Hamilton y a mis les formes
Il ne devait pas y avoir beaucoup de suspense, et il n'y en a pas eu: Lewis Hamilton (Mercedes), tout près de s'imposer au Grand Prix des Etats-Unis, est champion du monde.
On a eu le temps de se préparer au débat. Lewis Hamilton, désormais seul pilote à six titres de champion du monde, et donc à une longueur du record de Michael Schumacher, est-il réellement le deuxième meilleur pilote de l’histoire - tout comme "Schumi" est-il le meilleur, Juan Manuel Fangio le troisième, et ainsi de suite ? La prédominance des mécaniques sur les fous du volant, que va justement tenter de gommer la F1 en 2021, escorte la discipline reine depuis au moins 20 ans. Michael Schumacher en a donc aussi grandement bénéficié.
Ce qu’on ne peut au moins pas enlever à Lewis Hamilton, c’est la manière avec laquelle il est allé valider cette sixième couronne à Austin. Cinquième sur la grille après un petit raté en qualifications, il lui suffisait d’un top 8 lors de cette antépénultième manche de la saison (avant le Brésil dans deux semaines, puis Abu Dhabi dans un mois). Ou que son partenaire Valtteri Bottas, parti en pole, ne gagne pas la course. Vite troisième, le Britannique a opté pour une stratégie à un arrêt contre deux pour le Finlandais. Histoire de s’amuser un peu, il a essayé de pousser ses pneus usés jusqu’à la victoire. Mais il a dû céder à quatre tours de la fin, validant néanmoins le neuvième doublé Mercedes de la saison.
"C'est mon moteur, je ne lâche jamais"
Max Verstappen, également à un arrêt, complète le podium, mais c’est surtout Ferrari qui n’a pas été en mesure d’animer les avant-postes dans le Texas. Sebastian Vettel, gêné dès le départ on ne sait trop pourquoi, a abandonné dès les premières boucles. Charles Leclerc, notamment retardé par un long arrêt, est quatrième à plus de 45 secondes de Bottas et Lewis Hamilton. Lucide, ce dernier sait que la F1 est devenue trop facile pour un pilote de sa trempe, et il a déjà fait part publiquement (et récemment) de cette position. La question rejoint la précédente, et nous a donc interrogés tout le 21e siècle: que vaudrait un Lewis Hamilton chez Renault ou même chez Red Bull ? Comme on se le demandait pour Vettel loin de Red Bull, ou Michael Schumacher ailleurs que chez Ferrari…
Les réponses ont rarement été favorables aux pilotes lorsque ceux-ci ont changé de crémerie, le meilleur contre-exemple récent remontant peut-être à Fernando Alonso à deux doigts d’être sacré champion chez Ferrari en 2010. Toujours est-il que le palmarès est gravé dans le marbre, et fait l’histoire par essence. "C’est tant d’émotion, lâche-t-il à chaud sur Canal+ Sport. A six ou sept ans, on m’a toujours dit de ne jamais lâcher. C’est ma motivation permanente, mon moteur, je ne lâche jamais. Je voulais gagner, mais je n’avais pas les pneus pour (sourire)." Il a eu la voiture et le talent, quand même, pour aller chercher autre chose de beaucoup plus grand.