Mercedes : Un nouveau système dont la légalité est incertaine
Lors des premiers essais de présaison à Barcelone, Mercedes a utilisé une innovation qui a surpris ses rivaux mais, face aux règlements de la F1, sa légalité n'est pas tout à fait certaine.
Les F1 ont retrouvé la piste cette semaine. Mais, ce qui a fait parler à Barcelone, ce ne sont pas les performances en demi-teinte de Ferrari ou bien la forte inspiration puisée chez Mercedes par Racing Point. Non, le principal sujet de discussion tient en trois lettres : « DAS ». Un acronyme qui signifie « Dual Axis Steering » (direction à deux axes en français) et qui désigne l’astucieux système mis en place par Mercedes dans sa W11 et qui permet, via un coulissement vers l’avant ou l’arrière du volant et, donc de la colonne de direction, d’influer sur les suspensions via l’angle de pincement des roues avant, c’est-à-dire des roues qui, vues de haut, pointent vers le nez de la voiture ou vers l’extérieur de l’aileron avant. Un concept qui a surpris tout le monde... mais pas la FIA. En effet, alors que les bénéfices réels d’une telle modification de l’angle sont encore sujets à caution, les autorités sportives ont été informées de l’existence d’un tel concept depuis près d’un an. Les responsables de l’écurie Mercedes ont voulu tout faire dans les règles et s’assurer de la légalité du système avant de construire la W11 autour. Reste que ce « DAS » ne survivra pas à la saison 2020 puisque le libellé du règlement technique pour 2021 ne permettra pas l’utilisation d’un tel système.
Ferrari va laisser la FIA juger
Mais, comme souvent en Formule 1, qui dit innovation dit surtout suspicion. Alors que, par le passé, des innovations comme le « mass damper », le troisième amortisseur avant mis en place par Renault en 2006, ont été déclaré illégales, le cas du « DAS » pourrait être bien différent. Alors que l’argument de la sécurité, lié à la manœuvre de tirer ou pousser le volant en plein virage, a été balayé d’un revers de main par Michael Masi, directeur de course de la F1, il reste la possibilité pour les rivaux de Mercedes d’en référer aux commissaires lors du Grand Prix d’Australie. Mais, du côté de Ferrari, Mattia Binotto a été très clair et ne compte pas se mêler de cette affaire. « Je n'ai pas vraiment regardé en détail de quoi il s'agit, mais je pense que nous faisons pleinement confiance à la FIA. Je suis presque sûr qu'ils ont déjà pris la bonne décision, ou qu'ils vont le faire. Mais je fais entièrement confiance à ce que la FIA jugera, a assuré face à la presse le patron de la Scuderia, qui attend tout de même des informations plus précises à ce sujet. Nous ferons le nécessaire pour obtenir des éclaircissements. Il est important que nous comprenions, mais comme je l'ai dit, nous ne contesterons pas la décision de la FIA car nous lui faisons pleinement confiance sur ce qui sera ou a été décidé à ce sujet. »
Le « DAS » interdit lors des qualifications ?
Toutefois, il n’est pas encore certain que Mercedes soit autorisée à utiliser ce système. En effet, si la FIA n’a pas vu d’un mauvais œil ce système qui pourrait permettre de modifier l’aérodynamique de la W11 en pleine course, ce qui n’est théoriquement autorisé que pour le DRS, une ligne du règlement pourrait changer la donne. La règle du « parc fermé », qui s’applique entre la première sortie de la ligne des stands d’une monoplace et le départ de la course, interdit aux écuries de modifier une pièce ou les réglages du système de suspension. C’est là que les ingénieurs de Mercedes devront justifier de manière précise le fonctionnement même du « DAS ». En effet, s’il n’implique qu’une modification au niveau de la colonne de direction ou s’il agit directement sur les éléments de suspension. Dans le deuxième cas, cette modification pourrait être contraire au règlement et, donc, Mercedes pourrait être contrainte de ne pas l’utiliser en qualifications. Le département technique de la FIA, qui reste en permanence en contact avec Mercedes, comme avec toutes les écuries, sera mis sous pression dans les semaines à venir si ce système donne un avantage net aux Flèches d’Argent... et pourrait contraindre les autres écuries de pointe à le copier dans les plus brefs délais.