Mondiaux 2019 : Le relais 4x100m casse, le relais 4x400m passe
Déjà sacrée sur 10 000 lors de ces Mondiaux de Doha, Sifan Hassan s'est également offert la médaille d'or du 1 500m, samedi en écrasant la finale (3'51”95).
Avec des éliminations en pagaille chez les femmes et la seule qualification (au temps) en parallèle de notre relais 4x400m masculin, l’équipe de France pensait avoir mangé son pain noir en ce qui concernait cette avant-dernière journée des Mondiaux de Doha. Pourtant, les Bleus, maudits depuis le début de ces Championnats du Monde (deux médailles uniquement, aucune en or) n’avaient encore rien vu. Et la finale du relais 4x100m tant attendue, avec notamment le choix de Christophe Lemaitre de ne pas courir le 200m pour aider les Tricolores à grimper sur le podium, a offert le pire des scénarios possibles : à savoir l’élimination de nos représentants dès le premier relais, entre Amaury Golitin et Jimmy Vicaut, tandis que les Etats-Unis de Justin Gatlin, du champion du monde du 100m Christian Coleman, Michael Rodgers et le champion du monde du 200m Noah Lyles filaient vers l'or (37”10, record des Etats-Unis) devant les tenants du titre britanniques (37”36, record d'Europe) et les surprenants Japonais (37”43, record d'Asie). Un relais qui n’a jamais eu lieu, Vicaut ne parvenant pas à se saisir du témoin tendu par Golitin. Un véritable cauchemar que les quatre relayeurs avaient beaucoup de mal à s’expliquer après-coup. Golitin, l’un des deux fautifs, le premier. « C’était vraiment mauvais, je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Il aurait dû être plus près de moi, ce qui aurait facilité la transmission. Quand il est parti, j’étais toujours dans le virage. Voilà ce qu’il s’est passé », murmurait le jeune sprinteur guyanais, pas fier, tandis que Jimmy Vicaut se montrait beaucoup moins loquace encore : « Je n’ai rien à dire. »
Lemaitre : « Ça fait partie du jeu »
Lemaitre, qui avait renoncé au 200m en espérant conduire les Bleus à la médaille, n’aura donc pas effectué le moindre centimètre de course. Aberrant, même si le Savoyard tentait de garder le moral, persuadé que le quatuor avait une médaille dans les jambes et le prouvera lors des Jeux de Tokyo. « Ça fait partie du jeu, le relais, c’est des prises de risques, mais il faut être capable de se passer le témoin. C’est vraiment dommage que ce relais n’ait pas pu aller au bout car il y avait une grosse puissance dans les jambes, c’est une grosse frustration » Dimanche, tous les regards des supporters français seront donc rivés vers le 4x400m, le relais tricolore finalement composé de Ludvy Vaillant, Christopher Naliali, Thomas Jordier et... Mame-Ibra Anne, invité de dernière minute après la blessure de Fabrisio Saidy pendant l'échauffement, ayant réussi malgré ce coup du sort à valider son billet, avec un chrono de 3'01”40 et la quatrième place de sa série. Il faut maintenant espérer que, contrairement aux ischio-jambiers de Saidy, le genou d'Anne, lui, tienne jusqu'à cette finale. « J'avais quelques douleurs au genou ces derniers jours, c'est passé, on va voir comment je me sens dans les prochaines heures », a avoué ensuite l'ancien champion de France de la distance et héros de cette qualification aux allures de rayon de soleil dans cette journée encore bien obscure pour le clan Bleu.
Hassan s'offre le doublé
Phénoménale Sifan Hassan ! Déjà médaillée d'or du 10 000m, lors des ces Championnats du Monde 2019 de Doha, la Néerlandaise de 26 ans (ex-Ethiopienne) a également été couronnée, ce samedi sur le 1 500m. Seule au monde en finale, la protégée du très controversé Alberto Salazar, suspendu quatre ans pour incitation au dopage, a écrasé la course en s'imposant en 3'51”95, sixième meilleure performance de tous les temps, record des Mondiaux, record d'Europe et nouveau record personnel pour la double championne du monde. Sans lièvre, Hassan a pris les commandes de cette finale aux 300 mètres et n'a plus jamais été reprise, terminant même la course en solitaire, loin devant la Kényane Faith Kipyegon (3'54”22), championne olympique et du monde en titre, et l'Ethiopienne Gudaf Tsegay (3'54”38). La médaillée d'or du 1 500m et du 10 000m, naturalisée néerlandaise en 2013, n'avait encore jamais été titrée lors de Mondiaux avant cette année.
Kovacs au bout de la folie
Joe Kovacs, lui, avait déjà eu le plaisir de monter sur le toit du Monde par le passé. Samedi, à l'issue d'un concours de poids phénoménal, l'Américain a décroché le deuxième titre mondial de son histoire. Pour cela, le Pennsylvanien déjà sacré en 2015 à Pékin a dû sortir le troisième meilleur lancer de l'histoire, avec un jet à 22,91 m réussi à sa toute dernière tentative. Avec un jet tout aussi dingue, un centimètre moins loin (22,90 m), le médaillé d'or de Rio et compatriote de Kovacs Ryan Crouser menait alors le concours en ayant lui aussi signé son meilleure jet à son ultime essai. Le tenant du titre néo-zélandais Tomas Walsh complète le podium avec un jet de 22,90 m là aussi. Malheureusement pour lui, contrairement à Crouser, Walsh a vu ses cinq autres tentatives non mesurées.
Rojas sur une autre planète
Concours incroyable au lancer du poids, mais aussi au triple saut féminin avec Yulimar Rojas (23 ans) qui a offert l'un des plus beaux sauts de l'histoire pour conserver son titre acquis en 2017 à Londres. Il s'en est même fallu de 13 centimètres que la jeune Vénézuélienne et meilleure performeuse mondiale de l'année ne fasse tomber le record du monde d'Inessa Kravets. Malgré un vent défavorable, l'immense favorite à sa propre succession est retombée à deux reprises au-delà des 15 mètres, avec une meilleure marque à 15,37 m (15,18 m à son autre tentative). La Française Rouguy Diallo, quant à elle, a mordu deux de ses essais, et dû se contenter de la 10eme place du concours, avec un saut à 14,09m. Avec la même marque que l'Américaine Tori Franklin, mais bien loin de Rojas.
Desisa triomphe sur le marathon
Dans des conditions beaucoup plus clémentes que pour les femmes le week-end dernier, avec « seulement » 31°c et 45% d’humidité, l’Ethiopien Lelisa Desisa (29 ans) a remporté le marathon en nocturne. Déjà double vainqueur du marathon de Boston, et vainqueur du marathon de New York l’an passé, le fondeur s’est imposé en 2h10"40, avec quatre secondes d’avance sur son compatriote Mosinet Geremew et onze sur le Kényan Amos Kiproto, le Britannique Callum Hawkins finissant au pied du podium. Ce groupe de quatre s’est détaché dans les derniers kilomètres, alors que le Paraguayen Derlys Ayala avait animé le début de ce marathon, en partant dès le deuxième kilomètre, pour compter jusqu’à une minute d’avance, et finalement être rattrapé à la mi-course, puis abandonner. Aucun Français ne participait à ce marathon, où 18 athlètes ont abandonné et 55 sont allés au bout.
Pour revivre cette avant-dernière journée, cliquez ici