"On veut la meilleure équipe mais on n’a aucune certitude." Voilà toute l'étendue du défi qui attend Thierry Henry ces prochains mois d'ici aux Jeux olympiques. Le sélectionneur de l'équipe de France espoirs, transformée cette année en équipe de France U23, a convié son premier rassemblement de préparation en vue de Paris 2024 avec deux matchs amicaux contre la Côte d'Ivoire et les Etats-Unis vendredi et mardi prochain. L'occasion de voir se dessiner les premiers contours de ce à quoi pourrait ressembler l'équipe olympique.

Pour ce premier rassemblement de l'année, les Bleuets ont fière et nouvelle allure. Henry et ses joueurs ont plusieurs raisons de monter rapidement en puissance. Tout d'abord parce que les deux derniers matchs des Espoirs ont débouché sur deux défaites bien peu convaincantes en Autriche (0-2) et contre la Corée du Sud (0-3). 

Ensuite parce que les places pour les Jeux peuvent en partie se justifier ces prochains jours. Si une ultime plage de rencontres de préparation devrait avoir lieu en juillet (dates, horaires et adversaires restant à préciser selon L'Equipe), l'ancienne gloire d'Arsenal aura déjà transmis sa liste finale de joueurs appelés le 5 juillet. Pour convaincre le sélectionneur, marquer des points contre les espoirs ivoiriens et étatsuniens pourrait être d'autant plus crucial.

Le retour de la génération 2001 comme première évolution

Thierry Henry profite de cette période internationale pour tester ses premiers ajustements, avec l'intégration de plusieurs joueurs né en 2001 et donc éligibles à cette équipe "U23" après être devenus trop âgés pour les Espoirs il y a peu. Six joueurs ont été conviés : le gardien Lucas Chevalier (Lille), les défenseur Bafodé Diakité (Lille) et Adrien Truffert (Rennes), ainsi que les milieux de terrain Manu Koné (Mönchengladbach), Khéphren Thuram (Nice) et Joris Chotard (Montpellier), ce dernier ayant finalement dû déclarer forfait, blessé. Parmi ceux-ci, plusieurs postulent d'emblée à une place de titulaire, après avoir été par le passé des cadres du groupe espoirs sous Sylvain Ripoll, comme Chevalier, Truffert, Thuram ou Koné.

"On n'avait pas encore vu les 2001 donc il fallait les voir" a expliqué Henry en conférence de presse lundi, avant d'élargir sur ses objectifs de la semaine. "On a aussi d'autres joueurs qu'on voulait voir comme Désiré Doué. Il faut regarder comment on va jouer, comment ils jouent en club, ce sont énormément de paramètres... Mais après la philosophie va rester la même, c'est-à-dire avoir la balle, presser. Il y a des choses à régler aussi, au vu des deux derniers matches, comme la gestion des contres adverses. On a perdu Warren (Zaïre-Emery) et (Johann) Lepenant donc il faut régler ça."

Des joueurs appelés en ce mois de mars, certains semblent en ballotage favorable avoir ainsi une longueur d'avance, quand d'autres vont devoir prouver. D'autant qu'il n'y aura que 18 joueurs sélectionnables pour les JO, et non 23 comme lors des rassemblements, voire 26 durant les dernières grandes compétitions. Avant ces deux matchs des prochains jours, voici ceux qui semblent partir avec une longueur d'avance, en intégrant les revenants de 2001 :

Gardiens : Lucas Chevalier – Guillaume Restes

Défenseurs : Malo Gusto – Castello Lukeba – Adrien Truffert – Leny Yoro

Milieux : Joris Chotard – Manu Koné – Khéphren Thuram

Attaquants : Bradley Barcola – Arnaud Kalimuendo – Elye Wahi

A cette présélection viennent s'ajouter les blessés comme Michael Olise (Crystal Palace), voire Lesley Ugochukwu (Chelsea) ou des profils qui n'ont pas pleinement encore convaincu Thierry Henry comme Mathys Tel (Bayern Munich), non-retenu après l'avoir été fin 2023, ou Rayan Cherki (OL), qui n'a dû sa présence que comme suppléant de Joris Chotard.

Mbappé, Griezmann, Tchouaméni, Camavinga… Vers une cascade de joueurs bloqués ?

Le puzzle n'a déjà rien de simple. Il devient alors un véritable casse-tête avec les trois "jokers" hors catégorie d'âge permis pour les JO. Henry a coché une liste d'une centaine de candidats pour ce rôle, aussi utiles pour combler d'éventuels secteurs moins performants qu'ils ne peuvent se transformer en cadeau empoisonné face au faible temps d'intégration, et à un rôle de leader d'expérience à assumer. André-Pierre Gignac, Florian Thauvin et Téji Savanier n'avaient pu empêcher l'élimination des Bleus olympiques dès la phase de groupe.

Comme son prédécesseur Sylvain Ripoll, Henry se voit confronté à la même contrainte : parvenir à attirer des joueurs sans que leurs clubs, en particulier étrangers, n'y opposent leur véto. Ce qui semble se profiler pour les Tricolores du Real Madrid comme Aurélien Tchouaméni, Eduardo Camavinga, Ferland Mendy et possiblement Kylian Mbappé s'il venait bien à rejoindre les Merengue. "Je m’en doutais, mais en général, je ne m’arrête pas au premier non" a répliqué le sélectionneur des Bleuets. "On va essayer de voir ce qu’on peut faire, mais à l’arrivée, et malheureusement, la décision revient au club, car les JO ne sont pas sur des dates FIFA. On ne peut pas bluffer sans avoir les cartes en main."

Henry assure "connaître déjà les postes" où il souhaite voir ces renforts débarquer. "Mais ça peut aussi évoluer dans la semaine, si certains performent à certains postes." Tout pourrait dépendre aussi – voire surtout – de la bonne volonté des clubs, alors que la perspective de voir leurs protégés enchaîner possiblement Euro et JO après une saison longue fait naître des craintes sur le physique des joueurs. 

Antoine Griezmann a fait acte de candidature pour les JO, mais l'Atlético de Madrid ne lui a pas assuré qu'il serait libéré, pas plus que William Saliba par Arsenal. Olivier Giroud, qui a lui aussi clamé qu'il "serait génial de jouer des JO" n'a pas ce problème pour le moment puisqu'il arrivera en fin de contrat avec l'AC Milan. Mais son avenir en club pourrait être un autre motif vers une défection.