guidon de la machine la plus puissante et la plus performante du plateau : l'association vire à l'idylle. Et l'essai est vite transformé puisqu'après trois victoires et une troisième place au championnat, Marquez rejoint la formation mère pour 2025, avec le succès que l'on connaît.
"Ces cinq dernières années ont été super difficiles", a rembobiné Marquez face aux médias jeudi. "Certaines personnes, y compris moi, peuvent penser que j'ai peut-être perdu deux ou trois ans de carrière en tant que pilote parce que j'ai passé plus de temps à la maison que sur les circuits. En revanche, en ce qui concerne ma vie personnelle, j'ai appris beaucoup de choses, or la vie personnelle est beaucoup plus longue que la vie professionnelle. Alors, certes, je ne voudrais pas renouveler cette expérience mais j'apprécie le fait que j'ai énormément appris."
Plus que jamais parmi les géants
Sur la piste, ces années d'errance, de souffrance et d'échecs ne lui ont jamais enlevé sa soif de vaincre, irrépressible. "Il a eu des blessures graves, une moto qui ne fonctionnait pas, il n'avait plus confiance et il est passé dans une équipe satellite, puis dans l'équipe d'usine et il a fait une saison incroyable" a salué le Français Fabio Quartararo en conférence de presse. "C'est juste la force mentale qu'il a, et à quel point il est bon en tant que pilote. Pour moi, c'est un 10/10." Ou plutôt un 11/16 victoires jusqu'ici en course principale, et un invraisemblable 14/16 en course sprint. "C'est clairement l'un des plus grands come-backs de l'histoire du sport" a avancé un autre ancien champion du monde, Jorge Martin, au site de la MotoGP.
A 32 ans, Marc Marquez peut devenir ce week-end l'égal de Valentino Rossi avec un record historique de neuf titres de champion du monde toutes catégories confondues, le septième en MotoGP - là aussi comme le "Doctor" italien - à une longueur de la marque historique de Giacomo Agostini. Plus vieux champion du monde, possible record de victoires en course sur une saison (13 en 2014… Ce n'est pas seulement un sacre, c'est un triomphe absolu. "La valeur d'un titre reste toujours la même" a toutefois nuancé le Catalan. "Mais je dirais que celui de 2013 (son premier) a été le plus important. C'était à Valence, avec des émotions plus dures à contrôler. Cette fois, ce sera le titre où j'aurai traversé les moments les plus difficiles de ma carrière. Pour moi, la valeur sera énorme." Et pour l'histoire du MotoGP aussi.








