Bayern Munich : Hansi Flick, simple parenthèse ?
Hansi Flick devait juste passer les plats au Bayern. Il a permis, presque du jour au lendemain, de redonner au club bavarois son lustre perdu. Patrick Guillou nous explique tout.
Non, Hansi Flick ne débarque pas de nulle part. L’homme qui a refait du Bayern une machine de guerre, de manière quasi instantanée, a été l’adjoint de Joachim Löw en équipe d’Allemagne, de 2006 à 2014 pour terminer donc sur un titre de champion du monde. Il est ensuite devenu directeur sportif de la Fédération allemande, jusqu’en 2017. Ancien joueur au Bayern (de 1985 à 1990), il a commencé en 2000 une carrière de coach à Hoffenheim, avant de devenir l’adjoint de Giovanni Trapattoni à Salzbourg. Voilà pour les états de service. A nouveau adjoint de Niko Kovac dans le projet lancé en 2018, il ne devait rester que deux matchs après sa promotion en novembre. Mais dès sa première sortie, il bat Dortmund 4-0. Alors, comment et pourquoi a-t-il tout transformé ?
« La principale différence, c’est l’aspect humain, estime Patrick Guillou. Il a fini sa carrière à 28 ans sur une grave blessure, il arrive toujours à se mettre à la place du joueur dans son ressenti. Il n’est pas directif dans le dialogue. Cette saison, après un match à domicile où Javi Martinez avait invité toute sa famille, il avait fondu en larmes, expliquant qu’il se sentait complètement inutile. Flick s’est rapproché de lui sur le banc, très paternaliste, et ce n’était pas surjoué. » Le nouvel homme fort du Bayern est aussi « un docteur ès coups de pied arrêtés » : « Löw lui avait notamment attribué cette tâche avec la Mannschaft, il les analysait tous. Et dans la tactique, il est brillant dans l’analyse de l’adversaire, très bon dans la mise en place. »
On se souvient de la sortie de Thomas Müller à propos de Niko Kovac, disant qu’il était difficile de bien faire les courses si ce n’était pas écrit sur la liste… « Flick, il vous dit quel caddie prendre, quelles courses rationaliser, il vous donne l’espace de liberté… Des choses évidentes sont réapparues, le retour au premier plan de Thomas Müller, mais aussi un Jérôme Boateng ou un Manuel Neuer beaucoup plus concernés. Il n’a pas peur non plus de lancer des jeunes comme Joshua Zirkzee, il y aussi la trouvaille Alphonso Davies en tant que latéral gauche… Le Bayern est redevenu un rouleau compresseur, alors que Niko Kovac communiquait sa peur aux joueurs. Les dirigeants veulent la manière. Contre Cologne, il y a eu 20 tirs cadrés en première période, un truc de fou ! »
Vainqueur 3-0 à Chelsea, le Bayern a presque regagné des galons de favori en Ligue des Champions d’un coup de baguette magique (après l’élimination de Liverpool et les méformes de la Juventus, du Real ou du Barça). Le bilan de Flick, en 15 matchs de Bundesliga, est de 2,46 points par rencontre (46 buts marqués, dix encaissés) contre 1,8 point en 10 matchs pour Niko Kovac (25 buts marqués, seize encaissés). Ce désormais ex-intérimaire, qui a aussi montré sa personnalité en allant s’opposer à ses propres supporters après l’arrêt du match à Hoffenheim, pour une banderole insultante envers le propriétaire du club local (voir au-dessus), ne s’imagine pas redevenir adjoint. On n’imagine pas non plus le Bayern penser à cette éventualité, et pourtant…
« Le Bayern voit toujours très loin. Là, c’est Pep Guardiola, Jürgen Klopp, Thomas Tuchel… Les matchs du mois de mars ne sont pas ceux des mois suivants. » On semble pourtant déceler en Flick une copie impeccable de Jupp Heynckes, une sorte de recette implacable à la sauce bavaroise. Notre consultant conclut : « Heynckes a appris, après avoir eu de gros problèmes dans sa façon de faire à Francfort. Il ne cesse d’adouber Flick. Mais les joueurs usés par un coach en mode adjudant-chef, ce sont les mêmes qui vous diront un ou deux ans plus tard que le nouveau est trop laxiste… » Karl-Heinz Rummenigge, en offrant un magnifique stylo à Flick pour son anniversaire, a tout de même lâché une petite blague sur le fait qu’avec un aussi bel outil, on pouvait signer de très jolis contrats.
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