Patinage artistique : Les confessions d'Annick Dumont
Dans un long entretien accordé au quotidien L'Equipe, Annick Dumont revient sur les scandales qui éclaboussent le patinage artistique français et ses deux ex-maris Gilles Beyer et Didier Gailhaguet
C’était la voix que beaucoup de monde souhaitait entendre. Ex-épouse de Gilles Beyer et de Didier Gailhaguet, Annick Dumont s’est terrée dans le silence depuis l’éclatement du scandale d’abus sexuels dans le patinage artistique français, notamment venant de l’entraîneur qui a longtemps officié au sein des Français Volants. Mais, mise en cause par un article, l’ancienne consultante de France Télévisions doit prendre la parole. « Aujourd’hui, je suis contrainte de sortir de mon devoir de réserve, eu égard à ma mise en cause dans un article », assure cette dernière au quotidien L’Equipe. En effet, l’ancienne patineuse Agnès Gosselin assure dans des propos relayés par le magazine L’Obs qu’Annick Dumont avait été avertie des sévices dont elle aurait été victime en 1982. « C’est impossible. Pourquoi aurais-je tu des faits pareils ? Je fais mes études à l’INSEP jusqu’en 1982. Je rejoins le centre de Champigny en 1982. Il y avait alors Didier Gailhaguet comme entraîneur mais en aucun cas Gilles Beyer, avec qui j’étais fâchée, assure-t-elle. C’était complètement impossible que je sois dans le même lieu que lui. C’était féroce entre nous. Il n’a jamais été l’adjoint de Gailhaguet et moi, encore moins la chorégraphe des deux. »
Dumont : « C’était la profonde haine entre nous »
Assurant que garder le silence sur des violences sexuelles n’était pas conforme à son éthique, Annick Dumont est revenue sur sa relation avec Gilles Beyer, avec un mariage à 18 ans en 1978 et un divorce qui a laissé des traces. « En dehors de l’aspect éthique, qui m’aurait déjà fait réagir à cette époque, je cherchais depuis longtemps à divorcer de Gilles Beyer, assure l’entraineure. Si, à ce moment-là, on m’avait signalé de tels agissements de sa part, j’aurais immédiatement saisi cette opportunité. C’était la haine profonde entre nous. Je ne pouvais pas passer à côté d’une telle révélation qui m’aurait en plus aidée dans ma procédure. » Annick Dumont revient ensuite sur une anecdote qui révèle le comportement de Gilles Beyer, qu’elle présente comme un alcoolique parfois violent. « Je me suis mariée avec monsieur Beyer en juin 1978. J’avais 18 ans, j’étais en terminale. Je suis restée chez mes parents pour réviser mon bac. Lui est parti en stage à Megève. Je passe mon bac et je me rends aussitôt à Megève pour le retrouver. Ce n’était pas prévu que j’arrive si tôt. Et là, je le trouve dans notre studio avec un autre entraîneur et une jeune patineuse, se remémore l’ancienne épouse de Didier Gailhaguet. S’ensuit une bagarre et des propositions qui ne correspondent pas à mon mode de vie. Puis il me jure que cela ne se reproduira plus. Quand on rentre à Paris, je décide de partir. Il me rattrape dans la rue puis me frappe. Je retourne chez mes parents et c’est fini. Je demande le divorce. » Une anecdote douloureuse qui, selon elle, justifierait toute dénonciation de violences sexuelles qui lui aurait été rapportée.
Dumont assure qu’elle ne savait pas
Mise en cause par Agnès Gosselin, Annick Dumont a réfuté en bloc les accusations concernant également les violences sexuelles que cette dernière aurait subi de la part du père de la famille qui l'accueillait. De plus, elle assure que si la victime présumée de ces violences n’est pas venue à elle pour se confier, ce n’est pas lié à sa relation avec Didier Gailhaguet, qui était naissante alors que ce dernier n’était pas aux responsabilités. Concernant les accusations de viols à l’encontre de Gilles Beyer, la réponse est à nouveau négative. « Je ne pensais pas qu’il y avait un problème de cette ampleur. Je l’ai toujours pris pour un gros dragueur lourdaud avec une grande tchatche et un énorme ego, résume-t-elle. Et c’était un pilier de bar. Tout le monde aimait bien boire avec lui. Il y a un vrai problème d’alcool dans notre sport. » S’attendant à voir son nom apparaître dans une affaire qui implique ses deux ex-maris, Annick Dumont est décidée à faire face mais confie tout de même avoir fait une erreur dans sa gestion des agissements dont elle s’est fait l’écho auprès de la FFSG. « Je suis sûre de mon comportement, de ce que j’ai fait dans ma vie. J’ai toujours dénoncé les agissements de Gilles Beyer, notamment auprès de Didier Gailhaguet tout ces dernières années. A la suite de la réunion qu’on a eue au Ministère la semaine dernière, j’ai compris que j’aurais dû en référer également au Ministère et non pas qu’à mon seul président de fédération. En cela, je culpabilise. Mais Beyer, je le hais. » Concernant le retour de Gilles Beyer au Bureau Exécutif de la FFSG et dans l’encadrement des équipes de France juniors en 2011, Annick Dumont, qui confirme avoir été petit à petit écartée par les dirigeants de la FFSG, assure ne pas comprendre la décision de Didier Gailhaguet à ce sujet tout comme son retard dans la décision de sanctionner Morgan Ciprès, accusé de harcèlement sur mineure aux Etats-Unis. Des affaires dont les ramifications ne sont toutes pas connues mais qui a déjà eu des conséquences.