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Ligue des champions : Francesco Acerbi, ce héros revenu de l’enfer
Auteur de l’égalisation miraculeuse qui a permis à l’Inter Milan d’accrocher la prolongation avant de se qualifier en finale de la Ligue des champions, le défenseur italien de 37 ans a traversé de grandes épreuves avant de connaître ce moment de gloire.
Il n’était pas l’homme qu’on attendait à ce moment-là et certainement pas à cet endroit-là. Que pouvait bien faire Francesco Acerbi si éloigné de son but dans une position d’avant-centre ? Il faudrait sûrement lui demander qui lui a soufflé de dépasser ainsi ses fonctions pour que tout le peuple nerazzurro le remercie. Pour se qualifier en finale de la Ligue des champions, la plus prestigieuse et exigeante des compétitions européennes, il faut plus que du talent. Il faut du courage, de la résilience, un cœur énorme et une conviction inébranlable. Autant de qualités que l’Inter Milan a su mobiliser et incarner au-delà du raisonnable. Il faut aussi des joueurs capables de se sublimer, d’endosser un rôle qui ne leur était pas dévolu.
Les Milanais en ont eu plusieurs entre Denzel Dumfries, auteur de deux buts et trois passes décisives sur l’ensemble des deux matchs de la demi-finale, Yann Sommer, déterminant face à Lamine Yamal notamment, le capitaine courage Lautaro Martinez ou encore le buteur providentiel Davide Frattesi. Et il y a aussi eu Francesco Acerbi. Ce dernier a jugé donc opportun de s’inviter sur le front de l’attaque une minute seulement après le poteau trouvé par Lamine Yamal. Lui ne toucha pas du "bois" mais trouva le chemin du but en déviant astucieusement un centre à ras de terre après être passé devant Ronald Araujo. Un but salvateur à la troisième minute du temps additionnel qui offrait l’égalisation à l’Inter Milan et l’autorisait à disputer une prolongation dont elle allait sortir victorieuse (4-3 a.p.).
Jamais l’expérimenté défenseur n’avait marqué en Ligue des champions et il avait choisi ce moment précis pour débloquer son compteur. Le tout à 37 ans. Le point d’orgue d’une carrière qui avait bien failli dérailler.
Le cancer l’a "sauvé"
Car avant d’être l’un des héros de cette formation nerazzurra qui disputera la 7e finale de C1 de l’histoire du club, Francesco Acerbi a connu un parcours cabossé. Formé à Pavie où il passe professionnel en 2006, c’est en 2010 à la Reggina qu’il se révèle en Serie B. Il séduit alors le Genoa où il ne jouera finalement pas, prêté d’abord dans son ancien club avant de l’être au Chievo Vérone puis de filer à l’AC Milan. C’est à cette période que tout va se compliquer. Le natif de Vizzolo Predabissi perd son père et sombre dans l’alcool. "Je ne me respectais pas, je ne respectais pas mon travail, ni ceux qui me payaient. J'arrivais souvent à l'entraînement ivre, encore sous le coup des effets de l'alcool. Physiquement, je me sentais bien, car j'ai toujours été fort. Un peu de sommeil suffisait pour performer", a-t-il confié dans un entretien accordé à Ultimo Uomo et exhumé par Marca.
Comme si cela ne suffisait pas, en 2013, on lui détecte un cancer des testicules et subit une opération en urgence. Malheureusement pour lui, la maladie est tenace et il rechute en fin d’année alors même qu’il avait repris le chemin des terrains. Cette épreuve dont il triomphera finalement lui servira d’électrochoc. "Le cancer a été ma chance. Je remercie Dieu de l'avoir eu (…) Sans la maladie, j'aurais fini par jouer en Serie B, ou peut-être même à la retraite. Heureusement, quelqu'un là-haut m'a aimé et m'a transmis la maladie. Sans elle, tout aurait très mal tourné. Personne ne m'aurait sauvé. Je suis satisfait de la personne que je suis devenu malgré tous mes défauts", a-t-il dit. Fini les excès, Francesco Acerbi se métamorphose au point qu’entre octobre 2015 et janvier 2019, il enchaîne 149 matchs consécutifs en Serie A avec Sassuolo puis la Lazio Rome. C’est à peine 13 de moins que le record établi par Javier Zanetti (162).
Après quatre années pleines à Rome (2018-2022), il est prêté à l’Inter Milan, s’impose rapidement comme un élément incontournable du système de Simone Inzaghi et dispute dès sa première saison la finale de la Ligue des champions. Cette même finale qu’il a permis à son échelle à son club de retrouver en crucifiant le FC Barcelone. "Je me suis promis après la maladie de ne plus regretter", confessait-il en 2018. Après l’échec de 2023, Francesco Acerbi entend bien conquérir l’Europe comme il l’avait fait en 2021 avec la sélection italienne.