Solskjaer face à la menace Nagelsmann
Si la presse anglaise avait le pouvoir de décider, Ole Gunnar Solskjaer aurait été depuis longtemps remplacé sur le banc de Manchester United, selon certains tabloïds, par Julian Nagelsmann.
Si sa position paraît plus menacée que celle de son rival allemand, le Norvégien Solskjaer arrive pourtant à Leipzig avec un coup d'avance: Manchester a écrasé le RB 5-0 à l'aller, et un nul lui suffira pour s'assurer de jouer les huitièmes de finale en février. Théoriquement, les deux équipes pourraient se qualifier avec un nul, mais il faudrait pour cela que le Paris SG perde à domicile contre Basaksehir.
Une élimination serait beaucoup plus délicate pour le technicien de Manchester - qui ne pourra pas compter sur ses attaquants Edinson Cavani et Anthony Martial, blessés - que pour celui de Leipzig. Appelé il y a deux ans après le limogeage de José Mourinho, Solskjaer était considéré comme un intérimaire, en attendant un plus grand nom, pour rendre aux Red Devils leur gloire passée.
Coach "plan B"
Mais son départ sur les chapeaux de roues --14 victoires sur ses 19 premiers matches-- a convaincu ses dirigeants de le garder. Après tout, pourquoi le "Super-Sub" (super remplaçant) en attaque de 1996 à 2007, idole d'Old Trafford comme joueur, ne le deviendrait-il pas comme entraîneur ? Mais cette étiquette de coach "plan B" colle encore à son profil. A chaque mauvaise série --et il y en a eu--, on le dit menacé. Quand Mauricio Pochettino ou Julian Nagelsmann font des appels du pied vers la Premier League dans des interviews, il se trouve des gens pour conseiller à Manchester United de se délester d'"OGS" pour foncer sur un nom plus prestigieux.
Jusqu'ici, Ed Woodward, le vice-président du club, l'a toujours soutenu. Les Red Devils ont fini la saison dernière en boulet de canon pour s'inviter sur le podium, derrière Liverpool et Manchester City qui paraissaient intouchables. Solskjaer se fait fort de rétablir les valeurs du Manchester triomphant d'Alex Ferguson. Son équipe a ainsi le meilleur bilan de Premier League sur le dernier quart d'heure du match --8 buts marqués pour 3 encaissés--, ressuscitant le fameux "Fergie Time", ces buts décisifs dans les dernières secondes d'un temps additionnel que ses détracteurs trouvaient toujours exagérément généreux. Il reste cependant le plus dur et ce sur quoi lui, ou tout autre, sera toujours jugé à ce poste-là: gagner des trophées. De préférence la Premier League et la Ligue des champions.
Match fantastique
En face, Nagelsmann a beaucoup moins de pression. Cet ambitieux de 33 ans seulement qui passe pour un surdoué a été recruté en 2019 pour faire avancer le projet "Red Bull". Pas encore pour dominer l'Europe. En atteignant la demi-finale de la Ligue des champions en août, il a mis Leipzig en avance sur son tableau de marche, de sorte qu'après une saison et demie sur le banc, son crédit n'a fait que croître. Ses dirigeants ne lui fixent d'ailleurs publiquement pas d'objectifs autres que "le développement" du club et de l'équipe.
Et quand la presse évoque son départ de Leipzig, ce n'est pas sous forme d'un limogeage, mais plutôt d'une "promotion", au Bayern Munich, à Dortmund ou en Premier League. Le match fantastique livré par le RB samedi à Munich (3-3) a prouvé les progrès de sa jeune formation. Et contre Manchester, il est difficile de désigner un favori, malgré le 5-0 de l'aller. En cas d'élimination, les "Taureaux Rouges" joueraient la Ligue Europa à fond. Car contrairement à leur adversaire de mardi, géant aux vingt titres de champion et aux trois Ligues des champions (1968, 1999, 2008), Leipzig et Nagelsmann sont toujours en quête d'un premier trophée.
Le Bayern et Leipzig font le show !