Euro 2020 : En Pologne, la révolution Sousa fera-t-elle effet ?
Souvent attrayante mais rarement gagnante, la Pologne a confié son sort à un sélectionneur étranger, le Portugais Paulo Sousa, un pari fort destiné à revigorer l'équipe de Robert Lewandowski.
Au pays du "pilka nozna" ("football" en polonais), les Blanc et Rouge ne sont normalement pas l'affaire d'un entraîneur né hors des frontières. La nomination, en janvier dernier, de Sousa, le troisième non-Polonais à occuper le poste après le Hongrois Gyula Biro (1924) et le Néerlandais Leo Beenhakker (2006-2009), a ainsi créé une onde de choc.
A six mois du début de l'Euro, le président de la Fédération polonaise Zbigniew Boniek a décidé de tenter un coup avec l'ancien milieu international portugais, libre depuis son départ fracassant de Bordeaux en juillet 2020. Depuis une troisième place à la Coupe du monde 1982, avec comme star... Boniek, la Pologne n'a plus atteint le dernier carré d'une grande compétition, et ce, malgré l'émergence de Lewandowski. La superstar du Bayern Munich a certes atteint les quarts de finale de l'Euro-2016, où le Portugal, futur vainqueur, l'a renvoyé à ses études, au terme d'une impitoyable séance de tirs au but (1-1 a.p., 5-3 t.a.b.).
Milik forfait
Mais il compte aussi deux éliminations dès la phase des poules, à l'Euro-2012 et au Mondial-2018. Trop peu au vu du talent immense de celui qui vient de battre le mythique record de Gerd Müller de buts marqués sur une saison de Bundesliga (41). Le tirage au sort de l'Euro a réservé un groupe E compliqué, avec l'Espagne et la Suède, aux Polonais, qui doivent battre la Slovaquie pour éviter la dernière place du groupe, voire décrocher leur qualification pour les huitièmes de finale.
Avec Lewandowski, Sousa sait sur qui compter: "on doit l'utiliser sur son point fort, la finition. Nous n'avons pas la même équipe que le Bayern, mais on a des joueurs de qualité en lesquels je crois", a-t-il dit. Dans le lot, Piotr Zielinski (Naples), Grzegorz Krychowiak (Lokomotiv Moscou), Jakub Moder (Brighton) ou Bartosz Bereszynski (Sampdoria) sont attendus pour jouer les seconds rôles de choc.
En attaque, le sélectionneur a opéré un premier bouleversement en passant du 4-2-3-1 de son prédécesseur Jerzy Brzeczek au 3-5-2, qui permet à "Lewy" d'être épaulé par un deuxième buteur. Le poste devait échoir à Arkadiusz Milik, mais le joueur de Marseille, touché à un genou, a dû déclarer forfait pour l'Euro. Pour le dernier match de préparation, contre l'Islande (2-2), l'ancien coach des Girondins a opté pour Jakub Swierczok, deuxième meilleur buteur du dernier Championnat de Pologne (15 buts) avec Piast Gliwice. Pas le même CV que Milik... La défense coince aussi, selon les observateurs. Mais rien qui n'altère la vision du Portugais, toujours optimiste.
Rumeurs de départ
"On doit penser à vouloir réussir quelque chose d'extraordinaire. Il nous faut du physique, de la concentration, et bâtir une famille dans laquelle on peut interragir", a expliqué celui qui s'applique à créer un groupe uni. "Cela a été le meilleur camp d'entraînement auquel j'aie participé en sélection. Nous sommes une équipe plus que jamais", a assuré le gardien de la Juventus, Wojciech Szczesny.
Sur les images fournies par la Fédération, on voit Sousa proche des joueurs, malgré la barrière de la langue, lui et son staff s'exprimant en anglais. Malgré aussi les rumeurs qui l'envoient au club turc de Fenerbahçe après l'Euro. "Ce n'est pas une rumeur, car j'ai aussi entendu dire que divers clubs s'intéressaient à notre entraîneur. Mais il a un contrat important avec nous, et il se sent très bien ici", a répondu Zbigniew Boniek.
"J'ai regardé l'entraînement et tout m'a plu: la discipline, l'intensité, les beaux buts. Je suis satisfait", a insisté le dirigeant récemment. En Pologne, certains se rappellent du destin de Leo Beenhakker, en conflit avec sa Fédération car en contact avec le Feyenoord Rotterdam, qu'il a fini par rejoindre après son éviction en 2009. Sousa, un pari risqué ? Durant la préparation, la presse polonaise a critiqué sa propension à changer le onze titulaire d'un match à l'autre. Contre la Slovaquie, le Portugais n'a pas le droit à l'erreur.