Ligue 1 : Brest goûtera l’ivresse de la Ligue des Champions
Grâce à un but égalisateur de Nice dans les derniers instants, le club breton s’est offert la 3e place de la Ligue 1, synonyme de qualification directe pour la C1, pour couronner une saison inimaginable et inoubliable.
Il y avait eu l’émotion après le retour triomphal de Rennes à l’issue d’un derby de légende. Une nuit d’ivresse comme Brest en avait rarement connu où toutes sortes de boissons ont coulé abondamment pour étancher la soif d’émotions d’un public fervent mais plus habitué aux joutes du maintien. La nuit dernière s’est inscrite dans cette lignée, peut-être plus forte encore car plus rien ne pouvait la ternir et qu’à l’aune de la 34e et dernière journée de Ligue 1, le club breton n’avait pas son destin entre les mains.
La délivrance niçoise
Quatrième et devancé à la différence de buts par Lille, il devait espérer un scénario favorable pour espérer passer devant les Dogues. Improbable mais la saison brestoise n’était plus à ça près et à Toulouse, les hommes d’Eric Roy, malgré les absences de Pierre Lees-Melou et Romain Del Castillo, ont été fidèles à eux-mêmes. Ils ont emballé la rencontre avec l’énergie et l’ambition les guidant depuis le début de cette folle épopée. Trois buts en deuxième période et une victoire sereine. Restait l’inconnue lilloise. Les Brestois avaient fini leur travail et attendaient fébrilement le résultat de leurs rivaux. Une attente interminable, d’abord frustrante car Lille faisait respecter sa loi à domicile puis à la 93e minute, Lotomba a surgi pour placer une tête gagnante. Sur la pelouse du Stadium, tout le groupe brestois explosa de joie. L’impensable venait de se produire et l’heure était venue de célébrer cela comme il se doit avec le millier de supporters venu les soutenir en Occitanie.
L’hymne dans les vestiaires
"Même en tant que joueur, dans ma carrière, je n’ai pas vécu de telles émotions. Si on avait construit les choses dans notre opération maintien l’année dernière, c’était plus diffus. Là, c’est une explosion. C’est incroyable et c’est largement mérité. Si c’est un scénariste qui écrit ça, on va le traiter de fou", a réagi Eric Roy, écartelé entre une joie immense et une certaine incrédulité. L’incrédulité vient surtout d’un parcours inattendu de régularité puisque les Brestois n’auront jamais quitté la première moitié du classement et n’auront été en dehors du Top 4 qu’à peine deux mois au cœur de l’automne entre le 22 octobre et le 20 décembre.
Une saison à planer pour aller s’offrir le meilleur classement de l’histoire du club, qui n’avait jamais fait mieux que 8e en 1987. Revenus aux vestiaires, les Brestois ont pu savourer leur exploit, diffusant l’hymne de la Ligue des Champions dans un avant-goût de ce qui les attend en septembre prochain.
Ce lundi matin, après une nuit qui a dû être agréablement courte et on n’en doute pas arrosée, le collectif breton a atterri à la maison, accueilli en héros par une foule de supporters dans un aéroport qui avait rarement connu pareille affluence. "Le foot, c’est comme l’amour, il a ses raisons que la raison ignore", disait encore hier soir celui que tout un peuple surnomme dorénavant "King Eric". La raison, Brest l'a depuis longtemps mise de côté pour lui préférer une folie douce, source d’une ivresse européenne dont les effluves embaumeront à jamais son histoire.