N'en déplaise à ses plus grands fans nantais, Jordan Veretout, au haut niveau, est bien plus un Italien qu'un Canari. S'il est arrivé au club à dix ans, qu'il y a débuté en Ligue 2 en 2011 (avec Philippe Anziani) puis en Ligue 1 en 2013 (avec Michel Der Zakarian) et qu'il y jouait un rôle majeur, tout a basculé en 2015 : départ infructueux à Aston Villa, retour à Saint-Etienne pour un prêt, puis surtout cette bascule vers la Serie A et la Fiorentina en 2017. Comme le rappelle Philippe Genin, "son premier match face à l'Inter marque les esprits". Et quelques mois plus tard, il inscrit trois buts contre la Lazio lors d'une défaite épique 4-3. "Un triplé qui reste dans toutes les mémoires", enchaîne notre spécialiste du football transalpin.

Poursuivant son voyage avec une régularité impeccable, il est prêté la saison dernière à la Roma avec option d'achat. Il s'y impose toujours aussi vite et naturellement. S'il avait tendance à pencher à gauche pour son premier exercice, il est beaucoup plus axial depuis la reprise, ce qui amène Philippe Genin à comparer son nouveau rôle à celui de Pjanic. "Il peut orienter le jeu et partir en contre, comme sur son but face à la Juve." Il y a deux semaines, il a même inscrit un doublé à l'occasion de ce nul 2-2, inscrivant aussi un penalty (preuve de son statut). En face, le seul à avoir réussi à lui tenir la dragée haute, c'était Cristiano Ronaldo, également auteur d'un penalty puis d'un but dans le jeu.

Et l'Equipe de France alors ? Désormais coté aux alentours des 40 millions d'euros, ce qui a presque fait doubler son prix en très peu de temps, Veretout est suivi par les cadors du pays - et pas seulement. Lors de ses trois premières saisons, il a toujours inscrit entre cinq et huit buts (huit et cinq à la Fiorentina, puis six à la Roma). Et le voilà donc déjà à deux réalisations en trois matchs !

Luis Fernandez aussi "aime beaucoup ce profil box to box" : "Il prend la mesure, il s'impose et prend confiance, on le voit avec ce but. Il participe beaucoup, il est énorme. Je l'ai toujours aimé lorsqu'il était dans notre championnat, je le suis très attentivement et je lui souhaite bonne chance. Il a réussi une grosse performance et il s'imposera." En club, c'est déjà fait. En équipe de France, il fait partie de ces profils qui semblent condamnés à briller dans l'oubli. Mais Didier Deschamps nous fera peut-être mentir un jour.