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Ligue des nations : Une faillite défensive rare chez les Bleus
Hier soir face à l’Espagne à Stuttgart, l’équipe de France a concédé cinq buts, ce qui ne lui était plus arrivé depuis 56 ans.
On s’y attendait un peu, mais peut-être pas à ce point. Pour disputer sa demi-finale de la Ligue des nations, l’équipe de France se présentait face à l’Espagne avec ses principales forces offensives mais une défense pour le moins expérimentale.
Si Mike Maignan tenait sa place, devant lui, seuls Ibrahima Konaté et Théo Hernandez faisaient figure de "tauliers". En l’absence de Dayot Upamecano, en phase de reprise au Bayern Munich et qui n’a plus joué depuis mars dernier, William Saliba et Jules Koundé, tous deux blessés, Didier Deschamps a été contraint de faire avec des solutions alternatives. Dans l’axe, le défenseur de Liverpool se retrouvait associé à Clément Lenglet, qui revenait en Bleus pour la première fois depuis quatre ans ; et à droite, Pierre Kalulu était propulsé titulaire pour sa première en équipe nationale. Un joli cadeau le jour de ses 25 ans, mais un cadeau empoisonné.
Des erreurs partagées
Si le sélectionneur français refusait d’incriminer ses joueurs et encore plus de remettre en question leur valeur, force est de constater que de telles expérimentations face à un adversaire de ce niveau ne pardonnent pas. Hier soir à Stuttgart, ce n’est pas que la ligne défensive qui a été submergée, mais tout le secteur défensif, Manu Koné et Adrien Rabiot compris. Sur le premier but espagnol, Théo Hernandez fut coupable de laisser progresser Lamine Yamal à droite et de lui permettre d’adresser un ballon dans la surface pour Mikel Oyarzabal. Dos au but et serré par Ibrahima Konaté, le Basque attendit que Manu Koné et Pierre Kalulu tentent de refermer l’étau pour glisser à Nico Williams, oublié dans son dos par le défenseur de la Juventus Turin, qui fusilla Mike Maignan. Un coup dur après seulement 22 minutes au cours desquelles les Bleus avaient été à l’initiative.
À peine deux minutes plus tard, les Espagnols transperçaient à nouveau la défense tricolore. Profitant du marquage trop lâche de Koné, Mikel Merino s’appuya sur Mikel Oyarzabal, qui avait décroché à 25 m pour plonger dans le dos de Clément Lenglet, qui avait voulu exercer le pressing sur l’attaquant de la Real Sociedad sans se soucier de la couverture, pas assurée par un Théo Hernandez passif. Le milieu ibérique se chargeait ensuite de tromper le gardien français du plat du pied droit au ras du poteau droit (0-2, 24e). L’Espagne n’avait pas eu à forcer pour mettre les Bleus au supplice et n’allait pas s’arrêter là.
Rassurée par un Unai Simon en grande forme et décisif à plusieurs reprises, la Roja accentuait son avance au retour des vestiaires grâce à un penalty obtenu sur un tacle grossier d’Adrien Rabiot et transformé par Lamine Yamal (0-3, 54e). Une minute plus tard, une intervention ratée d’Ibrahima Konaté sorti loin de sa zone permit à Pedri de récupérer haut à droite et de donner à Nico Williams à gauche. Ce dernier rendait la politesse au Canarien, qui s’infiltrait dans la surface entre Kalulu et Lenglet pour tromper Mike Maignan de près (0-4, 55e).
Un équilibre à trouver
Rarement la France avait été à ce point mise en déroute par une attaque adverse, pourtant pas en état de grâce. Le calvaire aurait pu s’arrêter là, mais Lamine Yamal en rajouta une couche. Au duel, cette fois, Clément Lenglet ne put rien faire pour empêcher l’ailier espagnol de marquer de la pointe du pied alors même qu’il était en déséquilibre et en bout de course (1-5, 67e). Pourtant réputés pour leur solidité, socle de toutes leurs victoires depuis 1998, les Bleus n’avaient plus connu pareille faillite défensive depuis la rouste reçue contre l’Angleterre le 12 mars 1969 (0-5). "Quand on prend des buts, on a tendance à incriminer la défense, mais je ne vais pas aller là-dessus. C’est une question d’équilibre. Il manquait trois des quatre joueurs qui ont joué tous les matchs depuis deux ans", a voulu nuancer Didier Deschamps tout en soulignant la qualité adverse.
Nul doute que le sélectionneur français n’a pas dû goûter le spectacle et espère que cela servira de leçon à un groupe encore jeune. Après tout, ce n’était qu’une demi-finale de Ligue des nations, une compétition mineure née, on le rappelle, pour redonner de l’intérêt aux matchs en dehors des grandes compétitions. Le vrai objectif est bien dans un an, de l’autre côté de l’Atlantique, où les Bleus n’offriront certainement pas la fébrilité s’ils retrouvent leurs bourreaux espagnols.