L1: A Nantes, le circuit de la formation est grippé
Le centre de formation de Nantes, autrefois une référence, n'est plus que l'ombre de lui-même: comme Valentin Rongier, qui revient mercredi avec Marseille, ses réussites sont sporadiques.
"Ils sont loin du haut niveau (...), il y a un écart terrible": l'entraîneur Antoine Kombouaré, régulièrement interrogé sur le temps de jeu famélique des jeunes à Nantes, n'a pas mâché ses mots début novembre. Depuis le départ d'Abdoulaye Touré et d'Imran Louza cet été, il n'y a plus de joueur formé à la Jonelière dans son équipe type, à l'exception de Randal Kolo Muani, qui, comme Dimitri Payet est arrivé à Nantes à 17 ans, et a fait sa post-formation et ses débuts professionnels au club. La relève pointe pourtant le nez: Quentin Merlin, milieu de terrain de 19 ans, Abdoulaye Sylla, défenseur de 21 ans, Gor Manvelyan, attaquant de 19 ans, s'entraînent tous les jours avec le groupe professionnel. Mais Manveylan n'est encore jamais entré en jeu et Sylla comme Merlin comptaient à peine quelques miettes de fins de matches en Ligue 1.
Milieu aligné en latéral
Depuis, Kombouaré a finalement lancé Merlin, d'abord une demi-heure à Paris (défaite 3-1) il y a 10 jours puis comme titulaire samedi à Lille (1-1). Pas les adversaires les plus faciles, d'autant que ce jeune milieu de terrain plutôt offensif a été aligné en défenseur latéral. "A l'entraînement, je le mets beaucoup dans cette position. Il est très très intéressant", a expliqué Kombouaré. A l'aise techniquement et généreux dans l'effort, Merlin a su créer du danger devant mais a peiné défensivement. Sans se plaindre de son nouveau poste: "Ce que je veux, c'est jouer...", a-t-il martelé.
C'est ce que voulaient aussi ses jeunes aînés Batista Mendy, Thomas Basila ou Elie Youan. Quasiment jamais utilisés, ils sont partis cet été. De leur génération 1999, seul Louza, vendu près de 10 millions d'euros à Watford, avait réussi à se faire une place. Il est loin le temps du dernier titre de champion de France, lors de la saison 2000/2001, quand les deux tiers des joueurs de l'effectif avaient été formés au club. La valse des entraîneurs qui a suivi, et qui s'est accentuée avec l'arrivée de Waldemar Kita à la présidence en 2007, a brisé le lien fusionnel qui existait alors entre formation et équipe première.
"Qu'ils soient bons"
Sans grande visibilité sur leur avenir personnel et souvent tenus d'obtenir rapidement des résultats, les entraîneurs nantais ont l'un après l'autre préféré s'appuyer sur leurs meilleurs atouts plutôt que de prendre le temps de miser sur l'avenir. "Les places sont chères en équipe première, et les points sont chers aussi, donc je m'appuie sur les meilleurs pour l'instant", a résumé Kombouaré début novembre. Mais cette frilosité des entraîneurs nantais pourrait tarir la source: selon plusieurs médias, quatre jeunes de 2002 sont actuellement en discussions pour signer leur premier contrat professionnel mais plusieurs hésitent, inquiets de voir le maigre temps de jeu de leurs aînés.
"Je n'ai qu'une idée en tête si je suis ici: c'est de faire monter des jeunes"
Vendredi, Kombouaré a cherché à les rassurer: "Moi aussi, ici même, j'ai été jeune. Avec Didier (Deschamps) ou encore Marcel (Desailly), quand on montait avec l'effectif professionnel, nous n'étions pas tout de suite des lumières". "Je n'ai qu'une idée en tête si je suis ici: c'est de faire monter des jeunes. Les jeunes qui ont de la qualité monteront et surtout, ils joueront. Il faut que nous, les entraîneurs, puissions avoir du temps, qu'on soit patient avec eux (...). Mais il faut qu'ils soient bons", a-t-il insisté.