L1: Après dix ans de purgatoire, Auxerre retrouve l'élite
Voilà l'AJA à nouveau en Ligue 1, où elle visera le maintien, objectif cher à Guy Roux, son ancien entraîneur emblématique, même si le club a bien changé depuis 2012 !
Hier réputée pour la qualité de sa formation et son savoir-faire dans les cessions de joueurs grâce à son trio historique formé par Guy Roux, sur le banc durant 41 ans (cumulés entre 1961 et 2005), le président Jean-Claude Hamel (1963-2009) et Gérard Bourgoin, partenaire numéro un dès la fin des années 1970, l'AJ Auxerre a vécu un longue traversée du désert en Ligue 2. Aujourd'hui, Roux (83 ans) n'est plus qu'administrateur de l'association et son influence, longtemps sous-jacente, est aujourd'hui minime. Hamel, qui a quitté son poste en 2009, est décédé en 2021 à l'âge de 90 ans et Bourgoin (82 ans) n'a plus de fonctions au club.
Un groupe chinois aux commandes
Ces dix ans de purgatoire n'ont pas été un long fleuve tranquille au bord de l'Yonne. Sportivement, le club a souvent lutté dans la seconde moitié du classement de L2 et financièrement, avec la relégation, l'AJA a nettement réduit la voilure. Le budget de 40 millions d'euros pour la dernière saison en Ligue 1, a fondu de moitié dès 2012-2013, a chuté jusqu'à 12 M EUR en 2016-2017 pour se resituer à 20 M EUR pour l'exercice actuel. L'organisation du club a également bien évolué. Actionnaire majoritaire de 2013 à 2017, le fond d'investissement luxembourgeois Paris Luxembourg Participations (PLP) a sauvé l'AJA de la faillite en injectant de l'argent frais au printemps 2013.
Son président, Emmanuel Limido, est décédé le 30 mai 2015 d'une crise cardiaque le jour de la finale de la Coupe de France perdue par le club bourguignon face au Paris SG (1-0) avant que son épouse, Corinne, ne cède ses parts au groupe chinois ORG Packaging, désormais propriétaire, à l'automne 2016. Son PDG, James Zhou a succédé à la présidence de l'AJA, il y a un an, à Francis Graille (ex-Lille et PSG, 2017-2021). Auparavant, Gérard Bourgoin dirigeait le club au moment de la relégation (2011-avril 2013) avant de laisser sa place à Guy Cotret (2013-2017), représentant de PLP.
Banc instable, Furlan pari gagnant
L'instabilité s'est aussi installée sur le banc. Arrivé en juin 2019 précédé d'une réputation "d'homme des montées" après avoir mené en Ligue 1 Brest (2019) et Troyes (2005, 2012, 2015), Jean-Marc Furlan (64 ans) est, quand même, le neuvième entraîneur de l'AJA depuis la relégation. Mais il lui a fallu un peu de temps pour mettre en place son projet sportif, toujours axé sur un jeu séduisant. Ainsi, le club icaunais n'était que 11e en mars 2020 au moment de l'arrêt prématuré de la saison en raison de la pandémie de Covid-19, et en 2021, classée 6e, l'équipe bourguignonne a manqué de peu les barrages d'accession. Furlan ne s'estime pourtant pas comme un faiseur de miracles mais considère plutôt "avoir été au bon endroit au bon moment" comme il le confiait au magazine Onze Mondial à son arrivée en 2019, prônant un "football fait d'émotion et d'audace qui va faire venir les gens au stade".
Maintenant, il faudra à l'AJA bâtir une équipe pour se maintenir dans une Ligue 1 avec quatre relégations sèches la saison prochaine censées réduire le nombre de clubs de vingt à dix-huit. Jean-Marc Furlan, en fin de contrat, s'est vu coller l'étiquette de n'être bon que pour faire monter sans être capable ensuite de réussir en L1. Il a souvent déclaré qu'il ne souhaitait plus pratiquer dans l'élite avec le 19e ou le 20e budget, préférant un banc avec des moyens permettant de lutter dans la première moitié du tableau. Dans un football français en pleine évolution, l'AJA va devoir donc recruter malin et surtout pas cher pour se maintenir, comme à l'époque de Guy Roux.