Il a été le gros coup du Paris Saint-Germain en janvier dernier. Lors du mercato hivernal, le club parisien n’a pas hésité à sortir le chéquier pour s’offrir les services de Khvicha Kvaratskhelia, qui avait décidé de s’extraire de la folie de Naples. Une indemnité de 70 millions d’euros vite rentabilisée au regard de l’impact immédiat du joueur et de son rôle majeur dans le quadruplé parisien de la saison passée (Ligue des champions, Ligue 1, Coupe de France et Trophée des champions). Pour autant, s’il s’est rapidement accoutumé au football français, l’international géorgien aurait pu fouler les pelouses tricolores bien avant l’hiver 2025.

Des obstacles administratifs

Il y a quatre ans, en 2021, le natif de Tbilissi était encore inconnu du grand public. Âgé de 20 ans, il évoluait en Russie dans les rangs du Rubin Kazan, où il avait débarqué deux ans plus tôt. Déjà incontournable dans l’équipe russe, le Géorgien commençait à attirer l’attention, notamment de Nice. "On avait des scouts qui couvraient pas mal de territoires et on était toujours un peu à l’affût des jeunes joueurs qui commençaient à performer. On était à la recherche de joueurs intelligents, et lui, c’était exactement ça, un joueur facile dans la compréhension du jeu. C’est là-dessus qu’on avait flashé. Ce genre de profil, celui de joueur d’élimination, de prise de risques, est parfois irrégulier. Ce qui nous avait bluffés, c’était sa capacité à enchaîner les grosses prestations. Et cela s’est vérifié dans la suite de sa carrière", se remémore dans L’Équipe Julien Fournier, directeur sportif de l’OGCN à l’époque.

Le profil plaît, mais l’opération s’avère complexe. En effet, l’agent de Khvicha Kvaratskhelia est gourmand et, dans les négociations, réclame un pourcentage inhabituellement haut par rapport à la norme. De plus, il n’est pas affilié à la Fédération française de football (FFF), condition sine qua non pour conclure un transfert en France. Des détails qui empêchent le transfert de se faire, alors même que le joueur rompt son contrat avec le Rubin Kazan en mars 2022, dans la foulée du début de la guerre en Ukraine.

Plutôt que la Côte d’Azur, c’est chez lui, en Géorgie, qu’il rentre, intégrant le Dinamo Batumi. Nice n’abandonne pas la piste, sachant pertinemment que cette étape n’est que transitoire. Sauf que l’audit interne mené par Sir Dave Brailsford au même moment entrave les capacités d’action niçoises. En avance, Nice se fait finalement doubler par Naples, qui arrache la signature du Géorgien le 1er juillet 2022 pour 10 millions d’euros.

Une revanche à prendre

Une bouchée de pain qui laisse d’immenses regrets dans le Sud de la France. "J’ai beaucoup parlé avec son agent et il me semble avoir vu Kvaratskhelia en visio. C’est un joueur qu’on a vraiment, mais vraiment étudié. Et on avait la chance qu’un Français soit son sélectionneur (Willy Sagnol, nommé en février 2021, ndlr), ça permettait de connaître à la fois son environnement et de se renseigner sur la personnalité du garçon", regrette Julien Fournier, conscient d’être passé à côté d’un joueur qui aurait transformé le potentiel des Aiglons, battus en finale de la Coupe de France quelques semaines plus tôt, en mai (0-1 contre Nantes).

Au lieu de découvrir la Promenade des Anglais et la douceur de vivre de la région, Khvicha Kvaratskhelia s’est révélé dans l’étuve de Naples, s’imposant dès sa première saison comme un élément clé de la conquête du troisième Scudetto des Azzurri, le premier depuis 1990. La suite l’a conduit jusqu’à Paris, avec qui il recevra Nice demain lors de la 11e journée de Ligue 1 (17h sur beIN SPORTS 1). Des Aiglons dont il aurait pu défendre les couleurs, mais qu’il chassera au Parc des Princes, où, six mois plus tôt, il n’avait pas réussi à éviter la défaite des siens (1-3).