Pendant des mois, critiquer le niveau de jeu ou la forme physique de Steve Mandanda était considéré comme un crime de lèse-majesté par les supporters de l'Olympique de Marseille. Après tout, c'est une véritable légende du club phocéen qui avait fait son retour à l'hiver 2017 après une expérience anglaise extrêmement décevante à Crystal Palace. L'année passée, Mandanda est ainsi devenu le recordman du nombre d'apparitions sous le maillot de l'OM, après en avoir été le capitaine et avoir participé à sa dernière campagne victorieuse en Ligue 1 en 2010. Pour ne rien gâcher, celui que le Vélodrome surnomme "Il Fenomeno" a brandi le trophée de la Coupe du monde le mois dernier en Russie. Un CV qui lui conférera, à jamais, une place particulière dans le coeur des fans olympiens.

Mais en amour, il faut être honnête. Et les fidèles de l'OM commencent à se rendre compte que la flamme vacille et que leurs dirigeants ne l'ont pas anticipé malgré des signaux évidents. Dimanche, pour la quatrième fois depuis son come-back sur la Canebière, Steve Mandanda a quitté ses partenaires en cours de match contre Nîmes (défaite 3-1). L'ancien Havrais souffre d'un nouveau problème musculaire déclenché sur une action complètement anodine. Encore une fois, l'irréprochable soldat Yohann Pelé, 35 ans, va prendre la relève pendant un bon mois.

A quand la remise en question ?

On entend parler ici et là d'un manque de professionnalisme, de surpoids ou d'une hygiène de vie inadaptée pour un gardien qui n'avait été que très rarement blessé lors de son premier passage à Marseille. Impossible à confirmer à moins d'être constamment à ses côtés ou de surveiller sa pesée. L'impression visuelle, elle, ne ment pas et permet d'éviter la diffamation. A chacun de ses retours de blessure, Mandanda paraît un peu moins explosif et décisif. Sa sympathie et sa popularité, conjuguées à un ou deux matches solides, mais de plus en plus occasionnels, lui offrent encore l'immunité et des titres de meilleur gardien de l'année aux Trophées UNFP.

Malgré des performances en dents-de-scie et des erreurs coûteuses (face à l'OL notamment) la saison dernière, la pertinence de recruter un nouveau portier n'a jamais effleuré l'esprit des dirigeants marseillais, obnubilés par leur jeu de poker menteur autour de la venue ou non d'un attaquant de renom. La question aurait dû se poser cet été. Steve Mandanda va rencontrer ses dirigeants dans la semaine pour évoquer cette passe difficile sur le plan physique. On le dit énervé. Mais contre qui ? Jusqu'à présent, on l'a plutôt vu dans un registre plaintif, déplorant la perte du capitanat ou accablant son désormais ex-coéquipier André-Frank Zambo Anguissa pour son contrôle manqué sur l'ouverture du score madrilène en finale de la Ligue Europa. 

L'heure de la remise en question est pourtant venue pour l'icône marseillaise. Et pour le triumvirat phocéen, il serait temps d'envisager l'après-Mandanda en ciblant un jeune talent capable de bousculer le numéro un comme le font souvent les grands clubs européens auxquels l'OM aspire à ressembler. Le problème, c'est qu'à l'heure actuelle, Steve Mandanda n'est même pas plus performant que sa doublure et le nouvel intérim de Pelé risque de le confirmer sur les trois prochains matches au minimum. Inverser la tendance à son retour aiderait au moins Mandanda, dont le contrat n'expire qu'en 2020, à préserver son héritage sans devenir un boulet pour les finances olympiennes.