Didier Deschamps n’est pas du genre à se déjuger, ni à tout bouleverser. Sans être dogmatique, le sélectionneur de l’équipe de France a fait de la continuité une des marques de fabrique de son management avec les Bleus. A trois mois de l’Euro, ce rassemblement de mars devrait donc donner une radioscopie assez claire de ce à quoi ressemblera la liste pour la compétition continentale, du 14 juin au 14 juillet prochain. Deschamps lui-même ne s’en est pas caché en conférence de presse lundi, il compte “un noyau dur d’une petite vingtaine de joueurs” à l’esprit. Suffisant pour établir quelques certitudes, et cibler les dernières incertitudes.

Ces deux matchs amicaux contre l’Allemagne samedi, puis contre le Chili mardi prochain ne pourront être des copier-coller du Autriche - France, premier match de l’Euro pour les Tricolores le 16 juin prochain, la faute à quelques absents. Pour Kingsley Coman (Bayern Munich), la place parmi les 23 en Allemagne dépend quasi exclusivement de son physique, qui le met cette fois à l’écart (touché au genou). Non prévue initialement sur la liste de Didier Deschamps, l’absence d’Antoine Griezmann a mis fin à sa série de 84 matchs consécutifs avec les Bleus, le signe de son caractère indispensable. 

La tentation Barcola et le pari de la jeunesse ?

Pour le reste, la grande majorité des cadres est bien là, comme Kylian Mbappé ou le duo Tchouaméni - Camavinga dans le cœur du jeu. Les retours de Benjamin Pavard et de Warren Zaïre-Emery, blessés en novembre, ne laissent que peu de place au doute sur la volonté du sélectionneur national de les emmener en Allemagne cet été. Quant au trio de gardiens, Didier Deschamps ne fait aucun mystère. "Jusque-là, Mike Maignan est numéro 1, Brice Samba numéro 2, et Alphonse Areola numéro 3. Alphonse fait une très bonne saison, et Brice a connu une période où il était moins bien. Il ne s'agit pas de changer à tout prix."

Dès lors, la marge d’incertitude se fait des plus réduites, "sur deux, trois, quatre joueurs, il peut y avoir des réflexions" a estimé Deschamps. Le nom du replaçant de Kingsley Coman a été une des rares surprises du sélectionneur national, qui a préféré faire appel à Moussa Diaby, plus titulaire avec Aston Villa en championnat depuis fin janvier mais déjà convoqué à Clairefontaine début 2023, plutôt que de tenter l'option Bradley Barcola. Le Parisien a fait son trou dans le onze de Luis Enrique au PSG et a livré quelques prestations de haut niveau, à 21 ans. "Barcola fait partie des joueurs que l'on suit, avec des enchaînements de matchs ces derniers temps où il a fait voir de belles choses" confirme Didier Deschamps, qui estime toutefois que l'attaquant a besoin de confirmer. Et de se soigner après sa blessure avec les Espoirs...

Anticiper les éventuels coups durs de dernière minute

A l'image de l'ancien Lyonnais, difficile alors de voir une jeune pousse éclore soudainement dans le groupe des 23 comme Warren Zaïre-Emery avait pu le faire en début de saison. Didier Deschamps place Bradley Barcola dans le même groupe qu'un Mathys Tel, l'attaquant du Bayern Munich. "Un potentiel est censé les amener tout en haut, même s'ils ne font pas tout bien. On reste attentifs sur une bonne cinquantaine de joueurs."

Il ne reste plus qu'en défense que la hiérarchie semble encore conserver un peu de fluidité. La charnière Ibrahima Konaté – Dayot Upamecano qu'on imaginait voir s'installer dans la durée après la retraite internationale de Raphaël Varane n'a pas réellement pu enchaîner, l'un puis l'autre empilant les petits bobos. Les revoilà tous les deux dans le groupe France pour la première fois depuis juin dernier. A gauche, les frères Hernandez Lucas et Théo semblent indéboulonnables. La porte est entrouverte de l'autre côté. Jules Koundé enchaîne les bonnes sorties avec le Barça à ce poste, avec lequel il n'a jamais été pleinement emballant en équipe de France. Jonathan Clauss retrouve de la stabilité à l'OM depuis l'arrivée de Jean-Louis Gasset sur le banc, mais n'a encore qu'une expérience internationale trop limité pour être intouchable.

Des plans B à foison

Dans l'axe, Benjamin Pavard semble avoir retrouvé une place pérenne. On ne peut en dire autant du quatrième défenseur central, où semble résider la principale "réflexion" du staff français. William Saliba est bien plus performant à Arsenal qu'il ne l'a été lors de ses rares sélections. Axel Disasi ou Jean-Clair Todibo sont pour le moment un ton en-dessous mais leur candidature n'est pas aux oubliettes.

Dans l'obligation de jongler avec les absences lors des derniers rassemblements, le staff tricolore s'est créé un échantillon de plans B en cas de blessures juste avant l'Euro, comme il y en a eu avant la Coupe du monde. Là tient la seule véritable contrainte de changement à même d'ébranler les certitudes de Didier Deschamps.