GP de Grande-Bretagne : La course en questions
Retour en questions sur le Grand Prix de Grande-Bretagne, quatrième manche du championnat du monde 2020 de Formule 1, remporté ce dimanche par Lewis Hamilton.
Trois crevaisons en fin de course, les pneus Pirelli vraiment en cause ?
PAS FORCEMENT... Pirelli a déjà connu des difficultés à Silverstone, avec un Grand Prix de Grande-Bretagne 2013 qui a vu les enveloppes italiennes céder à répétition et à grande vitesse. Mais là, le souci est sans doute différent. En effet, à cause de la deuxième intervention de la voiture de sécurité, quasiment tous les pilotes (sauf Romain Grosjean) se sont précipités dans les stands pour passer des gommes dures à l’issue du 12eme ou du 13eme tour de course avec l’objectif d’aller au bout. Mais demander 39 ou 40 tours d’un circuit aussi exigeant que celui de Silverstone à des pneus par forcément conçus pour durer aussi longtemps n’était sans doute pas une bonne idée. Avant la course, via les réseaux sociaux, Pirelli avait indiqué qu'une stratégie à un arrêt impliquait un passage par les stands aux environs du 22eme tour, pas du 13eme ! L’arrêt au stand d’Alexander Albon au 31eme tour pour remettre des gommes medium et remonter dans le peloton de la 16eme à la 8eme place est sans doute la preuve que beaucoup de pilotes ont trop demandé aux pneus Pirelli. De plus, avec plusieurs accrochages et sorties de piste durant la course, la piste a pu être jonchée de débris de carbone à certains endroits, ce qui a également pu provoquer une détérioration plus importante des pneus. Toutefois, le manufacturier italien a déjà diligenté une enquête pour comprendre ce qui a pu arriver et apporter des solutions. Le tout sachant que, le week-end prochain pour le Grand Prix du 70eme anniversaire, les gommes apportées seront un cran plus tendres que celles apportées ce week-end... Les écuries sont déjà prévenues !
Verstappen aurait-il pu économiser son dernier arrêt ?
SANS DOUTE PAS. Face aux crevaisons subies par Valtteri Bottas puis Carlos Sainz Jr et comptant sur plus de 20 secondes d’avance sur Charles Leclerc, l’écurie Red Bull Racing a joué la carte de la sécurité, faisant rentrer le Néerlandais à deux tours de l’arrivée pour lui mettre des gommes tendres et, par la même occasion, arracher le point du meilleur tour en course dans la dernière boucle. Après la course, Christian Horner a confirmé que les pneus de Max Verstappen, notamment ceux du côté droit de la RB16, étaient très dégradés avec « une rainure profonde et de nombreuses lacérations ». Pour le patron de l’écurie autrichienne concernant son pilote, « il n’y a aucune garantie qu’il soit arrivé à la fin de la course » s’il n’avait effectué ce changement de pneus de dernière minute. Un arrêt qui aurait même pu intervenir plus tôt car Christian Horner a assuré que ses équipes ont pensé à arrêter Max Verstappen à dix tours de la fin, avant de se raviser puis de réagir en urgence face à un potentiel abandon qui aurait ruiné la course de fort belle facture du Néerlandais.
La stratégie de Ferrari a-t-elle payé ?
OUI... ET NON ! Avec un moteur qui a perdu plus de 50 chevaux entre 2019 et 2020 à la suite du fameux accord secret liant la Scuderia et la FIA, Ferrari n’a pas les moyens de se battre pour la victoire. Face à une monoplace qui a un peu gagné en efficacité dans les virages lents mais beaucoup perdu en vitesse de pointe, Charles Leclerc et Sebastian Vettel ont abordé le Grand Prix de Grande-Bretagne avec un choix radical : celui de réduire au minimum l’appui aérodynamique au niveau des ailerons pour gagner en vitesse de pointe, sacrifiant un peu d’agilité dans un procédé qui pouvait également nuire à la durabilité des pneus Pirelli. Si le Monégasque, brillant quatrième en qualifications et ayant fait le choix judicieux de partir en gommes medium, a su tenir son rang et ses pneus afin de tirer le maximum des circonstances de course pour signer son deuxième podium de la saison, Sebastian Vettel a démontré toutes les difficultés de Ferrari cette saison, pas aidé par un départ en gommes tendres qui n’était pas la solution idéale pour le début de course. Déjà en difficulté lors des qualifications avec une dixième place, l’Allemand n’a jamais pesé sur la course, étant englué dans le trafic et ne devant son point de la dixième place qu’à une défense agressive sur un Valtteri Bottas revanchard après sa crevaison dans le dernier tour de course. John Elkann a déjà assuré que Ferrari n’allait pas gagner à la régulière avant 2022, le patron du groupe FIAT n’est sans doute pas loin de la vérité et seul l’opportunisme, comme lors du Grand Prix d’Autriche puis du Grand Prix de Grande-Bretagne, permettra à la Scuderia de briller.
