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Daniel Bravo nous raconte… quand Yannick Noah a été coach mental du PSG
Toute la semaine, nos consultants beIN SPORTS nous relatent une anecdote de leur carrière. Daniel Bravo nous raconte le rôle de Yannick Noah lors de la victoire en finale de la Coupe des coupes 1996
"La victoire en Coupe des Coupes 1996 face au Rapid de Vienne (1-0), c’est un super souvenir. C’est ma dernière saison à Paris et c’est un peu un aboutissement de pouvoir aller au bout d’une compétition européenne après autant de saisons où on échouait tout près. Même si on aurait évidemment préféré gagner la Ligue des champions. Mais c’est une belle récompense pour tout ce groupe, où certains, comme moi, étaient là depuis longtemps. Et cette saison-là, on avait malheureusement échoué en championnat. Alors qu'on avait plus de 10 points d’avance sur Auxerre à la trêve. Je pense qu’on avait beaucoup la tête à la coupe d’Europe, et on fait une seconde partie de championnat assez catastrophique.
"Trop facile d’accuser Luis"
Et honnêtement, ça a été un peu trop facile d’accuser Luis Fernandez. Parce que la responsabilité revient beaucoup aux joueurs. Je me rappelle très bien que lorsqu’on est revenus de la trêve après quelques jours de vacances, le ressort était déjà un peu cassé. On s’est vus trop beaux. On avait préparé la reprise à Saclay. Les terrains étaient gelés et on disait à Luis qu’on n’avait pas trop envie de s’entraîner, qu’il faisait froid… On avait limite la grosse tête. Luis était énervé et nous criait dessus, parce qu’il voyait que ça n’allait pas. Et en fait, c’est là où c’est mal reparti. On a perdu le fil en championnat, alors qu’on dominait lors de la première partie de saison. On jouait bien et on marquait des beaux buts. C’était impressionnant, on était vraiment au-dessus. Mais on a perdu ça. Et quand on s’est réveillés, parce qu’on s’est rendus compte qu’on n’en faisait pas assez, qu’on avait le boulard et qu’il fallait se retrousser les manches et retourner au travail, c’était trop tard. On n’arrivait pas à retrouver notre fluidité dans le jeu.
"A l’époque, ça ne se faisait pas"
Avec le recul, je trouve donc qu’on en a un peu trop mis sur le dos de l’entraîneur. Et on a minimisé son rôle dans la victoire en Coupe des Coupes en mettant celui de Yannick Noah en avant. C’est dur pour Luis. Pourtant, Yannick n’a pas du tout interféré sur le rôle d’entraîneur de Luis. Il est juste venu donner un coup de main pour nous redonner un peu de mental. Aujourd’hui, par exemple, il y a Denis Troch qui fait ça. Mais à l’époque, ça ne se faisait pas. C’est exactement ce qu’est venu faire Yannick. Sauf que, comme c’est Yannick Noah, son rôle a été exacerbé dans l’imaginaire des gens, qui se sont dit que c’était lui l’entraîneur. Alors que pas du tout. Encore une fois, je sais que Luis l’a mal vécu, et c’est normal.
"Yannick nous a revigorés"
Après, c’était une bonne idée de Michel Denisot de faire venir Yannick. Parce qu’on avait perdu le titre de champion, on s’était fait massacrer par la presse et on avait le moral dans les chaussettes. Et ça n’avait rien à voir avec Luis. C’était les résultats qui faisaient qu’on était un peu perdus. On n'avait plus de confiance. Et Yannick est arrivé avec son charisme, sa tranquillité, et des mots simples. Dès le début, il nous a dit : «Les gars, franchement, je ne vois que des grands joueurs dans cette équipe. Je vous dis juste comment je vois les choses : on va se mettre dans une bulle. On a dix jours pour se préparer et on ne va pas parler à la presse. Parce que si vous ne gagnez pas, vous allez vous faire massacrer et si vous gagnez, ils ne vont pas pouvoir vous critiquer. Donc on ne parle plus à personne, on ne lit plus les journaux, comme ça on se nettoie bien le cerveau.» Le soir même, on a eu la permission de minuit et on a été dîner en Espagne, juste en face d’Hendaye, où on était en stage. On a chanté, on a rigolé et on est rentrés à minuit à l’hôtel. Le lendemain matin, on attaquait la préparation sur la plage. Mais ce n’était que du coaching mental. Yannick nous a revigorés mentalement. Et c’est ce dont on avait besoin.
"Une petite revanche personnelle"
Mais je veux encore rendre hommage à Luis, parce que l’entraîneur, c’était lui. Et il reste le seul à avoir gagné une coupe d’Europe à Paris et le seul entraîneur français vainqueur d’une coupe d’Europe avec un club français. Parce que c’était trop facile de le critiquer par rapport au championnat. Alors que, je le répète, on avait une très grande part de responsabilité. Certains ont été trop sévères avec lui. Il a fait du super boulot, avec ses qualités et ses défauts. Il ne faut pas oublier qu’il était très jeune (36 ans, ndlr). Et comme je le dis toujours, je lui dois énormément. Car c’est lui qui m’a redonné une place de titulaire en me changeant de poste. Après, je suis parti à Parme juste derrière et cette victoire, c’était aussi une petite revanche personnelle. Parce que j’ai vécu des moments difficiles à Paris et que j’ai fini par retrouver une place importante dans l’équipe. Partir sur cette victoire, c’était fort. Et vraiment une grande fierté."