NBA [J-3] Les Rockets succombent à l’attaque
Défaits en finale à l’Ouest face aux Warriors, les Rockets ont passé un été agité avec pour objectif de mettre l’accent sur l’attaque, un peu aux dépens de la défense.
Les Rockets se voyaient déjà forcément un peu en finale NBA le 24 mai dernier. Ce soir-là, Eric Gordon avait inscrit 24 points et porté Houston à 3-2 face à Golden State dans la tant attendue finale de la Conf’ Ouest. Une éclaboussure était toutefois venue entacher ce beau tableau : la blessure de Chris Paul. Le meneur, spécialiste en la matière, a laissé ses coéquipiers pour les deux derniers matchs de la série. Deux matchs, deux défaites et direction la porte... Cruel tant les Rockets étaient taillées pour être championnes si les Warriors n’avaient pas créé une telle armada. Daryl Morey et toute son équipe ont donc essayé de trouver une parade cet été, surtout que l’arrivée de DeMarcus Cousins dans la baie d’Oakland n'a pas pas franchement constitué une bonne nouvelle.
Mais cela a très mal débuté avec la prolongation de Chris Paul à un montant exorbitant, et même un peu absurde, de 160 millions de dollars sur quatre ans (voir plus bas) ! L’autre choix contesté par les fans a été le départ de Trevor Ariza et Luc Mbah a Moute, deux pièces principales de la défense des Fusées. Le premier est parti apporter son expérience et ses tirs primés à Phoenix tandis que le second a retrouvé les Clippers. Dans la foulée, les négociations entre Clint Capela et le front office semblaient bien mal parties, laissant la perspective de voir partir le pivot suisse. Le risque d'effondrement pour des histoires de gros sous a finalement pris fin lorsque l’ancien Chalonnais a rempilé pour cinq ans et 90 M$.
Un véritable soulagement tant Capela, qui a terminé la saison passée en double-double (13,9 points et 10,8 rebonds, ainsi que 1,9 contre) est une pièce essentielle en défense pour Mike D’Antoni. Son objectif est d’ailleurs de remporter le trophée du défenseur de l’année et de devenir All-Star, rien que ça. La défense, parlons-en d’ailleurs : Roy Rogers a succédé à Jeff Bzdelik en tant que patron de ce domaine. Une autre prise de risque !
Passé de la 18ème meilleure défense à la 6ème, Houston va compter sur ses nouvelles recrues estivales pour ne pas baisser de rythme : « On va avoir besoin que nos nouveaux joueurs montent d’un cran, que ce soit Michael Carter-Williams, Carmelo Anthony, James Ennis, Marquese Chriss ou Brandon Knight, a confié Darryl Morey au Houston Chronicle. On va avoir besoin que certains de ces gars se montrent. Mais notre coaching staff croit fermement qu’ils en seront capables. »
Harden vers le doublé ?
La prise de risque est donc assumée du côté du Texas qui a ainsi récupéré James Ennis, qui devrait débuter à l’aile après avoir joué quatre saisons en NBA dans quatre franchises différentes (7,1pts de moyenne l’an passé avec Detroit). Carmelo Anthony est lui attendu au tournant après une saison horrible à OKC (voir plus bas). Finalement, et si la plus belle opération de l’été pour les Rockets n'était pas le départ chez les Suns de Ryan Anderson et son contrat à 36 M$ ? L’avenir le dira mais cela n’empêchera certainement pas James Harden d'être candidat pour s'adjuger un deuxième titre de MVP d’affilée.
Le Barbu va-t-il rééditer l’exploit de passer au-dessous de la barre des 30 points en saison régulière (30,4, avec 8,8 passes en bonus) ? L’arrivée de Melo ne devrait en tout cas pas l’en empêcher, d’autant plus que l’attaque sera à l’honneur chez les Houstoniens. Eric Gordon et Gerald Green seront eux toujours là pour apporter du scoring en sortie de banc, le premier étant peut-être promis à un rôle dans le cinq de départ quand d’Antoni décidera de l’aligner aux côtés de CP3 et d’Harden.
Mais tout pourrait encore évoluer si les Rockets parvenaient à rapatrier Jimmy Butler, qui a est né à Houston. Pourtant, l'état major texan ne semble pas prêt à casser son roster pour récupérer l’arrière qui a demandé son départ de Minnesota. Les cas LeBron James et Paul George ont eux rapidement été expédiés. Quoi qu’il en soit, Houston repart avec un effectif un peu renouvelé, en coulisses comme sur le parquet. Sa mission ne sera pas forcément de terminer avec la première place de la saison régulière (65 V - 17 D) mais bien de remporter la bague. Mike D’Antoni a résumé la situation de sa franchise en pré-saison : « J’aime cette période de l’année où toutes les équipes disent qu’elles visent le titre. On a assez de talent. Je ne pense pas qu’on serait satisfait par autre chose que de remporter un titre. C’est très très compliqué et on a encore beaucoup de boulot à faire. »
L'avis de Jacques Monclar sur les Rockets :
Melo, bonne pioche ou futur fardeau ?