L’écurie Haas a-t-elle eu raison de faire un pari avec Grosjean ?
OUI, MAIS ELLE A TOUT GÂCHÉ ELLE-MÊME ! « Avec la voiture qu’on a, on est obligé de faire des choix stratégiques un peu différents des autres donc si on s’arrête en même temps que les autres, on se retrouve là où on est, c’est à dire 14eme, 15eme ou 16eme. » En une phrase, déclarée à l’issue de la course au micro de Canal+, Romain Grosjean a résumé l’état d’esprit de l’écurie Haas. Avec une VF-20 poussive, handicapée par un moteur Ferrari moins puissant que la concurrence et qui n’évoluera pas en 2020 en raison des difficultés économiques qui la touche, l’écurie Haas doit se montrer créative et opportuniste. A l’image du choix de rentrer aux stands avant le départ en Hongrie, ce qui a permis à Kevin Magnussen de marquer un point, la formation américaine a tenté un coup de poker en laissant Romain Grosjean en piste alors que tout le monde est passé par la voie des stands. Un choix qui a payé, le Français se battant pour les points jusqu’à son changement de pneus. Et là, les efforts du Tricolore pendant les 35 tours ont été réduits à néant, un « coup au moral » a confirmé l’intéressé à l’issue de la course. Si, à Budapest, le coup tactique a souri à Haas, l’écurie américaine s’est tirée une balle dans le pied à Silverstone et rien n’indique qu’une telle opportunité se présentera à nouveau cette saison.
Bottas a-t-il épargné Hamilton au départ ?
OUI. Les ralentis le prouvent, Valtteri Bottas a pris un bien meilleur départ que Lewis Hamilton, arrivant à la hauteur de son coéquipier à l’approche du premier virage, une rapide courbe à droite. Mais, ne voulant pas aller jusqu’à l’accrochage qui aurait été fatal aux deux Flèches d’Argent, le Finlandais a préféré couper son effort et se ranger derrière la monoplace frappée du numéro 44. L’occasion de prendre la main et, potentiellement, de changer l’histoire du Grand Prix de Grande-Bretagne ne s’est jamais présentée de nouveau pour Valtteri Bottas qui a beau avoir mis la pression sur son coéquipier en haussant le rythme tour après tour, il n’a jamais pu se rapprocher à moins d’une seconde et demie. Les turbulences provoquées par la monoplace de Lewis Hamilton nuisant à la performance de celle du Finlandais... mais également à la durabilité des gommes Pirelli. Au final, Lewis Hamilton n’aura été inquiété que lors de ce premier virage et du dernier tour qu’il a dû conclure sur trois roues.
Comment qualifier le retour de Hulkenberg ?
FRUSTRANT ET ENCOURAGEANT. Appelé à la dernière minute pour pallier l’absence de Sergio Pérez, touché par le coronavirus, Nico Hulkenberg a pris part à tout le week-end du Grand Prix de Grande-Bretagne sauf le moment où ça compte vraiment, la course. Contacté jeudi en fin d’après-midi alors qu’il était en Allemagne pour des essais dans une autre catégorie, arrivé à Silverstone dans la nuit qu’il a passé à préparer son baquet, Nico Hulkenberg a sauté dans la RP20 quelques minutes avant la première séance d’essais libres et, malgré neuf mois loin de la Formule 1, a confirmé qu’il avait le talent pour être titulaire dans n’importe quelle écurie, se rapprochant de Lance Stroll à chaque sortie en piste avant de manquer le coche en qualifications. Un week-end qui s’est donc conclu de manière inattendue et malheureuse pour l’ancien pilote Renault avec le moteur Mercedes de sa Racing Point qui n’a jamais voulu démarrer au moment de quitter le garage pour rallier la grille de départ. Mais ce n’est peut-être que partie remise, la présence de Sergio Pérez pour le Grand Prix du 70eme anniversaire le week-end prochain étant tout sauf acquise en raison de la quarantaine imposée au Mexicain par les autorités britanniques, qui pourrait être étendue à dix jours au lieu de sept.