Premier League : Pep Guardiola a aimé souffrir cette saison
Dans une interview accordée à Reuters, le manager catalan de Manchester City a expliqué avoir pris un certain plaisir à connaître des difficultés avec son club.
C’est une image à laquelle nous n’avions pas été habitués et qui s’est pourtant répétée au fil des semaines et des mois. Si serein d’ordinaire, Pep Guardiola est apparu tantôt tendu, tantôt nerveux, parfois même anxieux, au point de se griffer le crâne. L’objet de ses soucis : les contre-performances de son équipe. Autrefois intraitable, la belle machine de Manchester City s’est enrayée au gré des blessures et a perdu de sa superbe, en même temps que sa confiance en son jeu s’est évanouie.
Encore à la lutte avec le Liverpool d'Arne Slot en octobre dernier, le quadruple champion d’Angleterre en titre a perdu pied à l’automne et a sombré dans une tempête qu’il n’avait pas connue depuis des années. Une période inconfortable que Pep Guardiola accueille aujourd’hui avec une certaine philosophie. "Le bonheur se mesure à la victoire. Le succès se mesure à la victoire et à la victoire. Et c'est un problème. Je ne me jugerai pas, ni mon équipe, sur les mauvaises ou les bonnes saisons. Peut-être que terminer troisième sans abandonner est une meilleure saison que celle où nous avons remporté notre quatrième titre consécutif en Premier League", a-t-il confié à Reuters.
"Les gagnants sont ennuyeux"
S’il n’a pas donné l’impression, sur le moment, d’apprécier les tourments qu’il a traversés et qui l’ont torturé, le manager catalan estime aujourd’hui que l’expérience en valait la peine. "J'ai envie de souffrir quand je ne gagne pas de matchs. J'ai envie de me sentir mal. J'ai envie de mal dormir. J'ai envie de me faire mal quand les choses empirent… J'en ai envie ! Je suis en colère... ma nourriture a un goût plus mauvais... Je n'ai pas besoin de manger beaucoup parce que j'ai besoin de ressentir cette colère. Parce que sinon, à quoi cela servirait-il ? Que l'on gagne ou que l'on perde... Nous sommes dans ce monde pour vivre des expériences différentes", a expliqué Pep Guardiola.
À travers cette mauvaise passe, l’ancien entraîneur du FC Barcelone et du Bayern Munich a aussi pu mesurer son caractère et celui de son groupe dans la difficulté. "Le succès, c'est le nombre de fois où l'on se relève d'une chute", a-t-il partagé, citant l’ancien président uruguayen José Mujica. "Les gagnants sont ennuyeux", a-t-il ensuite osé.
"On en tire de bonnes leçons pour l’avenir"
Une réplique assez ironique dans le sens où, avant cette saison tourmentée, Pep Guardiola n’avait connu presque que des succès dans sa vie de technicien. "Je ne veux pas faire semblant d'être humble : bien sûr que je suis bon ! Je l'ai prouvé au fil des ans… Mais le succès m'a choisi. À certains moments, en dirigeant Lionel Messi et les autres, à ce poste, j'ai bâti des équipes incroyables", a-t-il reconnu avec une pointe d’orgueil et de vanité. En 17 ans de carrière, il a remporté pas moins de 39 trophées, dont trois Ligues des champions.
S’il connaît ses mérites, le Catalan refuse qu’on le qualifie de génie et aspire seulement à retrouver les sommets avec son club. Signe de son engagement, l’hiver dernier, il a choisi de prolonger son contrat de deux ans, refusant de quitter un navire en plein naufrage. "Le stress est omniprésent, car on est jugé quotidiennement, mais c'est comme ça. Personne ne m'a mis un pistolet sur la tempe pour me forcer à choisir ce métier. Je l'ai choisi… Aucun professionnel du football ne gagne à tous les coups, car c'est tout simplement impossible. C'est ce qui s'est passé la saison dernière. On l'accepte, on progresse, on apprend, et on en tire de bonnes leçons pour l’avenir", a-t-il conclu à l’agence britannique.
Après avoir redressé la barre et aidé son équipe à finir à la troisième place de la Premier League, Pep Guardiola tentera de la guider vers un nouveau titre lors de la prochaine Coupe du monde des clubs (14 juin – 13 juillet). Une belle opportunité pour se relever.