On connaissait le "Fergie Time", cet espace suspendu où le Manchester United de Sir Alex Ferguson avait pris l’habitude de faire basculer le sort d’un match de son côté, le plus brillant exemple étant la finale de la Ligue des Champions 1999 où en deux minutes dans le temps additionnel Sheringham puis Solskjaer crucifièrent le Bayern Munich pour ramener les Mancuniens sur le toit de l’Europe après 31 ans de disette.

Nous connaissons aujourd’hui les prémices du "Xabi Zeit". Le temps nous dira s’il ne s’agit que d’un épiphonème circonscrit à une saison appelée à rester dans les annales, ou si la tendance est plus pérenne mais pour l’heure, le Bayer Leverkusen surfe sur une dynamique confinant à l’irrationnel. Depuis le début du présent exercice, le nouveau champion d’Allemagne s’est fait une spécialité de remonter ses handicaps ou de renverser les situations dans les derniers instants. Le dernier exemple s’est produit samedi dernier. Menés de deux buts à la 57^e par Stuttgart, les hommes de Xabi Alonso ont fait craindre à leurs supporters une première défaite cette saison jusqu’à ce qu’Andrich n’entretienne la magie en marquant à la…90+6’ (2-2). "Ca défie toute logique. C'est difficile à expliquer. La semaine dernière, j'étais un peu ému, mais cette semaine, je n'arrivais pas à croire que nous l'avions encore fait", a reconnu au micro de Sky Sport le technicien espagnol resté sans réaction sur le bord du terrain.

La série continue

Cette réalisation salvatrice du milieu de terrain allemand est la 16^e inscrite par les joueurs du Bayer Leverkusen au-delà de la 90^e minute, soit 12,5 % des 127 marquées cette saison, toutes compétitions confondues. Tout sauf un hasard à ce niveau de récurrence, dessinant une force de caractère et un refus de la défaite poussée à son paroxysme alors que le club en est à 46 matchs sans défaite dans le présent exercice. "Quand une histoire inattendue se produit, c’est encore mieux et c’est ce que nous vivons. Je ressens ce sentiment absolu de la part du club, des joueurs mais surtout des supporters (…) Nous nous en souviendrons dans de nombreuses années", a réagi Xabi Alonso, fier de ce que son groupe réalise.

Une saison dont ils se souviendront plus encore s’ils restent sur leur nuage, là où rien ne semble pouvoir les atteindre. Le Bayer Leverkusen est à 3 matchs en Bundesliga d’intégrer le club des invincibles et 7 au total d’atteindre une certaine idée de la perfection. Dès jeudi, en demi-finale aller de Ligue Europa, il sera encore mis à l’épreuve par l’AS Rome, son bourreau de 2023. C’était avant le "Xabi Zeit".