Finir le travail. Voilà la tâche proposée à Kylian Mbappé et ses coéquipiers ce jeudi 13 novembre au Parc des Princes. Après quatre matchs dans ces qualifications pour la Coupe du monde 2026, l’équipe de France pointe en tête du groupe D avec trois longueurs d’avance sur l’Ukraine. L’Ukraine, justement, s’avance ce soir sur la pelouse parisienne avec l’intention de jouer les trouble-fête et de réveiller les fantômes du 17 novembre 1993, quand Emil Kostadinov avait plongé les Bleus dans une nuit noire en les privant, à la dernière minute, de la Coupe du monde 1994, justement organisée pour la première fois aux États-Unis.

Trente-deux ans plus tard, Didier Deschamps ne mentionnera certainement pas cet épisode douloureux de l’histoire tricolore, préférant le laisser à l’oubli du passé. Par chance, ses joueurs ne sont, pour la plupart, pas sensibles à cette mémoire, trop conditionnés à la culture de l’instant, du fameux “match après match”, s’économisant la peine de penser à ce qui pourrait advenir, et encore moins à ce qui fut. Pour autant, il est bon de ne pas oublier le passé pour construire au mieux son avenir, et si le traumatisme bulgare ne s’effacera jamais vraiment, il convient de se souvenir aussi que, depuis le début de son mandat en juillet 2012, le sélectionneur français a toujours qualifié ses équipes pour les tournois majeurs, exception faite de l’Euro 2016, puisque la France était déjà assurée d’y participer en qualité de pays hôte. Un Grand Chelem que le natif de Bayonne a bien l’intention de prolonger une dernière fois.

Deschamps et ses équipes toujours au rendez-vous

Pour y parvenir, la recette est très simple : il faut gagner. En effet, une simple victoire suffira pour obtenir son billet pour la traversée de l’Atlantique en direction des États-Unis, du Canada et du Mexique, où la compétition phare de la FIFA aura lieu du 11 juin au 19 juillet 2026. Les Bleus connaissent les conditions et ont déjà démontré qu’ils savaient s’y prendre. Sans être brillants, ils avaient dominé ces mêmes Ukrainiens le 5 septembre dernier grâce à des buts de Michael Olise et Kylian Mbappé (2-0). Une victoire qui intervenait après deux nuls consécutifs contre cette nation, concédés lors des qualifications de la Coupe du monde 2022 (1-1 à chaque fois). Depuis 1999, la France présente un bilan de sept victoires pour cinq nuls et une seule défaite contre l’Ukraine. Cette dernière appartient à une autre époque, elle aussi, car elle avait eu lieu le 15 novembre 2013 du côté de Kyiv (0-2). Dos au mur après cette défaite en barrage aller de la Coupe du monde 2014, les Bleus avaient alors renversé la situation quatre jours plus tard au Stade de France (3-0), dans ce qui reste l’un des actes fondateurs de leur renaissance.

Douze ans plus tard, le contexte a radicalement changé, et les vice-champions du monde 2022 n’ont plus la même pression et bien davantage de certitudes. À eux de le démontrer au Parc des Princes, dans un match qui sera escorté d’une forte charge émotionnelle et mémorielle. Si beaucoup n’ont pas en tête le coup de poignard de Kostadinov, aucun n’aura oublié cette nuit d’angoisse et d’horreur du 13 novembre 2015. Dix ans plus tard, Kylian Mbappé et la nouvelle génération ont l’occasion de donner une autre signification à cette date ensanglantée par les attentats meurtriers du Bataclan et celui manqué au Stade de France. Ce soir, il ne sera question que de football, et tout le monde espère que le DJ de l’enceinte parisienne diffusera à fond, aux alentours de 23 h, le tube de Joe Dassin, et que tout le monde reprendra en chœur : “L’Amérique, je veux l’avoir et je l’aurai.” Reste maintenant à faire le nécessaire sur le terrain et à gagner.