F1 : Les règlements modifiés pour permettre d'importantes économies
Face à la crise qui touche durement les écuries de F1, la FIA a officialisé de nombreuses modifications réglementaires visant à faire des économies tout en réduisant les écarts de performance
Pour survivre, la Formule 1 doit absolument réduire son train de vie. Alors que, dans un premier temps, la mise en place d’un plafond budgétaire et le lancement d’une nouvelle génération de monoplaces moins onéreuse étaient prévus pour 2021, la crise liée au Covid-19, provoquant le report du début de la saison 2020 de quatre mois avec autant de rentrées d’argent en moins pour les écuries, a rebattu les cartes. Afin de permettre à la discipline d’avoir un avenir, Jean Todt et la FIA ont poussé pour un « New Deal » qui, grâce à un ensemble de mesures tant techniques que sportives et financières, de permettre aux plus petites écuries de rester compétitives tout en ayant des dépenses modérées alors que les grands constructeurs se verraient contraints de réduire la voilure pour rester dans les clous. Après d’âpres négociations, le Conseil Mondial du Sport Automobile a validé ce mercredi un large ensemble de règles qui devraient nettement aider les écuries à traverser la crise.
Un plafond budgétaire revu à la baisse, les monoplaces 2020 largement gelées pour 2021
Alors que Ferrari, qui craint de devoir faire des coupes nettes dans ses effectifs, s’est longtemps battue contre une baisse du plafond budgétaire initialement établi à 175 millions de dollars (159 millions d’euros), la FIA a obtenu gain de cause. Dès 2021, la limite sera rabaissée à 145 millions de dollars (131 millions d’euros) pour une saison à 21 courses. De plus, cinq millions de dollars seront retirés en 2022 puis cinq autres millions seront retirés en 2023 pour stabiliser le plafond à 135 millions de dollars (122 millions d’euros) à compter de 2023 et au-moins jusqu’en 2025. Un plafond qui pourra toutefois être réévalué en fonction du nombre de courses au calendrier, étant réduit s’il y a moins de 21 Grands Prix ou augmenté si cette limite est franchie. Pour maximiser les économies et à la suite du report à 2022 de l’application des nouvelles règles techniques, la FIA a décidé de geler une large partie des monoplaces 2020 pour la saison 2021. Le châssis, la boîte de vitesses, les structures de choc ou encore les suspensions ne pourront pas être modifiés en substance mais, afin notamment de permettre à McLaren de réussir sa transition du moteur Renault au moteur Mercedes la saison prochaine, un système de jetons sera mis en place pour permettre un nombre très réduit de modifications. En ce qui concerne les motoristes, des limites seront également mises en place dès la saison prochaine concernant les évolutions possibles sur les groupes propulseurs, dont l’homologation a été prolongée jusqu’en 2025.
Un avantage offert aux écuries les moins performantes
Les autres changements d’importances concernent l’aérodynamique des monoplaces. Afin de limiter l’augmentation des performances des monoplaces dans ce domaine en 2021 et en raison du report de l’introduction des nouvelles roues de 18 pouces à 2022, la FIA va imposer aux écuries une simplification drastique du dessin du fond plat et de ses découpes aux environs des roues arrières. Cela permettra à Pirelli de ne pas être contraint de développer une nouvelle gamme de pneus pour une seule saison. L’autre grand changement est une première dans l’histoire de la Formule 1 : les écuries les moins performantes auront plus de libertés que celles qui dominent la hiérarchie. Le champion du monde 2020 devra, en 2021, moins recourir aux ressources que sont les calculs par ordinateur et la soufflerie pour développer son ensemble aérodynamique avec un barème qui sera durci pour la période 2022-2025. Pour la FIA et la F1, cette mesure doit permettre une réduction progressive de l’écart de performance entre les monoplaces, grand objectif de la révolution initialement prévue pour 2021 et désormais repoussée à 2022. La F1 ne veut pas s’effondrer face à la crise et, à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles.
Horner doute, Brown salue les décisions de la FIA
Si les écuries ont fini par donner leur aval à ces nouvelles règles, notamment pour ce qui touche à l’aspect financier, le doute reste présent dans l’esprit de certains. Christian Horner, directeur de l’écurie Red Bull Racing, assure craindre que les grands constructeurs jouent avec leurs bilans financiers pour contourner la règle. « La segmentation de chaque écurie est différente et malgré les restrictions, tout le monde pourra dépenser ce qu’il peut se permettre. C’est comme un ballon, si vous le serrez, l’air ira ailleurs. Il s’agit donc d’une fausse économie car il sera impossible de tout contrôler, assure le patron de l’écurie basée à Milton Keynes. Chaque entité commerciale est différente. Ferrari, par exemple, rapporte plusieurs bilans comptables pour l’ensemble de ses activités, que ce soit pour la vente de ses voitures ou pour la Formule 1. Comment vont-ils pouvoir analyser tout cela ? » Du côté de McLaren, Zak Brown n’a pas caché sa satisfaction dans un communiqué. « C'est un moment crucial pour notre sport. La F1 était devenue intenable financièrement, et l'inaction aurait mis en péril son avenir et celui de ses participants, qui doivent être félicités pour avoir résolu cette question collectivement et avec détermination, assure le patron de l’écurie de Woking. Un plafond budgétaire, associé à davantage de distribution des revenus entre les équipes, assurera une meilleure compétition que plus de monde voudra suivre en direct et à la télévision. Cela entraînera davantage de revenus pour soutenir la viabilité financière des écuries et de la F1. Au bout du compte, le public sera gagnant, et si tel est le cas, alors toute la F1 y gagnera également. » Reste que McLaren va prochainement lancer un plan de restructuration ayant pour conséquence la suppression de 1200 emplois dont 70 au sein de la structure Formule 1 alors que plusieurs constructeurs, dont Ferrari, regardent vers l’endurance et l’IndyCar pour y rediriger une partie de l’investissement dans l’activité Formule 1 qui ne sera plus possible en raison de la future réglementation financière.