Teddy Riner : « Cette défaite ? J'en rigole »
Battu dimanche, Teddy Riner relativise et estime que cette défaite ne pouvait intervenir à un meilleur moment.
Non, Teddy Riner n'est pas abattu. Il n'est pas non plus sous le choc ou assommé moralement. Les experts qui s'attendaient à ramasser le champion français à la petite cuillère, dimanche en zone mixte, après sa première défaite depuis le 13 septembre 2010, ont été contraints de rapidement déchanter. Car Riner, qui restait pourtant sur 154 victoires de suite avant ce coup d'arrêt de dimanche après-midi, a très vite dédramatisé. Et c'est tout aussi facilement qu'il a relativisé après-coup devant les micros ce revers que personne n'avait vu venir. Le Guadeloupéen s'est en remis d'autant plus aisément qu'il a le sentiment d'avoir donné le bâton pour se faire battre. « Non, je ne suis pas choqué. Choqué, c’est quand votre adversaire vous met dans le vent et vous inflige un ippon. Je ne peux pas être vexé non plus, je n’ai pas pris une boite. J'en rigole, parce que c'est moi qui m’y suis mis tout seul. Ce n'est pas comme si je prenais un ippon ou un waza-ari. Ma carrière est derrière moi, je ne suis pas plus déçu ou triste que ça. Là, c’est plus une situation où, désolé d’être vulgaire, c’est plus un : ''merde, ce n’est pas passé.'' Je dois comprendre pourquoi ce n’est pas passé. Après dix ans à tenir la barre comme cela, il fallait se dire que forcément, tôt ou tard, cela devait arriver. »
Riner assure d'ailleurs qu'il s'y était préparé. Dans le sens propre du terme. « Depuis que j’ai quatorze-quinze ans, je travaille cela avec ma préparatrice mentale. A chaque fois que je dispute une compétition, je sais que je peux perdre, même si je m’oblige à toujours gagner. » Mais comment le Japonais Kokoro Kageura, qui ne fait même pas partie du Top 3 mondial en +100 kg, est-il parvenu à mettre ventre à terre à celui que l'on pensait (et disait) invincible ? C'est là aussi une grande question à laquelle le protégé de Franck Chambily a bien l'intention de trouver la réponse au plus vite. Et c'est aussi pour cette raison que le vaincu de dimanche souhaite se remettre au travail expressément, lui qui n'avait repris la compétition qu'en juillet dernier après être resté vingt mois sans combattre.
Riner : « Maintenant, c'est cap sur Tokyo pour l'or ! »
« Il me manquait beaucoup de choses aujourd’hui. Le judo était là, mais, certes, il me manquait sans doute de l’explosivité, de l’agressivité aussi. Tout cela mérite un bon débriefing avec mon staff. Il faut repartir au boulot et comprendre le pourquoi du comment. D’ici Tokyo, j’ai encore le temps de bien travailler, de bien me préparer. » A six mois des Jeux, Riner estime d'ailleurs de manière assez inattendue que cette première défaite après presque dix ans d'invincibilité ne pouvait intervenir à... un meilleur moment. « Tant mieux que cette défaite soit survenue aujourd’hui, c’est une très bonne date. Il vaut mieux que cela m’arrive maintenant. Si cela m’arrive à Tokyo, là, je peux vous dire que je ne serais pas souriant comme ça devant vous. Mais là, ça me met juste dans un autre état d’esprit. Je vais même vous dire autre chose : je me sens déchargé d’une certaine pression. Compter les combats pour aller chercher Yamashita (un judoka japonais qui avait enchaîné 203 victoires de suite chez les lourds entre 1977 et 1985), c’est relou (sic) ! »
Ce premier revers depuis celui enregistré à Tokyo face au Japonais Kamikawa lors des Mondiaux toutes catégories 2010 ne remet aucunement en cause, en effet, l'appétit du double champion olympique de Londres et Rio ni son ambition pour les Jeux de Tokyo 2020 (24 juillet au 9 août). A ce sujet, l'intéressé s'est montré tout de suite très clair dimanche. « Les dix ans, ça y est, c’est fait, j’ai tenu comme je pouvais. Et maintenant, c’est cap sur Tokyo. Car l’objectif, c’est la médaille d’or à Tokyo (...) Ce qui m’intéresse, ce sont les trois titres olympiques. Aujourd’hui (dimanche), j’ai perdu et je vais me remettre au boulot. Et Kageura, la prochaine fois que je le rencontre en compétition, je vais l’exécuter (sourire). » Rendez-vous est pris.