Ligue 2 : Mohamed Larbi retrouve la lumière
Excellent avec le GFC Ajaccio en 2016, Mohamed Larbi a vécu deux ans de galère depuis. De retour au top de sa forme, l’international tunisien peut même rêver d’une fin de saison en apothéose.
Il a laissé la Ligue 1 sur sa faim. Avec le Gazélec Ajaccio, Mohamed Larbi a rayonné lors de la saison 2015-2016. 26 titularisations, 8 buts, 7 passes décisives : le natif de Soliman en Tunisie avait fait fort impression pour ses premiers pas parmi l’élite. Si bien que plusieurs cadors du championnat, dont Marseille, avait coché le nom de ce n°10 à l’ancienne. Sauf que la suite fut moins dorée que prévu. La faute à deux genoux amoindris par des blessures. Larbi passe sur le billard et fait des choix douteux comme son transfert à Samsupor (Turquie). Deux ans de galère qui ont fait presque oublier son excellente saison et ses qualités techniques indéniables. « Je suis encore frustré de mon au revoir à la Ligue 1, nous explique l’international tunisien. J’avais réalisé une saison qui méritait confirmation. En raison des blessures mais aussi de mauvais choix pendant le Mercato, j’en n’ai pas eu l’occasion. »
Des blessures qui ont coupé Larbi en plein vol, allant même à jeter un doute sur la capacité du joueur à perdurer sur le long terme au plus haut niveau. « Il y a beaucoup de choses qui expliquent ma méforme pendant deux ans et les gens ne sont pas forcément au courant, s’explique le Tourangeau. A la fin de ma saison de L1, je me fais opérer des deux genoux. J’ai un genou qui a récupéré, l’autre non. J’ai longtemps gardé quelques séquelles. Le fait de ne pas avoir joué avant de signer à Sochaux pendant sept ou huit mois ne m’a pas aidé. A Sochaux, j’étais beaucoup moins bien et pas en pleine possession de mes moyens. C’est simple, je n’arrivais pas à accélérer. C’était vraiment compliqué et ça devenait impossible pour moi de m’exprimer. J’ai même joué plus bas sur le terrain pour contourner ce problème physique. »
Aujourd’hui, Larbi regarde de l’avant. Arrivé à Tours en janvier dernier, l’intéressé, revenu au top physiquement, a remis la marche avant. « Signer à Tours après ma rupture des ligaments croisés en Turquie, c’était très important, enchaîne-t-il. Revenir en France, là où il y a les meilleurs soins, était important. J’ai pu reprendre à quatre mois et demi au lieu de six ou sept mois. Physiquement, ça a payé car je commence à ressentir les sensations que je ressentais lors de ma saison en Ligue 1 au GFC Ajaccio. C’était important pour moi de retrouver tous mes moyens physiques. » Sur le terrain, le retour de Larbi au premier plan se voit avec quatre passes décisives en six titularisations : « Aujourd’hui, je suis totalement remis. Je retrouve mes sensations du Gazélec. J’ai enchaîné 90 minutes lors des cinq derniers matchs. J’ai même fait une semaine à trois matchs en jouant à chaque fois 90 minutes. Je me sens très bien sur le terrain, je n’ai plus aucune douleur. »
A Tours, tout le monde est unanime : le TFC va mieux depuis l’arrivée de Larbi. « Mohamed a apporté sa joie de vivre au groupe, confirme Antoine Devaux. Il a le sourire tout le temps. On sent qu’il profite de chaque instant. Il revient d’une grosse blessure. Il est à l’écoute et c’est agréable. Sa force, tout le monde la connaît : c’est sa technique. Progressivement, sa technique est revenue. Moi, je « kiffe » ça. On s’entend très bien sur le terrain par rapport à ça. Sortie après sortie, il s’améliore. Au début, c’était dur d’enchaîner les replis défensifs et d’attaquer. Aujourd’hui, il en est capable de nouveau. Quand il est comme ça, il est important dans un effectif. Sa vision du jeu revient très bien et généralement, elle revient quand on est en bonne forme. »
Même son de cloche pour son entraîneur, Jorge Costa : « Je suis très content de travailler avec Mohamed Larbi. C’est vraiment un très bon joueur, un vrai professionnel. Il est venu après sa blessure au genou. Match après match, il s’améliore. C’est un joueur de classe. Il a beaucoup aidé Tours. La première chose qui me vient en tête lorsqu’il s’agit de parler de lui, c’est sa disponibilité dans un match. Il cherche toujours le ballon, à donner des solutions. Défensivement aussi, il travaille beaucoup. Au début, il manquait un peu de puissance, mais c’était normal car il s’est arrêté six mois. »
En fin de contrat avec Tours, Mohamed Larbi ne manque pas de sollicitations venant de clubs désormais rassurés par l’état physique du joueur. Mais avant de statuer sur son nouveau club, Larbi a un ultime défi de taille à relever : retrouver la Tunisie pour la Coupe du Monde 2018. « Il y a un an, j’ai été convoqué par le coach Nabil Maaloul et ça s’est super bien passé, soutient Larbi. Maintenant, je sais qu’une équipe s’est mise en place. A côté de ça, je reviens à mon top niveau et il y a quelques blessés et incertitudes. On ne sait jamais. De mon côté, j’ai tout fait et je continue de faire tout pour être à 100 % si on fait appel à moi. D’un point de vue sportif, mon profil technique, passeur et capable de garder le ballon peut jouer en ma faveur. Le coach me connaît très bien, je connais tous les joueurs en place. Maintenant, on verrait ce que nous réservera le mektoub. (ndlr : destin en arabe) »
Si Larbi est mesuré, son coach, lui, est plus direct : « Physiquement, je n’ai rien à redire. La blessure est derrière lui. Heureusement pour lui et pour la Tunisie aussi. Je connais le football africain et je sais que la Tunisie a une très grosse équipe avec de très bons joueurs. Néanmoins, je ne pense pas qu’elle possède un joueur du talent de Larbi. Et je le pense vraiment. C’est un joueur différent et qui peut te faire la différence dans un match à n’importe quel moment. Si j’étais le coach de la Tunisie, il serait avec moi. » Avec un Larbi à ce niveau-là, Nabil Maaloul pourrait bien en faire de même.