GP d’Italie : Des détails qui ont fait la différence pour Gasly
Le déroulement du Grand Prix d'Italie a été un fourmillement de détails qui ont permis à Pierre Gasly, au-delà de sa performance personnelle, de permettre sa victoire à Monza.
A quoi peut tenir une première victoire en Formule 1, la première d’un Français dans la discipline depuis Monaco 1996 ? S’il se retourne sur le déroulement de ce Grand Prix d’Italie qui restera dans les mémoires, Pierre Gasly pourra apprécier le concours de circonstances qui, en fin de compte, lui ont permis de succéder à Olivier Panis pour être le 13eme pilote français à remporter un Grand Prix de Formule 1. Un enchaînement d’événements qui a démarré au 20eme tour. Alors que Lewis Hamilton était en totale maîtrise de la course, reprenant jusqu’à une seconde par tour à un solide Carlos Sainz Jr, Kevin Magnussen a connu un souci au niveau de sa motorisation qui l’a contraint à s’arrêter en bord de piste... à quelques mètres de l’entrée des stands. Si le drapeau jaune a d’abord été déployé, la voiture de sécurité a fait son entrée en piste peu après afin de faciliter l’intervention des commissaires pour pousser la Haas et la mettre en sécurité. Si certains pilotes, dont Pierre Gasly ou Charles Leclerc, ont anticipé leur arrêt, ça n’a pas été le cas de Lewis Hamilton.
Une erreur inattendue de la part de Mercedes
Comme souvent dans un tel cas de figure, les écuries se préparent à une valse d’arrêts au stand. Or, au vu du positionnement de la monoplace de Kevin Magnussen, la direction de course a préféré fermer l’entrée de la ligne des stands. Une décision qui n’a pas été comprise par les écuries Mercedes pour Lewis Hamilton et Alfa Romeo Racing pour Antonio Giovinazzi. Sans surprise, les deux pilotes ont immédiatement été mis sous enquête. Au bout de quatre minutes de fermeture, et alors que la voiture de sécurité allait quitter la piste à l’issue du 24eme tour, la voie des stands a pu être de nouveau ouverte, provoquant un passage de quasiment tout le peloton sauf notamment Lewis Hamilton, Lance Stroll et Pierre Gasly. Un trio qui a alors pris la tête de la course mais la relance n’a pas été optimale. En effet, au volant d’une Ferrari rétive en raison de son faible appui aérodynamique, Charles Leclerc a encastré sa monoplace dans le mur de pneus à l’extérieur de la Parabolique. Face aux dégâts et au temps nécessaire pour tout remettre en état, le drapeau rouge a logiquement été déployé et la course interrompue pendant de longues minutes.
Des arrêts gratuits qui ont fait grincer des dents
Comme le veut le règlement, les écuries ont l’autorisation de changer les pneus et de faire des réparations, tant que les nouvelles pièces restent strictement identiques à celles initialement installées. C’est ce qui a permis à Valtteri Bottas de repartir avec une Mercedes remise en forme mais également à Lance Stroll de faire un « arrêt gratuit ». Le Canadien a pu chausser des gommes medium neuves pour la deuxième moitié de course sans perdre ni temps, ni position en piste. Une interruption durant laquelle le couperet est tombé sur Lewis Hamilton et Antonio Giovinazzi et les commissaires ont eu la main lourde. Un « stop & go » de dix secondes, à effectuer dans les trois tours après la reprise de la course, a été ordonné contre les deux pilotes. Une pénalité qui a immédiatement mis un terme aux espoirs de victoire pour le Britannique. La direction de course a surpris beaucoup de monde en ordonnant un départ arrêté sur la grille de départ. Si Lewis Hamilton, avant de plonger dans les stands, a réussi un départ parfait, Lance Stroll a manqué son lancement et laissé facilement passer Pierre Gasly qui s’est alors emparé de la deuxième puis de la première place. Ce qui a alors joué en faveur du Français, c’est la position de Kimi Räikkönen en piste. Au volant d’une Alfa Romeo moins performante, le Finlandais a bouchonné Carlos Sainz Jr, qui a mis trois tours à se défaire de l’ancien champion du monde. Une situation qui a permis au pilote AlphaTauri de creuser un écart aux environs de cinq secondes sur l’Espagnol.
Sainz a finalement été trop court
Une différence de potentiel de performance qui a été démontrée tour après tour. En effet, petit à petit, Carlos Sainz Jr a grignoté le retard qu’il avait sur Pierre Gasly. En moyenne, l’Espagnol a eu besoin de cinq tours pour reprendre une seconde au Français. Tout proche de la fatidique fenêtre de la seconde, qui permet à un pilote suiveur d’activer son DRS et de gagner en vitesse de pointe en ligne droite, le pilote McLaren a pu tirer plus de potentiel de son moteur Renault en modifiant un des rares paramètres encore susceptibles de changer durant la course : l’utilisation de l’énergie électrique collectée par les systèmes de récupération installés dans la motorisation. Mais ce n’est que dans le dernier tour que Carlos Sainz Jr a pu activer son aileron mobile et se montrer dans les rétroviseurs de Pierre Gasly. Ce dernier n’a toutefois pas tremblé et, n’ayant pas fait la moindre erreur durant les 25 derniers tours, est allé chercher une victoire loin d’être imméritée. Mais, sans mettre de côté ni dénigrer de quelque manière que ce soit son talent au volant et les capacités de sa monoplace, le Français pourra toutefois dire un petit merci à Kevin Magnussen pour en pas avoir laissé sa monoplace en roue libre pour entrer dans les stands, à l’écurie Mercedes pour avoir fait une erreur inattendue et à Charles Leclerc pour avoir provoqué le drapeau rouge qui a remis les compteurs à zéro.