On attendait un choc, un vrai et on l’a eu avec cet Allemagne-France qui, par son intensité, n’aura déçu personne. Le pays hôte avait promis l’enfer aux doubles champions du monde en titre et l’aperçu du purgatoire, offert dès l’entame, a de quoi donner froid dans le dos aux plus sereins des supporters tricolores avec ces 6’50 sans marquer pour les Bleus, et trois premiers arrêts d’Andreas Wolff, avant que Mickaël Guigou ne débloque enfin le compteur tricolore (2-1). Une entrée en matière délicate que ne risque pas d’arranger la sortie sur blessure, a priori au mollet, du capitaine Cédric Sorhaindo (8e).  

Mais le mur de Berlin surgit sur un premier jet de sept mètres avec l’arrêt de Vincent Gérard, premier gardien à s’interposer devant Uwe Gensheimer sur l’exercice (3-3, 13e). Trop rare éclat, une fois n’est pas coutume, du dernier rempart montpelliérain. On attendait un « match d’hommes » et il a lieu avec ce tout petit score que Gensheimer, gros mental, desserre à peine en revenant défier Gérard (4-3, 16e).

N’Guessan, le pire et... l'extase

Pourtant, la défense française prend le pas et, derrière, c’est sur jeu rapide que Luc Abalo offre pour la première fois l’avantage aux siens (4-5, 19e). Dans un tel match, chaque détail compte : un appui en zone d’Abalo, qui annule le but d’un potentiel +2 en faveur des Bleus, puis une faute offensive du Parisien et c’est l’Allemagne qui signe le premier break (7-5, 23e). Son public n’attend que ça et, derrière, le mal français de ce Mondial fait des dégâts avec déjà… six pertes de balle. Et le plus gros écart de ce premier acte (11-8, 29e) est à peine réduit à la pause (12-10).

"On est sept sur la feuille, ils sont 16 000 en face, plus les joueurs" : le tableau dressé à la mi-temps par Mathieu Grébille dit tout de ce contexte brûlant. Un feu que les Français maîtrisent à leur retour des vestiaires, tout en rythme et en bons choix, avec pour conséquence la sortie du but d’Andie Wolff (13-13, 33e). Cette superbe reprise est validée à sept mètres par Kentin Mahé sur un sublime lob (14-15, 36e).

  On avait besoin de ce match référence Didier Dinart (sélectionneur de l'équipe de France)

Sorhaindo sur le flanc et suscitant déjà une très grosse inquiétude, l’entrée de Luka Karabatic au cœur de la défense adverse est aussi couronnée de succès, symbole du combat de chiffonniers en cours. Mais une double infériorité numérique permet aux Allemands de reprendre le score (18-17, 44e). Il y a aussi, à défaut de gardiens à la hauteur du rendez-vous (1 sur 10 aux arrêts pour Dumoulin), du grand Mahé, le plus allemand des Français, pour s’imposer en attaque (meilleur buteur avec 9 réalisations). Mais aussi le paramètre de l’arbitrage avec cette exclusion de Nedim Remili, pour une faute totalement imaginaire, qui vaut un break lourd de sens (22-20, 52e).

Avant que… Gérard ne sorte enfin de sa boîte pour l’arrêt qu’il faut, le ballon du nul est là que Thimotey N’Guessan gâche d’un passage en force dans un premier temps. Le même N’Guessan qui se rattrape de façon magnifique avec le but de l’égalisation – le premier de son match - inscrit à la dernière seconde sur un tir en suspension, venu d’ailleurs, à neuf mètres (25-25). De quoi permettre aux Bleus de finir a priori en tête ce tour préliminaire et d’aborder au mieux le tour principal (*).