Que penser du choix de Mike D’Antoni d’avoir poussé son board à recruter Carmelo Anthony pour devenir la 3ème arme offensive des Rockets ? Des Rockets adeptes des pénétrations et des tirs longue distance mais très peu à mi-distance, pourtant la spécialité de Melo. Au point que le site statmuse.com a constaté que l’ancienne star des Knicks a plus tiré à mi-distance ces deux dernières saisons que l’ensemble des Rockets (483 tentatives contre 459). Pour autant, Anthony n’est pas non un cancre à longue distance avec 2,2 3-points inscrits en moyenne la saison passée avec le Thunder (35,7%) et a déjà shooté à plus de 40% derrière l’arc en carrière (en 2012-13 avec les Knicks).
Autre élément à prendre ne compte : la défense de Melo, qui n’est la plus féroce de la Ligue… De quoi pousser son coach à le faire évoluer au poste 4 lorsqu’il entrera en jeu, plutôt qu’en 3, son poste de prédilection. « C’est la décision de coach D’Antoni. Carmelo a eu du succès sur les deux postes. Je pense qu’il est peut-être naturel de le voir comme un 4 compte tenu de ses qualités et la façon dont la Ligue devient de plus en plus petite dans l’ensemble, a affirmé Daryl Morey. Mais je n’imposerai ou n’interdirai aucun des deux. Le coach va se pencher sur ça et décider de qui est le mieux. »
De là à voir encore plus de jeu en isolation dans quelques jours au Toyota Center ? Ça n’est pas impossible : « Carmelo est un joueur d’élite en un-contre-un, donc on prend le talent peu importe où il se trouve. Je comprends qu’il y ait des interrogations quant à l’intégration de Carmelo, mais il y avait aussi des interrogations sur Chris, et Mike (D’Antoni) a fait en sorte que ça fonctionne », a conclu Morey.
Chris Paul a lui tenu à défendre son grand ami, qui a eu du mal à accepter du côté d’OKC qu’il n’était plus forcément un joueur de cinq majeur : « Evidemment, je ne suis pas impartial parce que Melo est un ami très proche. Mais franchement, le manque de respect qu’il subit en ce moment, c’est incroyable ! Alors que pour nous, avoir un des meilleurs joueurs à avoir joué au basket, c’est déjà tout vu… »
Chris Paul a-t-il mis en péril les chances de titre des Rockets rien qu’en prolongeant ? Comment un joueur si expérimenté et déjà bien pourvu en gros contrat dans sa carrière a-t-il pu pousser les négociations jusqu’à décrocher un contrat de 160M$ sur quatre ans, soit jusqu’à ses 37 ans ? Histoire d’enlever toute flexibilité au niveau de la masse salariale sur de nombreux mois… Les critiques ont logiquement plu sur le génial meneur, l’un des meilleurs passeurs de l’Histoire. Un meneur qui a donc encore connu la blessure en Playoffs, une habitude, au pire des moments l’an passé face aux Warriors. Et un meneur qui reste sur deux saisons à 61 et 58 matchs en saison régulière. Les Fusées devraient d’ailleurs le laisser plus respirer lors de cette campagne, afin qu’il ne retourne pas à l’infirmerie en post-season.
« Cela peut sembler cliché mais cette blessure m’a rendu plus fort, a récemment confié Chris Paul au sujet de son souci aux ischio-jambiers. Mentalement et tout ce qui va avec en particulier. Je n’y pense plus à cette blessure. Si j’ai été malchanceux dans ma vie, certaines personnes l’ont été encore plus. C’est comme ça. Peu importe ce qui arrive, il faut avancer. » Pour éviter qu’il entre en compétition pour devenir le plus grand chat noir de l’histoire de la NBA, Michael Carter-Williams et Brandon Knight, deux meneurs en perte de vitesse, ont été recrutés. Le staff texan a confiance en leur rédemption tandis que James Harden ou Eric Gordon sont aussi capables d’assurer l’intérim pour mener le jeu.
Meneurs : Chris Paul, Michael Carter-Williams, Brandon Knight
Arrières : James Harden, Eric Gordon
Ailiers : James Ennis, Gerald Green, Vince Edwards
Ailiers forts : P.J. Tucker, Carmelo Anthony, Marquese Chriss
Pivots : Clint Capela, Nene Hilario, Isaiah Hartenstein, Zhou Qi
2ème de la Conférence Ouest
La déception de la défaite face aux Warriors digérée, les Rockets repartent pour prendre leur revanche sur leurs grands rivaux de l’Ouest. La part belle sera donnée à l’attaque cette saison donc attention à ne pas redégringoler au classement des défenses. Mike D’Antoni a du pain sur la planche mais il a démontré ces dernières années qu’il était capable de réussir ce genre de défis.